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La musique péruvienne - Rock, jazz, hip-hop & reggaeton

Publié le 06 février 2010 par Boebis @bonjoursamba

Les années 1960: ça démarre fort

Dans la vague rock qui déferle sur le monde à la fin des années 50, le Pérou n'est bien sûr pas épargné, et en particulier la jeunesse de Lima. Les  premiers groupes locaux ne tardent pas à naître. Les premiers à sortir un album chanté en espagnol sont los Incas Modernos en  1963. Pourtant la vraie naissance du rock péruvien date sans conteste de l'année suivante avec la création d'un groupe majeur dans l'histoire de la musique péruvienne: Los Saicos. Los-Saicos-LS.jpgLos Saicos: ne vous fiez pas à leurs gueules d'anges
10 ans avant le punk, 10 fois plus sauvage que le garage rock naissant: voilà ce qu'on fait los Saicos en 1964. Une petite révolution dans un rock en espagnol quasi inexistant qui ne produisait à l'époque que des pâles copies des groupes nord-américains. Los Saicos deviennent même 1er des ventes avec un tube improbable dont le titre résume l'effet produit sur la musique péruvienne de l'époque: Demolicion!
Los Saicos - Demolicion
Un autre titre bien sauvage parmi leur courte mais impecable discographie: Fugitivo de Alacatraz.
Los Saicos sont le déclencheur et la principale influence de toute une scène rock psychédélique très créative avec los Shain's et los Yorks. En même temps, la Nova Ola (nouvelle vague), une scène de ballade rock édulcorée se développe en Amérique latine. Elle est influencé par les boleros (populaires dans la musique criolla), et la chanson italienne (via la communauté italienne d'Argentine). Les représentant péruvien sont los Doltons.
Los_Shains.jpgLos Shain's
Los Shain's - El Monstruo. Je vous rassure, il y avait quand même du rock plus doux à l'époque.

Les années 1970-80: de la mise en sourdine à la renaissance

Dans les années 70 le rock connaît un important reflux avec la dictature de Juan Velasco Alvarado. Ce dernier limite considérablement leur accès aux médias et le rock laisse la place à la vieille musique criolla, à la salsa naissante et aux ballades. Le rock refait surface au début des années 80 porté par le rock progressif  et le rock subterráneo (c'est à dire underground). Un groupe important dans cette résurection est Frágil, mais qui comme 95% du rock progressif a pris un sacré coup de vieux: Frágil - Av. Larco


narcosis6.0.jpg Narcosis, du très bon punk radical
Un bon groupe de rock subterráneo: Narcosis - Sucio Policìa.
On assiste également à des fusions du rock avec les musiques folkloriques péruviennes. Un des premiers est Polen, un groupe de folk psyche du début des années 1970. De la musique rafinée et aboutie mais un peu chiante. L'idée est aussi exploitée dans dans les années 80. Miki Gonzales, issu du rock subterráneo, est un des premiers à intégrer la musique noire dans ses chansons festives et engagées. Par exemple dans Dìmelo dìmelo.
Cependant, les fusions les plus réussies proviennent à mon avis de Del Pueblo del Barrio, sans doute un des meilleurs groupes de rock péruvien. Ils injectent cajón afro-péruvien, charango et flutes andines dans un rock brillant. Le clip est très sympa en plus.
Del Pueblo del Barrio - Escalera al infierno


Del Pueblo Del Barrio - Orgullo Aymara. Un titre sur "la fierté Aymara", un peuple et une langue amérindiens à cheval sur le Pérou et la Bolivie.

Et pour conclure sur les années 80s, voici un titre qui résume avec humour cette désolante décennie pour le Pérou, marquée par la corruption, le détournement de fonds par tous les Présidents, l'inflation à 3000% et le terrorisme. La chanson reprend la comptine qu'on a également en France "un éléphant qui se balançaient sur une toile d'araignée", remplacée par les terroristes du Sentier lumineux et la clique des hommes politiques de l'époque d'Alan Garcia à Fukimori, se balaçant entre des tours électriques (que les terroristes faisaient sauter).
Los No se quien y los no se cuantos - las Torres.

Les années 1990-00: l'explosion commerciale

Dans les années 90 apparaissent de véritable stars dans le rock péruvien qui s'exportent dans toute l'Amérique latine, tel Mar de Copas et Pedro Suarez Sertiz. Le nombre de ballade romantique rapproche ces genres de la Nova Ola des années 60-70 mais s'inspire surtout des genres à la mode aux Etats-Unis et en Argentine (les patrons du rock en español). Ce rock mainstream n'est pas vraiment ma tasse de thé. Je vous  présente quand même un des grands tubes de Pedro Suarez Sertiz, Quand tu penses à revenir. Ce titre est intéressant pour son utilisation discrète des instruments traditionnels péruviens (charango, quenas, cajon) qui montre que la fusion a été en quelque sorte digérée. Mais surtout la chanson parle de la nostalgie des émmigrés pour leur terre natale. Un thème qu'on ne risque pas de trouver en France et qui illustre bien l'emigration économique des pauvres et des jeunes hauts-diplomés en quête d'une vie meilleure.
Pedro Suarez Sertiz - Cuando pienses en volver


La scène alternative se développe en parallèle et copie également tous les genres venus des Etats-Unis ou d'Argentine. Un exemple sympa avec Los Mojarras avec Triciclo Peru. Vous reconnaitrez peut-être les références à la fin de la chanson à la célèbre valse criolla Alma Corazon y Vida.
Je concluerai sur le rock avec un groupe qui a sorti son premier album en 2009, et qui nous livre ici une superbe reprise de Come On, un classique du rock péruvien composé par... Los Saicos! La boucle est bouclée.

Los Protones & Natasha Luna, "Come On"


Quelques autres styles contemporains

Je me suis attardé sur le rock qui a une longue et riche histoire au Pérou mais il existe bien sûr d'autres genres à s'être implantés.
Le jazz péruvien commence à se développer dans les années 70 avec notamment Jaime Delgado Aparicio. Un des meilleurs groupe est certainement Perú Jazz qui intègre les influences afro-péruvienne.
Perú Jazz - Zapateo (1985) 
Je ne m'attarderai pas trop sur le hip-hop puisque j'y avais déjà consacré un billet sur ce blog. Il reste très underground mais il y a quand même une scène dynamique qui se concentre quasi exclusivement à Lima. Mon groupe de loin préféré de rap péruvien est Pedro Mo.
Pedro Mo ft Bantu - En Que Estas, tiré de leur dernier album.


Un autre très bon titre avec un sample de guitare criolla, Cuarto Clavo.
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La salsa fut très populaire au Pérou dans les années 70-80. Quelques groupes locaux furent créés tels que Pepe y su Orchestra, Antonio Cartagena ou Camaguei... Vous pouvez avoir un bon aperçu sur cette page. Le reggaeton fut la seconde grosse vague qui s'est déversé des caraïbes sur les dancefloor péruviens. Les groupes locaux sont los R.E.M Stone, MC Francia ou Los TNT. Regardez par exemple Mira la morena, un remix reggaeton du tube 80s qui intégrait elle même cajon et zampoña!
Le grand absent de cet article est la cumbia péruvienne, mais le genre est si riche que je préfère lui consacrer un article à part entière... très prochainement.
Pour aller plus loin:
Les sites intéressants sont malheureusement presque tous en espagnol. Pour des infos minimales, j'avais traduit il y a quelques années l'article rock péruvien sur wikipedia, d'ailleurs sans l'écouter...
-Une histoire du rock péruvien en anglais
- Un article sur los saicos en français
-Le blog rock-peru -Le blog heduardo-rockperuano -Le rock péruvien des 60s -Article pointu de Es mi Peru sur le rock -Article d'apellidos peruanos sur le rock
-Article sur le hip-hop péruvien
-Autre article sur le hip-hop péruvien
Discographie conseillée:
Pedro Mo - Proletario / Ensayos Del Camarada Lacrasoft Y Algunos Complices Metafisicos
Los Saicos - Wild Teen punk from Peru
Del Pueblo del Barrio - Del Pueblo del Barrio (1985)

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