Il reste donc des Sages…
Le sujet n’est pas vendeur. Pourrait potentiellement m’attirer bien des moqueries ou des incompréhensions… Mais comme je ne fais guère dans le billet « prêt-à-buzzer », mais exclusivement selon mon humeur, voilà qui ne saurait m’arrêter.
Pierre Joxe n’est en effet probablement guère connu des jeunes générations… Et pour cause.
D’aucuns, certainement mauvaises langues, le comparent à Philippe Seguin, pour le même type de trajectoire : beaucoup de potentiel, carrières ministérielles, voix singulière et incorruptible et donc non soluble dans la voie du politiquement correcte que nécessite la course aux strapontins, donc Exit…. Dans le placard du conseil Constitutionnel comme Seguin à la Cour des Comptes. Qu’il a présidé aussi.
Mais Monsieur Joxe vient de sortir dudit placard. Et ça fait mal. Ou plutôt, cela apporte un vent de fraîcheur des hauts sommets plutôt bienvenu en ces périodes troublées.
On apprend ainsi lorsqu’il sort (prudemment : il y est encore pour 5 semaines)) de son devoir de réserve qu’en 2004 il a « failli démissionner du Conseil tant la décision sur la garde à vue des mineurs (lui) semblait choquante sur le plan juridique ».
Le quidam qui lira cela, tout comme moi, se demandera pourquoi diantre ne l’a-t-il fait ! Les raisons de son silence, comme celle de sa sortie, sont ici. La position est sage, et me semble juste et noble. Même si elle peut effectivement contenir, très humainement, des regrets…
En tous les cas, quelqu’un qui s’indigne de ce que l’on puisse mettre des enfants en prison et qui considère que la France va à l’encontre du mouvement de convergence européen qui se dessine sur le registre du droit, plutôt positif selon lui (je suis plus réservé), qui évoque dans un interview ci-après, à propos de notre époque, des « poussées de fièvre régressives, réactionnaires » et qui donne comme explication à propos de certaines décisions discutables du conseil constitutionnel qu’ « Il a des générations, il y a des siècles qu’il y a des gens qui considèrent que les jeunes, c’est dangereux » ne pouvait que m’apparaître sympathique, par delà nos positions respectives évidemment divergentes.
Quoique. Quelqu’un qui brave son statut et les on-dit (même si je sais pourquoi) pour se rendre le 29 novembre 2008 au meeting de lancement du Parti de gauche créé par Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon ne pouvait que gagner, jusqu’à preuve du contraire, mon plus total respect.
Bien qu’il considère que la politique ne soit plus de son âge, sa pensée me semble étonnamment plus jeune (et surtout bien plus fine en analyse) que celles des Lefebvre et consorts quand il dit que « Grâce aux systèmes d’information modernes, avec les blogs, avec internet, tout ce qu’on peut lire, tout ce qu’on peut apprendre sur l’opinion… (…) Tout à coup un article,dans un journal, dans Le monde, dans Libération, et puis il y a 257 réactions. Si on lit ces 257 réactions, on n’a pas besoin de la Sofres ou de l’IFOP… On a un moyen de suivre une partie de l’opinion sur un problème précis, qui n’existait pas il y a 20 ans, il y a 30 ans qui moi me rend optimiste puisque fondamentalement, les idéaux qui sont ceux du siècle des lumières, de la révolution française, de la liberté, de la libération, de la démocratie, du respect du droit, du respect de la personne,, de l’internationalisme, c’est quelque chose qui imbibe le peuple français. » C’est ici, et cela fait du bien, à l’encontre des idées reçues :
Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir la vidéo :
Pierre Joxe – France Interpar franceinter
J’avoue très honnêtement que cela me fait du bien d ‘entendre cela, et va jusqu’à me redonner confiance et espoir en mon propre avenir… Certains, manifestement, vieillissent mieux que d’autres… Ici et là, des deux côtés du spectre politique. La jeunesse des idées et celle des artères ne coïncide pas toujours. Sans parler de ceux-là, qui sont nés vieux.
Par ce billet, et à travers ce personnage, je voulais vous inviter à prendre de la hauteur, moi qui n’en ais je le sais pas toujours… victime de mes pulsions et de mes réactions épidermiques qui gagneraient bien souvent à davantage de recul. Examinons plutôt l’évolution sociale et sociétale, en termes de droits, sur les 20 dernières années, plutôt que les discours ambiants qui ne sont bien souvent que poudre aux yeux et mousse d’informations superficielles qui nous piquent les yeux sans atteindre notre âme. Retrouvons en le chemin. C’est urgent.