On entend peu parler d’environnement ou de réchauffement climatique depuis la désastreuse conférence de Copenhague. Il semble que nous soyons restés sur notre appétit et que nous voulions vite oublier les raisons qui avaient motivé la tenue de cette conférence qui devait être cruciale pour l’humanité.
Depuis, ce sont les arguments de ceux qui croient que le réchauffement climatique n’est pas de main d’homme qui se font entendre. Au Canada, les Conservateurs cherchent à nous faire croire que Copenhague leur a donné raison et que le problème du réchauffement climatique n’est finalement qu’une « invention socialiste », comme disait jadis le réformiste Stephen Harper devenu PM.
Aux USA, ce sont certains représentants et sénateurs républicains du Congrès américain qui répètent hautement et avec défiance la même théorie. Ils sont appuyés par les criards des « Tea party » qui ne cessent de hurler les conneries les plus idiotes que j’ai entendues depuis longtemps en politique américaine. Ce sont tous de vrais machos. En plus de continuer à dénoncer la campagne anti-réchauffement climatique, ils en sont rendus à qualifier les républicains modérés de dino-républicains (pour dinosaures) parce qu’ils ne partagent pas leurs sornettes.
Le problème que je perçois, dans mon entourage, c’est que de plus en plus d’individus pensent que le débat sur le réchauffement climatique a été faussé par les environnementalistes qui leur ont raconté des chimères. Ils le pensent surtout depuis que le PM de l’Alberta, Ed Stelmach, a rappelé récemment que l’exploitation des sables bitumineux, grands producteurs de GES, avait contribué, l’an dernier, plus de 21 milliards au fonds de la péréquation établi par le gouvernement du Canada pour le programme de partage de la richesse aux provinces canadiennes les plus pauvres. Le Québec est de celles-ci et a reçu plus de huit milliards à lui seul en 2008-09.
Plusieurs textes ont été écrits sur la manne albertaine. Le blogueur Jean-François Lisée, l’éditorialiste André Pratte et le chroniqueur Alain Dubuc ont traité du sujet et de l’importance pour les programmes sociaux au Québec que sont ces montants toujours grandissants qui viennent de l’ouest canadien. Ils ont été jusqu’à minimiser les effets dévastateurs de l’exploitation des sables bitumineux sur l’air, l’eau et la forêt boréale.
Il est vrai que nous, Québécois, bénéficions grandement de la péréquation, comme toujours d’ailleurs, puisque qu’avant l’Alberta c’était l’Ontario, à cause de ses activités industrielles importantes, qui était la vache-à-lait du programme.
J’ai toujours pensé que le Canada est ce qu’il est à cause de la péréquation. Sans elle, plusieurs provinces n’auraient pu financer leurs programmes sociaux et beaucoup d’autres activités. Le niveau de vie aurait été très inégal au pays et aurait engendré des tensions potentiellement désastreuses. Les vrais « sauveurs » de la confédération canadienne sont les hommes et les femmes politiques qui ont compris l’importance d’implanter un tel système au pays pour permettre à ses citoyens d’être traités équitablement. Sans la péréquation, que serait le Canada ? Existerait-il encore ? Il est donc important de ne pas tuer la poule aux œufs d’or !
Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous incliner devant l’argent qui fait la péréquation et ne pas dire ce que nous devons dire. Nous n’avons pas agi ainsi dans le passé et ce n’est pas le temps de le faire aujourd’hui.
Ceux qui donnent se plaindront toujours : les Ontariens du temps qu’ils contribuaient le plus, les Albertains aujourd’hui et on entend même de premières complaintes de la province de Terreneuve et Labrador, depuis toujours la plus pauvre du pays mais qui contribuera dorénavant au programme au lieu d’en être un récipiendaire, à cause de ses nouvelles plateformes en mer pour l’extraction de pétrole. Un jour, le Québec sera peut être un contributeur. Il devient de plus en plus riche grâce à l’expansion qu’il donne à son réseau de distribution électrique vers les USA et à ses nouveaux et futurs barrages hydroélectriques pour subvenir aux besoins des Américains. Il est aussi possible que les recherches de gisements de pétrole le long des côtes soient fructueuses.
Mes positions passées sur le réchauffement climatiques viennent surtout de rapports de scientifiques sur les conséquences des gaz à effets de serre (GES) sur notre climat. J’aime bien le militant environnementaliste Stephen Guilbault, le prix Nobel Al Gore, le mouvement Greenpeace et l’écrivain français devenu écologiste Nicolas Hulot qui sont les grands communicateurs pour la protection de l'environnement et la sensibilisation du grand public sur les questions écologiques. Malheureusement à ce moment-ci, leur engouement a perdu ses effets pour plusieurs.
Aujourd’hui, ce qui compte c’est de retrouver l’opinion des milliers d’hommes de science de tous les coins de la planète qui ont émis leurs avis sur les effets néfastes des GES sur notre terre. Ce sont eux que j’aimerais entendre à nouveau sur la place publique. Ils sont les seuls qui ont la crédibilité pour répondre aux intempestives prises de positions des machos anti-environnementalistes et les seuls capables de freiner le dérapage verbal actuel qui nuit à la cause verte.
Il nous faut continuer à prendre tous les moyens raisonnables pour réduire la production mondiale des GES. Ce n’est pas le temps de chercher des faux-fuyants.
Claude Dupras