Magazine Politique
Le démarrage de la campagne présidentielle de Dominique de Villepin donne lieu à de nombreux commentaires dont un parallèle avec la présidentielle 1995 de Jacques Chirac. Au-delà des chiffres des premiers sondages, ce parallèle est-il juste ?
Dominique de villepin en 2012 ne peut pas être Chirac de 1995 notamment parce que :
- depuis 1978 Chirac avait quadrillé la France,
- il n'était jamais passé pour une "élite",
- l'équilibre Paris / Corrèze donnait une bivalence comportant au moins une branche provinciale reconnue et capitalisée dans sa dimension caricaturale de terroir, de "France profonde",
- il avait été déjà deux fois candidat et une fois présent à un second tour, donc le tour qualificatif ne lui paraissait pas insurmontable.
Par conséquent, le parallèle semble fragile.
Il l'est encore davantage en matière de logistique car en 1995 Jacques Chirac pouvait compter sur la mairie de Paris et le RPR "tenu" par Alain Juppé.
Il n'y a donc rien de comparable.
Mais surtout, cette logique de troisième tour est peut-être la plus redoutable : les gaullo-chiraquiens auraient gagné 95 tandis que les balladur-sarkozystes auraient pris la revanche en 2007.
Ce retour au passé ne pourrait qu'éloigner des jeunes générations avec cette logique de guerres des "familles".
Il s'agit probablement d'aller vers une concurrence de projets et non pas de rivalités permanentes.
Pour l'instant, Villepin nage en pleine "médiabama". Il crée l'évènement à chaque déplacement.
Il doit désormais s'ouvrir à de nouvelles exigences.
Tout d'abord, il doit éviter le poids de l'ennui pour substituer la force de l'espoir. La crise est un redoutable facteur d'ennui. L'ennui de gouverner car la rigueur dissuade les avancées ambitieuses. L'ennui d'être gouverné car les tunnels sans fin lassent l'adhésion en installant une morosité ambiante généralisée.
Il doit amorcer le cycle de l'espoir avant même celui de la reprise. A cette fin, il faut connaître le contenu de ses propositions.
Ensuite, il doit devenir un citoyen comme les autres. L'organisation de ses déplacements sera un test en la matière : lieux, priorités, temps forts, annonces ...
Enfin, il doit inviter chaque composante et chaque individu à l'action dans l'union.
Obama a lancé sa campagne avec la naissance d'une nouvelle charte de gouvernance selon laquelle :
"Le coeur n'est ni démocrate ni républicain. Il bat chez chacun et doit battre pour chacun.
L'avenir n'est ni démocrate ni républicain. Il se décide en commun.
Le talent n'est ni démocrate ni républicain. Il s'encourage partout.
La liberté n'est ni démocrate ni républicaine. Elle se respecte.
Et surtout, les idées ne sont ni démocrates ni républicaines. Elles doivent permettre d'avancer tous à bord du même équipage".
C'est un enjeu identique pour la France avec une autre culture, d'autres mots, d'autres perspectives.
Le discours de lancement de son parti politique devrait être le moment fondateur pour juger de cette volonté comme de cette capacité à poser les jalons de l'action dans l'union pour un vrai nouveau premier tour.