Le prix Médicis 2007 du roman a été attribué à Jean Hatzfeld pour "La stratégie des antilopes" (publié au Seuil).
Le prix Femina 2007 a été décerné à Eric Fottorino pour "Baisers de cinéma" (éditions Gallimard).
Jean Hatzfeld et Eric Fottorino (Sipa)
RWANDA: "Rien de dangereux dans les regards"
Un livre témoignage exceptionnel, né de la décision en 2003 des autorités rwandaises de libérer après sept années de captivité 40.000 tueurs ayant participé aux massacres et de les renvoyer dans leurs villages où assassins et victimes vivent depuis côte à côte. "On s'est croisés, on a pu se saluer sans méchanceté, ça nous contentait. Je n'ai rien remarqué de dangereux dans les regards", déclare un détenu libéré. Jean Hatzfeld s'est rendu "dix, vingt fois" à Nyamata, au sud de Kigali, où environ 50.000 Tutsis ont été massacrés à la machette par les milices hutues. EN SAVOIR PLUS >>>>>>>>
Deux Américains primés par le MEDICIS
Le prix Médicis 2007 étranger a été attribué à l'unanimité à l'Américain Daniel Mendelsohn pour "Les Disparus", publié chez Flammarion. "Les Disparus" raconte la quête de Mendelsohn sur les traces de son grand-oncle Shmiel, de sa femme et de leur quatre filles, tués quelque part dans l'est de la Pologne, en 1941....
Ce livre est né de la découverte de lettres désespérées écrites en 1939 par Shmiel à son frère, installé en Amérique.
Daniel Mendelsohn, né en 1960, est parti sur les traces de ces six disparus, rencontrant des témoins épars dans une douzaine de pays.
Le prix Médicis de l'essai a été attribué à l'Américaine Joan Didion pour "L'année de la pensée magique" (Grasset), également à l'unanimité. Joan Didion, est née en 1934 à Sacramento, en Californie, et est reconnue comme une chroniqueuse et une figure intellectuelle d'importance dans son pays.
"Baisers de cinéma": Recherche de la mère
Le prix Femina 2007 a été attribué au premier tour à Eric Fottorino pour "Baisers de cinéma". Eric Fottorino, 47 ans, est directeur de la rédaction du Monde. Entré en 1986 au quotidien, il se passionne d'abord pour les pays en développement, l'Afrique ou les matières premières, auxquels il consacre plusieurs essais.
Son premier roman, "Caresse de rouge", parait en 2004 et "Korsakov", un roman sur la quête du père, obtient le Prix des libraires en 2005.
A 40 ans, Gilles, le narrateur de "Baisers de cinéma", cherche désespérément sa mère dans les cinémas du Quartier latin. Son père, chef opérateur réputé de la Nouvelle vague, lui a avoué avant de mourir qu'il serait le fils d'une actrice célèbre. "Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma", raconte-t-il. EN SAVOIR PLUS SUR ERIC FOTTORINO >>>>>>>
"Le goût de la mère" (à l'anglaise) : Edward Saint-Aubyn
Le prix Femina 2007 du roman étranger a été attribué au premier tour à l'écrivain britannique Edward Saint Aubyn pour son roman "Le goût de ma mère". Le livre de Saint-Aubyn, paru en français chez Christian Bourgois et intitulé "Mother's milk" dans sa version originale, raconte la mauvaise passe que traverse une famille comme beaucoup d'autres, et la façon dont elle fait face aux questions de la maternité, du mariage et de la fidélité. L'auteur développe particulièrement le regard sur ces difficultés familiales que porte le fils, empreint de nostalgie envers sa vie fœtale, d'où le titre.
Edward Saint Aubyn, âgé de 47 ans, avait déjà été remarqué pour une trilogie autobiographique des années Thatcher ("Peu importe", "mauvaise nouvelle", "après tout").
"L'encre du voyageur" de Gilles Lapouge
Le Femina du meilleur essai est revenu au journaliste et romancier français Gilles Lapouge, dont "L'encre du voyageur" (éditions Albin Michel) offre une réflexion sur les liens intimes entre voyage et écriture et leurs influences réciproques. A 84 ans, l'auteur, globe-trotter polyglotte, propose une promenade dans laquelle il évoque notamment ses propres voyages et séjours à l'étranger, de l'Inde au Brésil où il a longtemps vécu. Cet homme de lettres et de voyages, qui a créé "Apostrophes" avec Bernard Pivot, a notamment publié, chez Albin Michel, "Les Folies Koenigsmark" en 1989, "Le bruit de la neige" (1996), "La mission des frontières" (2002) et "Le bois des amoureux" (2006). LES PRIX LITTERAIRES 2007 >>>>> RAPPEL Prix Européen de Littérature: Bo CARPELAN
Le Prix Européen de Littérature distingue, pour l’ensemble de son œuvre, un écrivain européen de stature internationale, afin de témoigner de la dimension culturelle de l’Europe et de promouvoir une meilleure connaissance mutuelle des peuples européens à travers leurs grandes figures littéraires. Il récompense également le travail d’un traducteur grâce à qui une œuvre européenne de premier plan peut être découverte dans le domaine francophone et accéder ainsi à une plus vaste reconnaissance internationale.
- 2007 Bo Carpelan [Finlande]
- 2007 Pierre Grouix [Bourse de Traduction]
SELECTION RELATIO SUR INFO-FINLANDE
Bo Carpelan, la simplicité et la sincérité
par Pierre Grouix, traducteur de Bo Carpelan
Né en 1926 à Helsinki, Bo Carpelan est la principale voix poétique suédophone de Finlande. Son oeuvre importante comporte aussi bien des romans que des recueils de poésie auxquels il se déclare plus volontiers attaché, et dont la majorité est pour l'instant inédite en France.
Carpelan a longtemps été bibliothécaire, occupation dans laquelle son amour profond des livres a trouvé à se réaliser, mais aussi journaliste. Il a rédigé une thèse de doctorat sur un auteur difficile, le dadäiste Gunnar Björling (1887-1960), dont l'influence est clairement perceptible sur son travail (laconisme, travail des formes brèves, visée morale). Le recueil de Carpelan" Le jour cède" fait allusion à celui de Bjorling "Le jour qui se repose" (1922). Les autres influences les plus notables qu'il a subies sont celle de Keats, de Wallace Stevens et du poète français Max Jacob.
Outre "Voix de l'heure tardive" (1971, inédit en français) et "Le vent des origines" (1993), son oeuvre comporte le très impressionnant "Axel", assurément l'un des plus importants romans du demi-siècle en Finlande, où l'auteur évoque, en plus de son amour éperdu de la musique, l'amitié fraternelle qui unit à la fin du siècle dernier son grand-oncle Axel Carpelan et le maître, le recréateur de la musique finlandaise, le compositeur Jean Sibelius (1865-1957). Certains passages de ce chef-d'oeuvre donnent - au sens musical du terme- des clés pour l'écriture en vers de Carpelan, faisant du roman un art poétique paradoxal. Ainsi : " En poésie, j'aime la simplicité et la sincérité ; je déteste les phrases ostentatoires, les ornements inutiles". Cette volonté de "faire de deux mots trois plus importants", cette recherche minimaliste du moins d'effets possibles s'accompagnent chez lui d'une quête de l'honnêteté morale et de la probité, très présente dans son recueil "La Cour", évocation à la fois nostalgique et attendrie de ses jeunes années, où le poète se fait enfant de son enfance.
Sa poésie, très marquée part le modernisme suédois mais aussi par la tradition moderniste finlandaise du début du siècle, telle que la personnalise Edith Södergran, opère brillamment, donc humblement, la synthèse entre les deux cultures littéraires majoritaires en Finlande, ce qu'accomplit aussi le travail de traducteur de Carpelan, qui a traduit Paavo Haavikko du finnois en suédois.
L'ensemble de son travail a été couronné par le Prix du Conseil nordique, la plue haute distinction littéraire du Nord de l'Europe.
Parmi les ensembles poétiques importants de Carpelan, encore inédits en français, il convient de mentionner "La Source" (1973), "Dans les pièces sombres, dans les claires" (1976) et "L'Année, telle une feuille" (1985), ce dernier recueil étant le chef-d'oeuvre poétique d'un auteur qui poursuit avec ardeur son travail dans plusieurs directions. C'est ainsi qu'il a très récemment donné un livret pour l'Opera de Abo / Turku intitulé "Le chevalier et le Dragon".
Deux poèmes * Un brouillard monte des pierres, l'asphalte. Les enfants dorment, nul n'aperçoit ce dont ils rêvent * Après l'automne venait la douce, la réchauffante obscurité. La lampe sous l'abat-jour brillait tôt. Père tournait les pages d'un journal; de chez les nouveaux voisins parvenait le bruit raclant d'une radio, une voix criarde mais qu'atténuait aussi la faible, l'opiniâtre pluie. Qu'attendions-nous donc ? Je me souviens encore clairement de cette impression de quelque chose de retenu. |
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