Wikipédia et ses oppositions : le retour partie LVII (et demi)

Publié le 04 février 2010 par Pierrotlechroniqueur

Comme je l'expliquais il y a peu ( dans mon dernier billet, en fait) et encore une fois, Wikipédia n'est pas un réseau social. Malheureusement, il y énormément d'aspects sur lesquels la pression du groupe est manifeste (je vais m'opposer là à quelques personnes, dont l'ami Popo à mon avis) ces derniers temps. Ne me demandez pas mon opinion profonde sur les utilisateurs-cibles ou porte-étendards car il n'a aucun intérêt dans ce cadre, mais je vais plutôt parler de l'aspect mouvement de troupes. Avec - pour que tu comprennes, chère lectrice, cher lecteur - en tête l'image d'une collision d'icebergs. Des gros.

Elisons, élisons

Avec un peu moins de réactions à chauds (puisque, comme le linge de couleur au soleil, le temps passe), revenons rapidement sur la candidature d'Ironie au statut d'administrateur. J'ai été très perplexe tout au long du scrutin - qui sest achevé aujourd'hui - non pas tant à cause du candidat (mon opinion ne regarde que moi), mais par cette insistance tout à fait déplacée qu'ont manifestée plusieurs soutiens au dit candidat vis-à-vis de gens professant un avis contraire, au point d' agacer sérieusement ces personnes - ainsi que d'autres mieux disposées à l'égard du candidat, justement. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que cela se produit. Je me souviens d'un autre vote sur Wikipédia (pour un même but, mais avec un autre candidat) pour lequel j'avais pu voir que tout vote contre devait être justifié - ce qui n'était pas le cas des votes pour, étrangement - au prétexte d'appuyer les bureaucrates dans leurs futur(e)s décisions (si le lecteur attentif peut me rappeler de qui exactement ... j'ai un trou ... ah ça y est !, mais on la retrouve également dans cette page).

Tiens donc. Le fait est que les bureaucrates sont dotés de ce que l'on appelle un pouvoir discrétionnaire (dont la provenance est un peu nébuleuse), qui permet aux-dits bureaucrates d'appuyer sur le bouton de sysopage (dans le cas d'une élection "limite", limite déjà peu claire) en fonction d'estimations toutes personnelles. Si - dans le meilleur des mondes - on peut penser que les bureaucrates sont des personnes qui sont arrivées là sur une base de mérite personnel, en étant des parangons de vertu wikipédienne (et là on ne me fait pas dire ce que je ne dis pas, merci), il suffit de se rappeler qu'ils sont humains avant tout, puis élus après pour s'approcher de la réalité. Autrement dit, malgré ce que certains pensent, les Bubus sont faillibles. Si.

Donc, supposons un instant que nous nous plaçons dans le meilleur des mondes. Dans un tel cas, les avis émis à la fin d'une campagne tiennent compte de manière équitable des avis contre, pour et neutre. Alors dans ce cas, pourquoi les uns (les contre) ont-ils besoin de plus se justifier que les autres (les pour) ? On me répondra sûrement que c'est parce que le poids des contre est plus important (car dans ces élections, il faut dépasser une barre de 80 % environ, sous prétexte du consensus communautaire). Dans ce cas, pourquoi alors ne pas questionner les neutre, et surtout les pour (après tout, on livre une arme de destruction massive ... ou de restauration massive). Premier couac. Deuxième couac, pourquoi les Bubus, se devant a priori d'être au courant de l'actualité wikipédienne (et de lire mon blog tous les jours) auraient-ils besoin d'un surcroît d'information de la part d'une seule catégorie de votant ? Et pourquoi seulement dans certaines élections (je compare celle d'Ironie par exemple à celle de Quentinv75) ?

Sondons, sondons et décidons

Dans le voisinage (temporel) de ces élections explosives, on peut trouver deux pages intéressantes (dont je ne parlerai pas du fond ici). Ce qu'elles ont de drôle, c'est qu'elles se placent toujours dans la mouvance bureaucratique (de l'accès des gens aux fonctions d'administrateur). Preuve s'il en est que le sujet tarabuste un peu les Wikipédiens. Mais n'en est-il pas toujours ainsi du pouvoir ? Toujours est-il que j'ai pu voir à nouveau sur ces pages des choses bien étranges, et en particulier cette intervention, qui m'a fait m'esclaffer pendant 30s. Tout d'abord, parce que j'ai cru à une sale blague. Proposer de donner un droit de véto à des arbitres qui n'ont jamais été élus pour ça, mais dont en plus les performances ont assez fait l'objet d'une critique plus ou moins virulente et fondée (la mienne étant dans tous les cas fondée, qu'est-ce que vous croyez) et pas de contributeurs les plus excités est plus qu'étrange.

On pourrait comprendre ça d'un contributeur récent. Mais d'une vieille de la vieille, non. La personne qui me l'a signalé m'a confié (je la cite avec sa permission, bien sûr) par e-mail : "vois-tu, j'ai failli réagir en approuvant sa proposition, mais en demandant une réciprocité pour les administrateurs sur les élections des arbitres, puisqu'après tout, ils peuvent aussi se dire qu'un candidat arbitre finira par raconter n'importe quoi et/ou claquer la porte pendant son mandat." Je me suis dit que ça aurait été drôle. D'autant plus que ces derniers temps (et là, je ne manifeste ici absolument pas l'avis de Popo), j'avais été un peu plus qu'échaudé par le claquage de porte où elle se posait en victime (comme Romary en son temps pour le Comité d'Arbitrage) et critiquait l'absence de débat (ceux qui s'opposent à elle aussi dans ce contexte, justement). On y apprenait pêle-mêle également qu'elle joue à Wikipédia parce que c'est fun, et qu'"ayant des hordes de gamins à ramener à la raison [...] IRL" elle n'a plus envie de faire la même chose sur Wikipédia. Mouais. J'ai vu mieux pour l'appel au dialogue et à la considération.
Ceci dit, et je ne dis pas ça pour cette désormais ex-bubu en particulier, il est toujours plus confortable de choisir ses interlocuteurs : ça se vérifie partout, et dans tout contexte.

Et avec tout ça ...

Ce qui me chiffonne, c'est cette balance permanente entre la responsabilisation des contributeurs qui est une condition sine qua non pour l'écriture d'une encyclopédie (autrement dit : Wikipédia mérite-t-elle ses contributeurs) et ces attitudes de lobbying peu reluisantes (et souvent plus affinitaires qu'utilitaires) qui n'ont plus grand chose à voir avec le Plus Grand Intérêt de Wikipédia (aux grands mots, les capitales). Ce qui me chiffonne encore plus, c'est que l'on puisse - sous couvert d'appeler au dialogue - refuser l'opinion contraire (et pas que ...) . Oui je sais, Wikipédia n'est pas une démocratie ... Enfin, ce qui me chiffonne vraiment, c'est cette dépense colossale d'énergie de manière totalement stérile pour Wikipédia.

Un jour prochain, et comme je le disais à Poulpy sur Twitter, il faudra que je traite de la différence profonde entre liberté et libertarisme, le tout appliqué à Wikipédia. Cela n'a pas grand chose à voir avec ce qui précède, mais il n'y a rien de mieux qu'un billet comme pense-bête.