Un titre fulgurant pour ce quatrième et attendu roman de Régine Vandamme.
Trois lettres de flammes et le paradoxe d'un homme qui s'éteint - Hughes Worm, 44 ans, le mitan d'une vie - qui se consume de canicule et d'une solitude péniblement meublée de larges bouffées de gitanes et rasades de Triplettes.
Feu c'est avant tout le coup fatal d'une dépression: Hughes Worm a quitté famille et boulot - il était journaliste - et sombre dans l'obscurité de son appartement, le poids d'une culpabilité originelle et le mal-être de quelqu'un qui n'attend plus rien de la vie:
" Tu te résous là, aujourd'hui, dans la pénombre cendrée et enfumée de ton appartement surchauffé, à ce constat terrible: tu as bien choisi, un certain jour d'être un homme qui dort. Ce jour-là, un piège s'est refermé sur toi."
De cette journée fatale qui structure le récit, le narrateur nous livre une description minutée, précise, contagieuse et dérangeante dans son réalisme Il instaure un tutoiement d'office qui le porte témoin ou même voix intérieure d'une dépréciation tant physique que morale.
Une nouvelle fois Régine Vandamme mène loin l'art de l'introspection. Il faut du cran pour décrire à ce point de précision les états d'âme d'une dépression. Elle le fait sans tricher, sans concessions. Sans solution.
Apolline Elter
Feu, Régine Vandamme, roman, Le Castor Astral, Escale des lettres, 152 pp, 13 €