Dans mes petits souliers, au jour de Noël, j'ai trouvé un livre de la Pléiade contenant les Œuvres d'Oscar Wilde, dont je viens de terminer la lecture. Si je lis dans les transports en commun des livres de poche ou des éditons brochées quelconques, je réserve la lecture des beaux ouvrages à mes soirées dans mon intérieur douillet. Les éditions de la Pléiade entrent dans cette catégorie de livres qu'on dévore du regard malgré leur sobriété apparente, goûte au toucher quand on tourne avec précaution les pages en papier bible. Une lecture à tête reposée, dans un cadre confortable, pour un livre pesant contenant souvent toute l'œuvre d'un écrivain. Une édition qui impose le respect.
Oscar Wilde écrivain Irlandais est né à Dublin en 1854. Dans son œuvre il distingue l'esthétisme de la morale « les livres sont bien ou mal écrits, il n'y a pas de livre moral ou immoral », s'opposant à l'école naturaliste représentée par Emile Zola. Sa personnalité (homosexuel) comme son œuvre lui attireront les foudres de la justice et c'est dans la misère qu'il décède à Paris en 1900. Enterré à Bagneux, enterrement de 6ème classe, son convoi est suivi par quelques artistes anglais ainsi que par Paul Fort et Pierre Louÿs.
Dans cette édition on retrouve tout l'univers de Wilde, fait de bon et de moins bon, dans les différents domaines littéraires qu'il a abordé. Ses principaux textes, Le crime de Lord Arthur Saville (conte), L'éventail de Lady Windermere -1892- et De l'importance d'être constant - 1895- (théâtre), Le portrait de Dorian Gray - 1891- (roman) et Ballade de la geôle de Reading -1898- (poésie).
Je ne suis pas un inconditionnel de Wilde et la poésie en général n'est pas ma tasse de thé, mais Dorian Gray est un classique que j'ai relu avec plaisir. Pacte Faustien où le portrait de Dorian Gray se dégrade à mesure que le temps passe et que Gray commet des actions de plus en plus condamnables ; l'homme reste éternellement jeune mais son portrait le vieillit et l'enlaidit chaque jour d'avantage.
Dans De Profundis, une longue lettre adressée à son ex-amant depuis sa prison de Reading, Wilde nous révèle toutes les souffrances et humiliations subies en raison de l'attitude de celui-ci qui n'en avait en fait qu'à son argent. Une confession intime et touchante d'un homme beaucoup plus intelligent que son aimé, sachant pertinemment où il se noie mais n'écoutant pas sa raison par amour. Très beau.
Le théâtre, daté dans l'écriture et les situations, regorge de ces traits d'esprit qui ont fait la renommée de l'écrivain même si certains aujourd'hui feraient hurler les ligues féministes entre autres. Nous ne sommes pas loin de Sacha Guitry pour vous donner une idée du genre. Je me suis délecté à la lecture de ces pièces.
Quelques citations tirées de son oeuvre :
- - Les questions ne sont jamais indiscrètes. Les réponses le sont parfois.
- - Chaque fois que l'on produit un effet on se fait un ennemi. Pour être populaire, soyez médiocre.
- - Quand une femme se remarie, c'est qu'elle détestait son premier mari. Quand un homme se remarie, c'est qu'il adorait sa première femme. Les femmes courent leur chance; les hommes risquent la leur.
- - Il faut absorber la couleur de la vie, mais ne jamais en retenir les détails. Les détails sont toujours vulgaires.
- - Les hommes se marient parce qu'ils sont las, les femmes parce qu'elles sont curieuses; la déception les attend tous.
- - Aujourd'hui les gens savent le prix de tout, et ne connaissent la valeur de rien.