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L'usager des transports en commun lyonnais

Publié le 06 février 2010 par Porky

Définitions :

« Transport en commun » : déplacement d'un lieu à un autre de corps compressibles à volonté au moyen de machines sophistiquées mais qui tombent régulièrement en panne (et surtout quand vous avez un train à prendre) nommées « métro », « bus » « tramway » « trolleybus ».

NB : Ne pas confondre le sens premier de cette expression « transports en commun » avec son sens plus imagé et disons plus métaphorique : « orgie ». Jusqu'à preuve du contraire, la définition de base ne contient pas la moindre connotation de plaisir.

Usager : Corps sans cervelle qui est déplacé d'un point A à un point B par les transports en commun susnommés.

Synonymes :

« Transports en commun » = bétaillère.

« Usager » = Fléau, grippe A, peste noire, choléra, cyclone, catastrophe ambulante...

Article :

Depuis quelques mois, par obligation, je prends très régulièrement les transports en commun lyonnais. Il m'est donc possible d'observer tout à loisir le comportement de mes concitoyens.

Eh ben, c'est pas triste.

J'ignore comment se comportent les lillois, marseillais, bordelais, toulousains dans leurs bus ou métros, mais la gent lyonnaise a quand même de très fortes chances de détenir le pompon dans le genre « j'ai laissé ma cervelle sur la table avant de partir, à moins que je sois né sans ». Mais vu la propension innée à la moutonnerie chez l'être humain, j'imagine que cela doit être à peu près pareil, à quelques variantes près. Quoique, avec l'accent marseillais ou toulousain, les choses sont peut-être plus amusantes...

Oh pardon, mille excuses, je viens d'écrire une énorme sottise, et pire, de commettre une injustice impardonnable. S'il y a une population qui n'a pas ce comportement de débile mental, c'est, d'après une bouche vénérable et vénérée (celle de ma sœur), la population parisienne. Oui, les gens là-bas savent réfléchir et sont civilisés (toujours dixit la même). Bon, je veux bien : que les ploucs mal élevés et cons soient plus nombreux en province qu'à Paris, cela me semble assez évident statistiquement parlant vu que sur 60 millions d'habitants que compte notre pays, il y en 50 qui vivent en province. Cela dit mes rares intrusions dans le métro parisien ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable sur la bonne éducation des gens de la capitale. Mais passons, le problème n'est pas là.

Intéressons-nous donc à ce que nous connaissons vraiment, à savoir l'usager lyonnais. Nous l'avons défini plus haut comme un fléau ; soyons plus précis : ce n'est pas lui en tant que personne (encore que...) mais plutôt son comportement qui laisse fortement à désirer. Nous prendrons, pour appuyer notre thèse, quelques exemples choisis au hasard... (Ben voyons !)

Fléau numéro un : l'impossibilité pour les lyonnais d'attendre qu'une rame de tramway ou de métro se vide pour monter dedans. Imaginons une station de tram bondée ; arrive la sublime machine, bondée elle aussi. Que demanderait le simple bon sens ? Qu'on s'écarte des portes et qu'on laisse descendre les voyageurs. Raisonnement stupide et beaucoup trop sain pour un certain nombre de personnes qui se précipitent sur la porte, s'engouffrent comme elles le peuvent dans la masse qui veut sortir et créent un bouchon innommable en voulant poinçonner leur ticket ou valider leur abonnement à la borne prévu pour cet usage.

Et je ne vous dis pas ce que ça donne les jours de fête style « fête de la lumière » où le délire atteint son paroxysme : une rame arrive bourrée jusqu'au plafond de voyageurs au bord de l'évanouissement ; une autre rame est attendue une minute après. Et tout le monde se précipite dans la première, les portes peinent à se refermer, ça crie dans tous les sens parce que ça ne peut plus bouger. Départ de la rame, arrivée immédiate de la seconde : quasiment vide, un seul voyageur monte : votre serviteur. (Absolument véridique, testé pour vous le soir du 8 décembre, station Part-Dieu.) Serais-je le seul à avoir conservé la faculté de réfléchir ??????

Ce sport bien connu ici sous le nom de « t'as pas à descendre quand je veux monter » est tellement pratiqué que la direction des TCL (Transports en commun lyonnais) a décidé de poster des agents de sécurité aux grandes stations de correspondance lors des « grands événements » qui se tiennent dans la ville, et plus prosaïquement aux heures de pointe. Ils sont chargés de veiller à ce que les usagers ne transforment pas une banale arrivée de rame de métro ou de tram en pagaille insensée. C'est tout dire...

Fléau numéro 2 : Aïe, là, je vais me faire des ennemies (notez le féminin pluriel)... Les lectrices qui ont peut-être bien rigolé précédemment risquent de trouver la suite moins amusante. Tant pis, j'assume. Ce fléau a pour nom : POUSSETTE.

Ne commençons pas à chipoter sur la taille et les dimensions de la chose, prenons la poussette lambda, celle qui ne relève ni du char d'assaut, ni de la litière pour rois fainéants.

Et reprenons notre exemple de la rame de métro bondée : au lieu de sortir le môme de sa poussette, de l'obliger à se tenir un peu sur ses deux jambes, de plier ladite poussette afin de tenir moins de place, la Mère s'engouffre dans le wagon toutes voiles dehors et se gare où elle peut. Mettez-en trois comme ça et vous n'avez plus de place pour les malheureux qui ont oublié d'acheter des lardons. D'accord, mais quand vous avez un bébé qui ne sait pas encore marcher, comment faites-vous, espèce de macho misogyne, bourreau d'enfants qui plus est ? Je vais être atroce, mais tant pis : vous évitez de prendre les transports en commun aux heures de pointe, voilà tout. Vous faites vos courses dans les moments creux de la journée, surtout (et c'est généralement le cas) si vous ne bossez pas. Car les femmes qui travaillent ne se tapent pas le métro ou le tramway avec leur gamin en revenant du boulot. Ce n'est quand même pas bien compliqué à comprendre, surtout si vous cessez de vous considérer comme le nombril du monde et que vous admettez une bonne fois pour toutes qu'avoir fait un gamin ne relève ni de l'exploit, ni du passeport pour le n'importe quoi.

A la poussette-fléau, il faut ajouter l'instrument dont je me servais quand j'étais enfant mais qu'à l'âge de dix ans, j'ai abandonné, me jugeant un peu ridicule juché dessus : LA TROTTINETTE. Apparemment, cela fait fureur chez les adultes nostalgiques ou frénétiquement décidés à ressembler à leurs enfants. En général, ce genre d'engin se plie. Mais ce serait vraiment trop facile de la plier ; et puis, dites, que faites-vous des efforts qu'il faudrait accomplir pour la déplier en sortant de la station ? Alors on monte avec son truc, on en profite pour en donner quelques coups dans les tibias ou les chevilles environnantes, et on croit avoir atteint le summum de la civilité en disant avec le sourire « oh, excusez-moi pour ma connerie maladresse» tant il est répandu depuis quelques années que tout le monde étant beau et gentil, on pardonnera sur le champ cette « maladresse » qui vous aura valu un bleu carabiné qui mettra quinze jours à s'estomper. Non, poufian / poufiasse, je n'excuse pas ta maladresse connerie, t'as vu comment je te regarde ? Je ne suis ni beau ni gentil et j'ai simplement envie de te mordre et de démolir ta trottinette. Tu permets que j'assouvisse mon instinct cannibale ?

Fléau numéro 3 : Je vais encore faire monter la pression d'un cran : les parents nantis d'un gamin qui sait se servir de ses deux jambes. Le comportement part d'un bon sentiment : quand il y a du monde, le môme risque de se faire écrabouiller, ou de trébucher quand la machine freine et s'arrête et de se casser la figure parce qu'il ne sait pas toujours bien se tenir. On cherche donc une place assise.

Mais là où nos grands-parents, nos parents auraient adopté une attitude sensée, à savoir s'asseoir et nous prendre sur leurs genoux, le géniteur / la génitrice vingt-et-unième siècle fait asseoir l'enfant et reste debout près de lui, le tient fermement... et bouche tout le passage. Pour peu que le paquet animé soit accompagné de paquets inanimés, c'est carrément la barricade qu'il faut franchir comme vous le pouvez, en restant poli, bien sûr ; d'autant plus qu'on vous a adressé un sourire de connivence censé prouver que, évidemment, vous comprenez la situation... Non, vous ne la comprenez pas et vous n'avez aucune envie de la comprendre. Vous vous retenez simplement de faire remarquer cette admirable absence de bon sens parce que vous n'avez pas envie d'être lynchée par la populace outrée. C'est de la lâcheté ? Pas du tout : c'est l'instinct de survie qui parle.

Fléau numéro 4 : Sortons de cet enfer des métros et trams bondés pour entrer dans une rame qui, pour une fois, ne l'est pas. Il n'y a pas de poussette, pas de trottinette, pas de gamin à tenir, bref, c'est le paradis. Et en plus, il y a plein de places assises. Vous vous installez commodément, vos regardez avec satisfaction autour de vous, et vous vous retenez tout à coup de pousser un hurlement d'effroi : vous n'êtes pas dans un wagon de métro, mais dans un train-fantôme. Vous n'êtes pas entourés d'êtres humains, mais de zombies ou d'automates reproduits à un nombre effarants d'exemplaires. C'est un cauchemar, c'est certain.

Mais qui sont ces bipèdes bardés de fils électriques qui sortent de leurs oreilles et vont se perdre dans les profondeurs de ce qui semble être leur corps ? Et pourquoi ont-ils tous le même regard aussi expressif qu'une vache en train de ruminer ? Et pourquoi d'ailleurs, ont-ils quasiment tous ce même mouvement de la mâchoire qui consiste à mastiquer, mastiquer, mastiquer ?... Et pourquoi lisent-ils tous le même « gratuit », penchés sur leur journal ouvert à la même page ?

Il est sept heures du matin, ce n'est pas encore l'heure de pointe, et vous êtes réveillé depuis un bon moment. Donc, ce n'est pas un cauchemar ; c'est la réalité...

Tout ceci est exagéré ? Oh non. C'est simplement le fruit d'une observation attentive et qui n'arrive plus à être bienveillante. Et quand on voit ce néant dans les petits gestes de la vie quotidienne, on en vient à prendre peur quand on envisage ce que ça peut donner dans le domaine plus vaste de la pensée, qu'elle soit politique ou autre...

Comme dirait Shakespeare : « How many goodly creatures ares there here ! How beauteous mankind is ! O brave new world !"... 


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