Une vanité, ce peut être une montre arrêtée, un luminaire éteint, une noix cassée, un verre ébréché, une plume rompue, un violon sans cordes, une fragile boule de verre, c’est le temps qui passe et la fragilité de l’existence. Ce peut même être une représentation plus subtile, plus codée. Ce ne doit pas nécessairement être une collection de crânes, qu’ils soient en diamants, en légumes, en mortadelle, en mouches confites ou en casseroles. Cette compétition de qui a fait le plus beau crâne (pour moi, de loin, Richter) ne remplace pas une méditation sur la mort et c’est bien là la faiblesse des salles d’art contemporain de l’exposition “C’est la Vie !” au musée Maillol (jusqu’au 28 juin).
Au milieu des prouesses comparées de Messieurs Hirst, Gupta, Uklanski et Veilhan (entre autres), généreusement exposées au fil des salles, alors que le Rituel pour un Mort de Michel Journiac est relégué, à peine visible, dans un cabinet de curiosités, il y a bien peu d’occasions de s’émerveiller. Les reliefs de repas de Spoerri sont ici toujours accrochés au mur, mais le lion, la lionne et les deux petits lionceaux du tapis kitsch se sont ici repus d’un homme, dont ne subsiste que le squelette démantibulé et le tromblon rouillé (La Lionne et le Chasseur). Quelques belles photos (Mapplethorpe, Marco Lanza à la Crypte des Capucins) et beaucoup de verroterie (bagues à tête de mort, furieusement tendance), mais mieux vaut consacrer son temps aux oeuvres classiques et modernes et méditer sur la mort et l’art contemporain en des endroits plus graves (Berne aussi).
Ni art primitif, ni vision non-occidentale de la mort dans cette exposition, mais une petite salle avec trois tableaux très intéressants. La robe de bure aux accrocs bien tracés du Saint François en méditation de Caravage, copie assez pâle de celui du Palais Barberini, fait pendant à celle du magnifique Saint François agenouillé de Zurbaran : le visage de ce dernier reste dans l’ombre, la lumière tombe sur le crâne entre ses mains et la masse de la robe est comme une sculpture autonome, même si l’effet est moins tragique que dans le tableau de Londres (qui inspira Allison Watt). Enfin, copie ou original, l’Extase de Saint François, de ou d’après Georges de La Tour complète cette sainte trilogie en offrant ici une méditation sur la vanité terrestre tellement plus forte que le reste de l’exposition, un peu trop accrocheur et anecdotique.
Daniel Spoerri étant représenté par l’ADAGP, la reproduction de son oeuvre sera ôtée du blog à la fin de l’exposition.