De prime abord, ça ressemblerait assez à un cadeau pourri. Une tuile. Un pas de chance diraient quelques uns, pendant que d'autres adopteraient la position dite de l'autruche, en quête de refuges qui épargneraient l'égo. L'orgueil de soi. Saloperie de machin, penseraient-ils, histoire d'éloigner d'eux ce bien pourtant précieux qu'est la responsabilité. A bien regarder les poutres alentours, ça pourrait effectivement être la faute à tant de choses. Ce serait bien pratique. Mais pratiquement très con.
Une dizaine d'heures se sont donc écoulées depuis l'incident. J'ai choisi assez vite de ne pas écouter la colère. Du tout. Je la pense mauvaise conseillère lorsqu'elle est une émotion du moment.
Je les ai laissées faire, ces heures, un peu comme un massage des tempes. J'ai opté pour le jour au détriment de la nuit.Au réveil, mon sommeil agité m'a même fait sourire. Rêves curieux !Nos enfants nous font. On ne ressemble peut-être pas à ce qu'ils imaginent mais ce qu'on devient on le leur doit aussi. C'est ainsi lorsque l'enfant paraît. Puis à chaque étape de sa croissance. Il ne nous faut pas subir cela. Mais l'accompagner. On n'a pas toujours la présence d'esprit de le précéder, de toutes façons. C'est bien connu : on prend conscience des trains à l'heure lorsque les trains ont du retard.
Nos enfants nous font pour peu que nous ne soyons pas passifs avec cette idée. Pour peu que le rebond permette l'évolution. Pour peu que cette idée ne soit pas contrainte, mais au contraire action. Nos enfants nous aident si nous acceptons de voir, d'entendre, d'échanger et surtout, surtout, de changer. Au temps vide succède le temps de l'échange. Doit lui succéder le temps du changement. Avec des actes posés en face.
Nos enfants nous poussent serait d'ailleurs une expression plus conforme. Plus juste. Ils nous demandent. Et maintenant ? Maintenant, je ne sais pas, nous lui disons dans un premier temps. Maintenant je réfléchis. Maintenant nous allons décider. Ensemble, c'est tout !
Ce dimanche, du cadeau pourri, un brin flippant, je suis peu à peu passé à cette sensation une fois de plus d'un cadeau de la vie. Merci la vie.
La nuance est de taille. Elle est rivière.
Mon fils a fait une bêtise. Soit. Cette bêtise (pas méchante) n'est pas arrivée par hasard. Elle porte sa part de message. Les mots manquent, alors les actes parlent. Il faut bien se connaître et beaucoup s'aimer pour entrer dans ce langage.
Nous avons eu mon fils et moi une bonne conversation, ce matin. madame et moi ensuite. Tous, nous avons essayé de comprendre. PLutôt que de juger hâtivement. Le ton était calme. L'heure empreinte de gravité, ce qui était une façon de lui montrer que ce n'était pas si grave et qu'à la fois, c'était important.
Gars de douze ans vient d'avoir douze ans. Il a douze ans.
Vendredi et samedi, cadeaux et sucreries saluaient l'anniversaire. Il y avait bougies. Parfum d'enfance. Dimanche, on est dans la réalité. La vraie vie.Merci, mon fils. Continue.
Non à faire des conneries. Mais à dire comme tu peux. A oser quand même, et partant de là, à apprendre. A affronter, à assumer, à expérimenter. C'est ainsi que l'on franchit les cols. Note aussi en passant que tes parents sont là. Espère que des choses changent. Comprend que les cris ne sont pas des réponses. Que l'échange permet d'avancer. D'évoluer.
Mon fils a 12 ans.
Ce dimanche, je continue de comprendre ce que ça signifie.
Ce ne sont pas que des mots et un chiffre.