Je me suis fait plaisir en goûtant un de mes pu erh, un shu de 2002, trouvé au Langage du Thé à
Strasbourg. Une petite
galette de 100 grammes, qui fleure bon le bois fraîchement scié, peut-être du cerisier ou un autre arbre fruitier. Je pose mon nez sur le thé et me remplis de ses arômes, les choses se précisent doucement, de l'arbre fruitier on glisse vers le chêne, avec des nuances infimes de cherry et de
vanille. Ca rappelle le stock de bois d'un atelier d'ébénisterie, le bois sain et vivant.
Détail intéressant : les petites proéminences sous la galette, pour assurer une bonne circulation de l'air pendant le stockage.Pour préparer mon shu, j'ai choisi, Ô SACRILEGE, une petite théière en fonte de 33 cl. Que les puristes s'arrêtent de lire ! Si cela ne vous choque pas, vous pouvez continuer.
Il est des jours où l'on a envie de sortir des sentiers battus et des recettes rabattues pour aller se promener sur d'autres chemins et je dois dire qu'aujourd'hui l'inspiration fut bonne et l'expérience concluante. Pour aller jusqu'au bout de ma logique je ferai une dégustation comparée et simultanée avec le même thé dans deux théières différentes, celle-ci et une de mes yixing. A suivre...
J'adore cette petite théière que j'ai trouvée aux puces l'an dernier. Culottée, voire même trop chauffée par endroits, j'ai passé pas mal de temps à la nettoyer mais le résultat est carrément sympa. Jolis petits décors floraux et marque de la fonderie sous le bec.
Pour le déguster, j'ai jeté mon dévolu sur un bol coréen du 17ème siècle, fin et craquelé, au bord légèrement rêche. L'accord des trois me plaisait.
Le résultat fut à la hauteur de mes espérances. Dans ce grand bol, la thé a trouvé rapidement la temperature idéale pour être consommé. Au nez, le bois laisse rapidement la place à des notes compotée (prune cuite légèrement caramélisée) rehaussées par une touche de cannelle et de chocolat. Ces notes sont rapidement remplacées par celles de petites fruits rouges (groseille, framboise) et noirs (mûre). Ces touches acidulées sont complétées par un passage léger et éphémère de violette puis s'orientent vers la gelée des mêmes fruits. Après une dizaine de secondes, les arômes s'orientent vers un équilibre dominé par le pruneau et la groseille, qui dure encore un long moment. La tasse froide revient aux notes de bois de la galette sèche, la boucle est bouclée, le thé a ouvert sa porte et a raconté une histoire. Je crois qu'il y en aura d'autres... Ce que la fonte a pu lui donner de nervosité, de métallique, le bol l'a minéralisé, en lui conférant une musique un peu terreuse, voire granuleuse. Le shu est rond et dominé par ces belles notes de bois perçues sur la galette. Il remplit la bouche sans agressivité et la tapisse. Petite astringence sur le milieu de la langue et le haut du palais, mais ce n'est pas un défaut. Le deuxième passage conserve les mêmes caractéristiques.