L’essentiel, c’est de démarrer une compétition par une victoire. L’équipe de France l’a fait, et plutôt bien, si l’on considère que le match était quasiment gagné à la mi-temps avec 15 à 6 et 2 essais à zéro. Voyons maintenant ce qui a bien et moins bien marché, ce dimanche, à Edimbourgh, et ce, en se plaçant dans la perspective de la réception de l’Irlande, samedi prochain.
Les plus : Les avants, les avants, ainsi que solidarité et réactivité.
Difficile de ne pas dresser un satisfecit d’ensemble aux avants français qui ont surclassé leurs adversaires en mêlée, tout le temps, en touche, quand cela a été nécessaire, et surtout dans les points de rencontres où les bleus ont été capable de gratter beaucoup de ballons, 6 au moins en première mi-temps, ce qui a donné des bonnes opportunité d’attaque à l’exemple de la récupération en début de match qui, après un renversement d’attaque et un petit coup de pied à suivre voit Vincent Clerc terminer dans l’en-but pour ce qui aurait dû être un essai sur le coup mais qui a permis de l’être, 3 minutes plus tard avec la première réalisation de Bastareaud. Il faut surtout féliciter encore un peu plus que les autres les 2 piliers, la 2ième ligne et, encore plus que le reste de l’équipe, Imanol Harinordoquy qui, en plus de ses qualités naturelles est en train de se servir aussi de son expérience pour être capable d’être un 8 autour duquel le jeu de l’équipe peut s’agréger. William Servat a, lui, rendu une bonne copie, sobre et efficace, et je vais reparler plus loin du duo Ouedraogo- Dusautoir.
Autre point positif, la solidarité d’ensemble de toute l’équipe, même si, là encore, ce sont les avants et je pense notamment à Lionel Nallet et Imanol Harinordoquy qui ont fait la majeure partie du travail en bloquant les brèches provoquées par les Beattie, Evans, Lamont, Morisson,… Ceci a permis aux Français de ne jamais être complètement débordés et de ne pas encaisser d’essais. Au vu des nombreuses pénétration des Ecossais il est difficile de dire que la défense française a été performante, en tout cas pas la défense de ligne, mais au vu du résultat, aucun essai encaissé, cela reste positif. Le problème, c’est que ce n’était que les Ecossais…
En ce qui concerne les trois-quarts, il faut surtout souligner la bonne intelligence d’ensemble qui a permis de marquer 2 essais, avant tout grâce à la capacité de François Trin-D’huc à aller jouer là où la défense adverse était en position de faiblesse par de longues passes sautées précises et dans le bon tempo, la bonne intelligence de Yannick Jauzion et Matthieu Bastareaud à conduire l’attaque ainsi que la volonté de Vincent Clerc et la copie somme toute correcte de Clément Poitrenaud. Il faut souligner la réactivité des français sur chaque ballon récupéré, ils sont su immédiatement inverser le cours du jeu et mettre leurs adversaires en danger.
Les moins : Faiblesses physiques, manque d’opportunisme et ligne de trois-quart en chantier.
Comme je m’en inquiétais cette semaine, les rythmes infernaux du championnat ont eu des conséquences sur le rendement des joueurs tricolores. Pas assez pour les mettre en danger mais suffisamment pour les ralentir au moment de finir le travail et de mettre à mort la vachette Ecossaise. En soit ce ne serait pas grave si l’on n’était pas en début de compétition avec, en plus, un deuxième match, dans 6 jours exactement, contre des Irlandais dont les entraîneurs ont pu gérer la préparation physique de leurs joueurs exactement comme ils le souhaitaient. L’inquiétude reste, donc, de mise pour le prochain match…
Cette inquiétude est même renforcée par un autre élément notable lors de la rencontre face à l’Ecosse : la performance de notre troisième ligne. Je n’insiste pas sur Harinordoquy même s’il le mérite mais, ici, il est important de parler de l’association Dusautoir – Ouedraogo en 3ième ligne aile. Cette association était stratégiquement parfaite pour jouer une équipe d’Ecosse très dynamique et manquant de fait de puissance. Elle a permis de récupérer des ballons et de couper la dynamique adverse. Le problème, c’est que, sur ce match, les 2 troisièmes lignes ont récité la même partition. Etait-ce parce que les conditions de jeu le demandaient ou parce que ces 2 joueurs n’ont pas d’autre choix ? Il y a certainement un peu des deux, donc il n’y a pas de quoi s’inquiéter par rapport à l’analyse de ce match ( par contre Fulgence Ouedraogo doit réduire le nombre de fautes commises, qui était trop important ce dimanche ) mais il y a, par contre, des questions à se poser en vue de l’Irlande. En effet, la semaine prochaine c’est Leamy, Wallace et peut-être Ferris qui débarquent avec une puissance de jeu qui dépasse largement la seule belle performance de Beattie. Thierry Dusautoir risque de se retrouver un peu seul pour lutter à armes égales avec les 3 mastodontes. Et comme, en plus, les problèmes défensifs français se sont souvent situés autour de François Trin-D’huc, les entraîneurs français se doivent de trouver des solutions si l’on ne veut pas que les Irlandais adoptent la technique Ecossaise avec, certainement, un autre degré de réussite.
Autre sujet d’interrogation : notre paire de centres et notre charnière. Yannick Jauzion et Mathieu Bastareaud ont été bons individuellement mais ne jouent pas encore comme une équipe. C’est normal parce que c’est l’un première association mais ça l’est aussi par ce qu’ils ne sont pas complémentaires. Les 2 sont plutôt lourds et il semblerait que sur les sorties très rapides des Ecossais, le replacement défensif n’a pas été parfait. Ils ont l’obligation d’améliorer cela cette semaine car ce profile la paire O’Driscoll – D’Arcy qui, elle, a un sacré vécu commun.
Pour la charnière le problème est le même au départ, manque de complémentarité, mais avec un résultat quelque peu différent, difficulté à peser physiquement sur le match. Il n’y a rien de bien méchant à reprocher, ni à François Trin-D’Huc, ni à Morgan Parra mais leur association manque de poids pour être capable de ne pas subir les assauts adverses. Espérons samedi prochain que les avants français obligeront leurs adversaires directs à jouer à reculons et permettront de fixer la troisème ligne Irlandaise au ras, sinon gare…
Autre sujet d’inquiétude, ce dimanche, le manque d’opportunisme français qui s’est retrouvé 2 fois dans l’en-but Ecossais sans marquer, qui aurait dû tuer le match dans les dernières secondes de la 1ère mi-temps avec un 3ième essai et un autre à moins de 10 minutes de la fin. L’explication vient, à mon avis, encore une fois, d’un manque de fraîcheur physique d’ensemble qui permet aux défenseurs Ecossais de revenir alors qu’ils étaient battus.
Dernier point maintenant, la stratégie de jeu de l’équipe de France et plus particulièrement le manque de stratégie en 2ième mi-temps. Même si les Français étaient fatigués, ils pouvaient s’appuyer sur une excellente mêlée, la capacité de gratter des ballons dans les regroupements, de bons contres en touche et une bonne organisation pour porter les ballons. Il fallait donc obliger les Ecossais à jouer dans leur camp en n’ayant pas peur de sortir les ballons en touche. Il faut que, à la fois, les entraîneurs, Emile N’Tamack sur le bord du terrain, et le capitaine donnent les bonnes indications au reste de l’équipe. Ce n’était pas grave aujourd’hui mais il faudra faire mieux la semaine prochaine à ce niveau-là pour ne pas laisser les Irlandais prendre, seul, la conduite du match…