La Grèce est dans une sacré panade !
Sommée d’appliquer un plan de rigueur sans précédent (il faut dire que c’est
justement parce qu’il n’y a jamais eu de précédent que ce plan de rigueur est
sans précédent), quasiment sous tutelle de l’Europe, marquée à la culotte par
le FMI, obligée de surpayer ses emprunts, la Grèce s’apprête à vivre une
probablement longue, pénible et tumultueuse période!
Pour résumer, la Grèce c’est : Un déficit des finances publiques de 12%
en 2009, une dette qui atteint 113% du PIB, et l’obligation d’acquitter un taux
d’intérêt pour les bons d’Etat près de deux fois supérieur à celui imposé à
l’Allemagne (6,2% à la dernière adjudication).
Les raisons de ce désastre sont connues et certaines d’entre elles se
retrouvent chez plusieurs autres pays européens, dont la France !
La Grèce a intégré la zone euro en 2002, alors qu’elle n’y était pas prête,
en trafiquant ses statistiques !
Le truquage des comptes semble d’ailleurs être une tradition locale qui se
répète de gouvernements en gouvernements. Ainsi en 2004, le nouveau premier
ministre conservateur, Konstantinos Karamanlis, avait révélé que son
prédécesseur socialiste avait maquillé les comptes publics, le déficit réel,
entre 2000 et 2004, étant deux fois supérieures à celui affiché !
En 2009, rebelote, cette fois-ci, c’est le Socialiste qui révèle que son
prédécesseur a, à son tour, divisé par deux le déficit budgétaire attendu pour
2009 (cf.
ici).
Tricherie, démagogie électoraliste, corruption, une incessante alternance
politique autour de quelques grandes familles : les Caramanlis, Papandréou
ou Mitsotakis, une économie au noir estimée à plus de 25% du PIB, des dépenses
militaires sur dimensionnées pour cause de guerre larvée avec le voisin Turque,
un Etat inefficace (cf. les incendies de forêt qui ravagent régulièrement le
pays), tous les ingrédients étaient réunis pour que la Grèce se retrouve dans
la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui !
A tout cela, il faut ajouter la fausse protection que constituait l’euro qui
a certes permis à la Grèce de profiter de taux d’intérêt nettement inférieurs à
ceux auxquels ils auraient été soumis s’ils étaient restés avec leur propre
monnaie mais qui n’a pas permis le nécessaire ajustement par le taux de
change !
Accessoirement, on peut se demander pourquoi ce pays a été accepté dans la
zone euro, alors que manifestement, elle allait en constituer un jour ou
l’autre, sinon le, du moins un maillon faible !
Du coup, le gouvernement grec qui, comme tous les gouvernements grecs et à
plus forte raison comme tous les gouvernements socialistes, prétendait qu’il
suffisait de distribuer de l’argent pour résoudre tous les problèmes de la
Grèce et des grecs, se retrouve dans une position politique extrêmement
délicate !
En conséquence, à cette crise économique et financière, pourrait s’ajouter
pour la Grèce une grave
crise politique.
Le cas grec montre ce qui pourrait arriver aux pays européens surendettés:
une dégradation brutale de leur rating, suivie d’une hausse insupportable du
coût de l’emprunt sur les marchés internationaux.
Or, même si on parle beaucoup de la Grèce et des autres pays comme le
Portugal, l’Espagne et l’Irlande comme étant en grandes difficultés,
n’imaginons pas que la France soit en bien meilleure situation !
Aux mêmes causes, vivre perpétuellement au dessus de ses moyens et faire
croire que l’on peut continuer comme cela ad vitam aeternam, les mêmes effets
!
Rappelons qu’en volume, c’est la France qui
empruntera le plus en 2010 (454 milliards d’euros), suivie de l’Italie (393
milliards), de l’Allemagne (386 milliards) et du Royaume Uni (279 milliards).
Même si l’on rapporte la dette au PIB la France arrive en 3ème position,
derrière l’Italie et la Belgique et devant l’Irlande pourtant mal en point
également. (Autour de 25% du PIB).
Un
graphique du Financial Times sur le risque souverain, avec en ordonnée le
déficit public et en abscisse le montant de la dette rapporté au PIB est
également très explicite.
Il montre que dans la zone euro, la France ne se positionne pas très bien puisque cumulant un déficit élevé et un ratio dette/PIB également important.
Ces éléments ajoutés au caractère chronique de notre déficit public et à la
faiblesse tout aussi chronique de nos taux de croissance, font que nous aurions
tort de nous considérer à l’abri d’une mésaventure à la grecque (comme les
champignons).
Sarko et son Gouvernement l’ont bien compris qui essaient par tous les
moyens de convaincre le monde entier que la France va avoir réduit
drastiquement ses déficits en 2013 (- 100 milliards d’euros).
Personnellement, je n’y crois pas, d’une part parce que ce Gouvernement (ni
d’ailleurs ses prédécesseurs) n’a, en rien montré qu’il en était capable et
d’autre part parce que d’ici 2013, il y a …2012 et que le moins que l’on puisse
dire c’est que les périodes électorales sont plus propices aux promesses de
distributions à tout va qu’aux promesses de rigueur en matière de dépenses
publiques !...et malheureusement, il y a beaucoup de français prêt à se faire
leurrer par ceux qui leurs font miroiter d'illusoires remèdes miracles efficace
et indolores (inflation, taxer les entreprises…).