Nous sommes en effet trop occupés pour travailler trop. Entre les dizaines de Kassoumaye (Comment ça va?), de «comment tu t'appelles» et des discussions curieuses et bienveillantes que nous avons avec presque chaque villageois que nous croisons, le simple fait de traversez le village suppose de ne pas s'être fixé un programme trop ambitieux. Les villages ne comptent guère plus
Nous sommes seuls à chaque mouillage depuis une semaine et nous calons notre quotidien sur celui des villageois, tous cousins, frères de ceux que nous avons rencontrés la veille. « La famille elastique ». Pêche le matin et sinon récolte des huitres qui abondent partout, que l'on recueille à marée basse en coupant les branches de palétuviers sur lesquelles elles sont accrochées. Ne reste plus ensuite qu'à les jeter dans le feu du soir, autour duquel les jeunes se rassembleent quotidiennement pour boire le bunuk (vin
L'électricité vient à peine d'arriver dans les villages et encore via du 12v produit par quelques panneaux solaires délivrés par le gouvernement. Seuls les portables qu'ils ne parviennent pas à recharger sauf en passant à tour de rôle sur le bateau afin de profiter du convertisseur 220, trahissent la modernité. Plongée profonde dans la vie la plus simple et la plus épurée. Elle est d'autant plus touchante ici que tous les villageois sont alphabétisés, au fait de ce qui se passe dans le monde via RFI ou Convergence FM, se rendent régulièrement à Zinguinchor et Dakar. Aucun d'entre eux n'est pourtant attiré par les mirages urbains et technologiques. Chacun fait en sorte de rester ici, conscient de son privilège et vit son éloignement professionnel temporaire comme un exil.
Olga qui regrettait un peu de ne pas partir plus tôt au Brésil s'est prise au charme aussi et comprend désormais mon peu d'empressement pour traverser immédiatement. Pourquoi se presser quand on est bien là?
Ce soir, petite incursion dans la civilisation, au Cap Skiring, dont le seul intérêt est d'avoir un cyber et "d'ambiancer" le samedi soir...