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pain et main

Par Montaigne0860

     le pain blond revient
du soupirail du boulanger monte
     la chaleur vigueur
cette intériorité soûle de la levure magie
salon confortable débordant de buée d’amour

     tu l’as constaté
les jours ouvrent leurs doigts
     phalanges craquantes
et si lentes mon ami que même l’ange mûr
ne se risque pas à chanter la fin des gels

     alors le pain bien sûr
est la bouée des nuits lactées de rudesse
     il assouplit les paumes
il ose s’avancer vers l’espérance des aubes
toujours plus neuves et vives et plus précoces

     tu vois j’avais raison
avec mon silence nécessaire de blanc vêtu
     cette enfance compensée
avec des mains des mots ce sont lacs au désert
et la terre se rengorge avant d’ouvrir ses doigts

     les montagnes au couteau
du boulanger sur la pâte bien étalée là
     neige coupée vive
par sa main machinale où la joie rebondit
sous la lame qui va vite la mer le temps

     tu l’entendras ce temps
au sommet des Ardennes dans les lames océanes
     allez bouge tes doigts
ils savent eux le majeur le mineur musiciens
reproduis cet allant de l’hiver décentré

     l’artisanat parfumé
où dort un moment brûlant le lait de la pâte
     sueur métamorphosée
sous le feu des fours et cet ocre craquelé
quand même l’humanité la vraie quelle chance


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