Me voilà donc installée dans
une salle d’une bonne centaine de sièges, toute guillerette de changer un peu d’horizon, avec autour de moi deux ou trois véritables smalas : quatre adultes pour une bonne quinzaine
d’enfants, tous très jeunes (entre 3 et 6 ans, à vue de nez). Au deuxième rang, un père et ses trois petits. Au rang au-dessus, trois garçons sans adulte (leur mère est assise derrière moi
avec d’autres enfants) et un peu plus loin sur la droite, deux enfants accompagnés d’une femme qui s’avère être aussi l’accompagnatrice de l’homme et des trois petits du premier rang. Sur ma
rangée, à côté de moi, un homme et ses deux rejetons. Et derrière moi donc une maman avec le reste de sa marmaille. Je soupçonne que les adultes présents dans la salle ne sont pas les seuls
impliqués dans la naissance d’autant d’enfants, mais plus probablement les seuls à s’être portés volontaires pour une telle expédition.
Très vite, le film commence et
avec l’histoire s’installe l’ambiance Kiwi. L’ambiance Kiwi, c’est l’atmosphère familiale et bon enfant que les néo-zélandais semblent créer partout autour d’eux. Au bout d’un quart d’heure de
film, les enfants du premier rang commencent à papoter à voix haute. Personne n’esquisse la moindre tentative de les en empêcher. Un peu plus tard, un des trois garçons devant moi se lève et sort de la salle, presque aussitôt suivi par un deuxième.
Puis ils reviennent. Le père du premier rang se lève à son tour, probablement pour une virée vers les toilettes, et les trois enfants qui l’accompagnent le suivent comme trois canetons leur cane
de mère. Ils reviennent. Les petites filles du premier rang reprennent leur conversation. Le troisième garçon devant moi se lève à son tour, puis, lorsqu’il revient, remonte l’allée en tapant des
pieds, hilare. Et ainsi de suite tout le long du film. Vivant, quoi ! Et les parents ne sont pas en reste. À un moment du film, un des personnages perd un bras. Rien de sanglant,
rassurez-vous, il s’agit d’un des monstres, sorte de peluche géante et hideuse, et au lieu de sang, il lui coule du sable par le trou, sans souffrance. Il perd un bras donc, et lorsqu’on le
retrouve quelques minutes plus tard dans une nouvelle scène, il a une branche d’arbre desséchée plantée sous l’omoplate en guise de prothèse, un peu comme les bras d’un bonhomme de neige. Et là,
la mère derrière moi s’esclaffe, très fort : « Oh, il a une branche à la place du bras ! », et elle rit, sans complexe. Du coup, la dame du rang de devant remarque elle aussi
cette branche et rit à son tour : « Oh oui, c’est vrai, ha ha ! ». Et elles rient ensemble. Et moi aussi, en fait. Je ris avec elles. On est entre nous.
À suivre…