La chronique d'une famille indienne d'origine bengali dans les années
80.
Chhobi a vingt-cinq ans a étudié dans une école catholique et se consacre essentiellement à ses études et à son avenir professionnel, tandis que sa jeune soeur, Sonali, dix-huit ans, est intéressée
par les garçons et surtout par le beau et riche Sonny. Tout oppose les deux soeurs : Sonali est jolie et frivole, Chhobi est plutôt terne et austère. Leur mère (Ma) a perdu son mari pendant la
guerre et travaille dur pour entretenir toute la famille. La grand-mère (Dida), le personnage le plus sympathique du roman, est une fervente admiratrice d'Indira Gandhi et vénère la dieu
Krishna. Le grand-père (Dadu) est un rêveur enfermé dans la nostalgie de sa vie
passée dans son pays natal, le Bangladesh actuel. Une famille haute en couleur,
partagée entre le respect des traditions et un désir de modernité.
Ce roman est un tantinet longuet. Vers la deux-centième page, se noue un peu tardivement une intrigue plus ou moins policière avec la disparition mystérieuse du mari de Sonali. C'est tout de
même un livre au style assez savoureux qui fait entrer son lecteur en plein coeur de l'Inde, ses sons, ses couleurs, ses odeurs, ses saveurs et l'espace de quelques centaines de pages, nous révèle des pans de son histoire, celle de la Partition des Indes, de la naissance du Bangladesh en 1971
et de la mort d'Indira Gandhi en 1984. Les femmes y ont un rôle prépondérant, elle prennent leur destin en main et trouvent les solutions face à des hommes, rêveurs, faibles, voire absents."
extrait : "Sonali et Chandrayee. Chhobi était née par une nuit de pleine lune qui lui avait valu ce nom extravagant. [...] Peu de rayons de lune et encore moins de
vif-argent chez elle, sinon son impression fréquente d'être le reflet liquide de Sonali la mordorée - l'ambre de sa peau rehaussé par ses grands yeux sombres aux longs cils semés de paillette d'or.
Maintenant c'est sur Chhobi que Dida concentrait son ambition. Difficile de jouer les doublures d'argent pour un nuage entièrement cousu par Sonali. [...] Si seulement elle pouvait par quelque
magie alchimique transformer le plomb de Chhobi en or. On ne peut pas dire que Chhobi était laide, ni même "popote", cette exigence fréquemment exprimée dans les petites annonces
matrimoniales du Times of India par des épouseurs en quête de fée
du foyer diligente. Non, elle avait une jolie silhouette et de grands yeux intelligents, mais elle avait tendance a cacher ses formes sous les des kurtas de tissage et de coupe artisanaux, et à
force de lectures tardives sous un éclairage médiocre ,ses yeux avait pris un regard myope un peu fatigué. Comme s'en plaignait Dida, elle faisait de son mieux pour ne pas paraître à son
mieux. Le premier problème, c'est qu'en voyant Sonali, sa beauté vraiment exceptionnelle, les gens plaçaient trop haut leur attente."
Après la mousson, Selina Sen, Sabine Wespiesser, 477 pages
lu aussi par Lounima, Naina94