Le metteur en scène, Yves Beaunesne a privilégié une mise en scène sobre, presque austère pour traduire ce climat d’inquiétude. Sur le fond de larges tentures qui occupent l’arrière-scène, le spectateur oublie la fête florentine. Dans la version injouable imaginée par Musset (« un spectacle dans un fauteuil » qui durerait cinq heures) il privilégiait la fameuse « couleur locale » préconisée par Hugo. Masques, ambiance italienne, marchés aux fleurs, sérénades...
Rien de tout cela ce soir à la Coursive ! A voir les personnages déambuler dans une lumière souvent sinistre, on se croirait davantage dans un univers à la Orwell où toute parole est suspecte. Des marionnettes à taille humaine remplacent les nombreux personnages et rigidifient davantage le spectacle de la rue. Musset écrit sur la Florence du XVI° siècle, sur la France de la monarchie constitutionnelle mais aussi et plus largement sur tous les régimes totalitaires qui étreignent encore l’homme du XXI° Siècle.
Et quand le rideau tombe, au moment où Lorenzo
sacrifie sa vie après avoir tué le tyran, rien n’a changé. Un nouveau despote prend la place du précédent... Les immenses tentures de l’arrière-scène
se mettent à s’animer. Le successeur s’est pris les mains dans les cordes. Malgré sa jeunesse et son « innocence », il a déjà les pieds et les
mains liés. Une musique obsédante fracasse l’espace de la scène. Les jeux sont faits : la tyrannie a encore de beaux jours devant elle !