La surexposition, l’enculé et la loi de 1881

Publié le 12 novembre 2007 par Frednetick

Ce n’est qu’un mot. Un mot prononcé, crié, par un pêcheur. Un mot qui résonne pourtant mal en raison de la personne à qui il est destiné. Si dans le sud de la France, le mot enculé peut revêtir un sens un peu particulier, à l’occasion même servir de ponctuation ou de respiration poétique à une phrase à “l’assent” traînant et méridional, il n’en va pas de même en Bretagne, fûtil pronocé lors d’une folklorique algarade.

Que le sens du mot ne soit pas approprié, à moins qu’il s’agisse de la raison “profonde” du départ de Cécilia, est une chose. Que l’on ose le proférer à l’encontre du président de la République, en public, me paraît asser symptomatique. La fonction n’est plus sacrée d’avoir été trop exposée…

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Se montrer partout et tout le temps à de multiplesvertues, la moindre étant d’empêcher les autres de s’exprimer, ce qui dans une stratégie politique n’est pas si mal venu.

Le revers de la médaille, c’est qu’en s’exprimant aussi souvent que le poivrot lève le coude on s’expose à personnifier ce qui ne devrait pas l’être. La fonction de président de la République, la figure tutélaire des institutions qu’elle est censée représenter s’incarne alors dans un homme. Avec pour double conséquence qu’il est d’une part difficile de voir la fonction sans l’homme et que ce qui est destiné à l’homme atteint simultanément la fonction.

Non que je sois un fétichiste institutionnel forçonné mais je crois que nos deux derniers présidents ont fait un mal considérable à la fonction de chef de l’Etat. L’un par son inaction tangible, sa peur du changement et sa tiède molassonnerie. L’autre par une activité que l’on dirait liée à l’absorption de produit défendu, pot belge version homme politique.

De l’aura et de la solennité de la fonction il ne reste rien. L’un comme l’autre ayant une conception plutôt particulière de la gestion des fonds publics nous goûteront avec délice la période qui suivra le règne de NS, quand ils participeront aux travaux du conseil constitutionnel. Après avoir organisé des tournantes avec marianne et sa copine justice, les voilà érigés en parangon de vertu, le XXIème siècle nous aura tout infligé, malgré sa jeunesse.

Alors est-il possible, souhaitable, concevable de traiter le président d’enculé? De pourri, de manipulateur, de tricheur passe encore puisqu’il s’agit là de reproches habituellement, et parfois à raison, fait à nos hommes politiques. Mais il faut bien l’avouer, prétendre en public que le fondement de notre président est régulièrement visité n’est pas confforme à la plus aimable politesse.

Se pose alors LA question. Cette insulte est-elle destiné à Nicolas Sarkozy, le citoyen français ou à Nicolas Sarkozy le président de la République?

Auquel cas cela contreviendrait de façon assez flagrante à un article de loi, deux plus précisément (les 23 et 26 de la loi du 29 juillet 1881 ). Il s’agirait d’une offense au chef de l’Etat. Diable, que voilà notre marin dans de forts mauvais draps puisqu’il se retrouve débiteur d’un amende potentielle de 45.000€. Et autant dire que cela représenterait une augmentation notoire des charges de notre travailleur de la maire.

Ceci dit, le même article 26 précise que “Les peines prévues à l’alinéa précédent sont applicables à l’offense à la personne qui exerce tout ou partie des prérogatives du Président de la République.”

Qu’il s’agisse donc de traiter le président d’enculé ou Nicolas Sarkozy le citoyen cela semble assez indifférent. La personne serait donc indissociable de la fonction, voilà bien une drôle d’idée.

Reste alors à caractériser l’infraction, ce par quoi nous aurions dû commencer. Car voilà, l’article 24 de la même loi ne prévoit rien pour ce genre de cas. Pas d’incitation à la haine, pas d’atteinte corporelle, pas d’apologie du terrorisme, des crimes de guerre.. Rien qu’une insulte basée sur la croyance que l’on insulte quelqu’un en lui renvoyant à la figure un soupçon de sodomie.

Traîter le président de sodomite “passif” ne relèverait donc d’aucune forme d’offense nominément déterminée par la loi, c’est bon de le savoir.

Il reste le respect de la vie privée protégée par l’article 9 du code civil, mais l’on devrait alors admettre que le président entretien des relations particlières avec des hommes (PPDA? Cela expliquerait leur relation télévisuelle fusionnelle) ou avec des femmes portant fièrement la culotte godmiché (Pas d’exemple connu dans les conquêtes que l’on prête au président).

Rien de certain donc, mais vous feriez bien de vérifier que les RG ne traînent pas dans le coin quand vous pousserez un hurlement à la prochaine augmentation de salaire ou déclaration poussive de celui qui incarne nos institutions.. Diantre, que j’ai du mal à écrire cette phrase..

Insulter le président c’est une nouveauté, ou en tout cas une vérité médiatiquement dévoilée. Pas sûr que la fonction y gagne en prestige, l’homme “médiatique” en tout cas mérite assurément un certain nombre de noms d’oiseaux, qu’il serait bien téméraire d’ici transcrire mais le coeur y est.

Cacher cette brillante littérature