Des ennemis menacent la stabilité de l'Améqiue Latine

Publié le 06 février 2010 par Uscan

C'est ce que conclut un rapport mené conjointement par le CIA et le FBI. Qui sont donc ces ennemis ? Un article écrit par Oscar Fortin.

DES ENNEMIS MENACENT LA STABILITÉ DE L’AMÉRIQUE LATINE QUI SONT-ILS?

Le président Evo Morales dénonce, un rapport unilatéral des États-Unis, rédigé par la CIA et le FBI, qui considère le regroupement des pays tels la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua, Cuba et le Venezuela comme une menace pour la stabilité de l’Amérique Latine. Qu’ont-ils donc en commun ces pays et en quoi peuvent-ils être une menace pour les États-Unis?

CE QU’ILS SONT

Tous ces pays affirment leur indépendance comme peuples et nations et exigent, dans leurs relations avec les autres États, le respect mutuel. Ils sont d’autant plus jaloux de cette indépendance qu’ils ont été, tout au long de leur histoire, des arrières cours d’oligarchies et de puissances qui en disposaient comme bon leur semblait. Ce n’est pas pour rien qu’ils remettent à l’avant scène les grands noms de ceux qui ont conquis leur première indépendance et qui ont mené la lutte pour cette seconde indépendance.

Tous ces pays placent au premier rang de leurs priorités la justice sociale qui doit répondre aux besoins essentiels et fondamentaux des peuples dont ils sont les représentants. Ils investissent dans la santé, l’éducation, l’alimentation et le logement. Tous ces secteurs avaient été ignorés pour une grande majorité de la population. Ces interventions ont pour effet de favoriser une plus grande participation de cette dernière à la vie sociale, politique et économique du pays.

Tous ces pays se font un devoir de reprendre le contrôle de leurs richesses naturelles pour les mettre au profit de leur développement économique, politique, sociale et culturel. Ils le font en révisant l’ensemble des ententes qui donnaient « carte blanche » à des multinationales et autres entreprises pour disposer à volonté de ces richesses à des coûts dérisoires sous les yeux d’une population analphabète, sans attention médicale, sous-alimentée et vivant dans des bidonvilles. Les images qui nous parviennent d’Haïti, au-delà de celles du séisme, nous montrent ce que pouvaient être, il n’y a pas encore si longtemps, la situation de la grande majorité des populations de ces pays. La tâche est loin d’être terminée, mais c’est à celle-ci que travaillent ces gouvernements « qui menacent la stabilité de l’Amérique Latine. »

Tous ces pays s’ouvrent de plus en plus au monde, cherchant à diversifier leurs relations politiques, économiques, sociales et culturelles. Ils ne veulent plus être soumis au chantage d’une seule source d’approvisionnement et d’influence pour l’ensemble des secteurs. En somme, ils ne font que suivre la politique que la grande majorité des pays de la planète développe de plus en plus : diversifier leurs relations à tous les niveaux. Rien de plus normal.

Tous ces pays favorisent les voies pacifiques, non violentes et démocratiques pour réaliser les changements. Quatre de ces cinq pays ont des gouvernements élus démocratiquement selon les règles des démocraties occidentales. Cuba dispose d’un système électoral distinct de celui des autres pays, mais qui assure, tout autant que les autres, un système de droit. Les Présidents ont tous un appui très fort de la part de leur population respective

LES CRAINTES ÉTASUNIENNES

N’est-il pas curieux que le pays dont l’héroïque histoire d’indépendance inspirant autant de respect et d’admiration du monde trouve à redire sur des orientations qui valorisent, pour l’essentiel, les grandes valeurs qu’il a fait siennes tout au long de sa propre histoire? Comment l’affirmation de l’indépendance, la recherche d’une plus grande justice sociale, le contrôle de ses richesses naturelles, l’ouverture au monde et l’approche pacifique des changements peuvent-ils devenir une menace pour tout un Continent?

La seule réponse plausible est que ce qui fut bon pour eux, ne peut pas l’être pour les autres. Une indépendance qui ne leur soit pas soumise est à oublier. Une justice sociale qui menace les privilèges des oligarchies devient une atteinte à la liberté. Une reprise en main de leurs richesses naturelles devient une usurpation de pouvoir. L’ouverture au monde et la diversification des relations avec d’autres pays deviennent suspectent et anti-étasuniens, la démocratie et la non-violence au service du développement est autoritarisme, dictature et populisme.

À y regarder de près, ce n’est pas tellement la stabilité de l’Amérique Latine qui est en cause, sinon la stabilité de leur main mise sur l’Amérique Latine. L’arrière cour leur échappe, non pas au profit d’une autre puissance, mais au profit des peuples qui forment ce Continent. De cela, ils ne veulent rien savoir et il leur importe peu de s’allier avec les plus grands « requins » qui se remplissent les poches avec l’argent des contribuables, qui vendent leur âme pour un pot de vin. Avec un budget de plus de 72 milliards $ pour la seule CIA, ils peuvent acheter, corrompre, manipuler, tuer. Ils sauront faire parler des cardinaux, à l’occasion même le Pape, pour donner de la crédibilité à leurs bonnes intentions. Ils sauront aussi payer des paramilitaires pour poser des gestes terroristes de nature à déstabiliser ces gouvernements. Les bases militaires et la quatrième flotte leur permettra de veiller au grain.

DE QUI SOMMES-NOUS SOLIDAIRES?

Je pense que toute personne de bonne foi, soucieuse de faire réalité les valeurs qu’elle porte, se doit de prendre position devant cette situation qui va à l’encontre des droits fondamentaux des peuples et des personnes. Nous ne pouvons pleurer sur la misère du monde tout en appuyant les puissances qui résistent avec force à ceux et celles qui prennent les moyens pacifiques et démocratiques pour s’en sortir. En 1970, Richard Nixon, expliquait pourquoi il ne fallait pas qu’Allende réussisse. « La principale préoccupation avec le Chili c’est qu’Allende consolide son gouvernement et projette ainsi au monde l’image de son succès (NDA : qu’il est possible par la démocratie de changer les choses). Si nous permettons que d’autres leaders pensent qu’ils peuvent faire de même, alors là, nous aurons de sérieux problèmes. » Nous connaissons la suite : COUP D’ÉTAT MILITAIRE, LE 11 SEPTEMBRE 1973. Évidemment pour sauver la démocratie et la liberté. Coup d’État au Honduras, le 28 juin 2009, également pour sauver la démocratie. L’occupation et la prise de contrôle d’Haïti ne semblent pas leur faire problème. C'est une action exclusivement humanitaire.

Oscar Fortin
Québec, le 6 février 2010
Article original