Bonjour mes p’tits clous !
Je n'ai pas honte de le dire. J'ai des enfants qui sont (ou ont été) pamperisés. Ou plus exactement, et parce que les Pampers ça douille, ils ont été couche-de-distributeurs-isés.
Pas taper. Tu verras que moi aussi je cède au diktat du bio…
Prenons l’exemple des courses, qui s’apparentent à notre époque plus au parcours du combattant qu’au remplissage de panier. Première leçon : décoder les sigles, appellations, labels, abréviations. Je te fais simple sans rentrer dans le détail :
BPA, TEA, DEA, MEA = tu évites,
Tous les E quelques chose (E220, E249, E320, E124…) = toxiques en tous genres, tu veux t’empoisonner ou quoi ?
AB, BDIH, BIO, ECOCERT= vas-y!!! Quoi c’est cher??
PSG = aux chiottes…
… autant de choses que vous vous devez de connaître par cœur, si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour vos enfants (ou vos chiens, à la limite).
Et maintenant, application pratique : il s’agit de repérer ces sigles sur les étiquettes. Et, au choix, d’écarter impitoyablement ce produit honni, ou au contraire de le mettre dans votre chariot les yeux fermés. Oui, même le mélange végétarien au boulgour, épeautre, sésame concassé, algues et graines de betteraves germées. Acheté à des petits producteurs des plateaux nord de l’Himalaya. Préparation facile, il suffit de le faire tremper 3 jours dans de l’eau de riz que tu changes toutes les 2 heures, puis cuisson 1h30 à petit feu… Tes enfants vont adorer (prévois quand même de ne pas les faire manger les quelques jours précédents, ils seront plus enclins à avaler).
Me voici donc dans les rayons, prenant un paquet après l’autre, déchiffrant les petites lignes… Graisses végétales partiellement hydrogénées, vade retro satanas ! Shampoing au paraben, le cancer ne passera pas par là, loin de moi !
Conservateurs, colorants, pesticides, produits toxiques de toute sortes, j’écarte…
Produits bio, AB, écologiques, certifiés, développement durables, économiquement viables, éthiquement responsables, je prends. Et qu’importe que mon addition moyenne ait grimpé de 30% ces derniers mois (et ce n’est pas uniquement du à l’appétit de mon petit dernier, même si…), je ne partirai pas en vacances aux Maldives. Ce qui, soit dit en passant, est aussi écologiquement rentable.
Rayon des légumes…Je jette un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. Personne ne me regarde…Je prends mon sachet de carottes NON BIO subrepticement dans les rayons, et je le camoufle dans mon chariot. Planqué sous les bananes. Ouf, je ne me suis pas fait choper cette fois !
Je quitte le lieu du crime rapidement mais sans me presser de manière excessive ou trop manifeste, pour ne pas me faire repérer… Une toute petite voix résonne au fond de moi, j’essaie de la faire taire, mais elle est toujours là… « Et si ? » répète-t-elle en boucle… « Et si ? ».Et si par ma faute, parce que je n’ai pas fait suffisamment attention, mes enfants devaient plus tard tomber malades ? Et s’il suffisait de céder quelques fois à la tentation du facile, du moins cher… Pour devoir le regretter 10 ans, 20 ans, 30 ans plus tard ?
La culpabilité me taraude…
Vient le moment du passage à la caisse… C’est une autre épreuve, il faut tout poser sur le tapis roulant. J’alterne mes achats coupables et mes achats dument estampillés bio, en prenant un air dégagé, serein, absent et vaguement menaçant, afin de couper court à toute tentative d’intimidation… C’est d’ailleurs très difficile à faire, je m’entraîne devant ma glace chaque jour 10 minutes pour obtenir une composition parfaitement naturelle. L’avantage, c’est qu’on peut l’utiliser dans toutes sortes de circonstances, dans les transports le matin quand il y a du monde et qu’on vient d’écraser le pied du voisin, au boulot dans les couloirs quand on croise l’emmerdeur de service, bref c’est très utile dans la vie de tous les jours…
J’observe aussi avec attention les chariots des autres clients, en fronçant les sourcils à la vue de leurs emplettes répréhensibles (la meilleure défense étant l’attaque, comme chacun sait).
La caissière est complice et me tend les produits non conformes d'un air neutre. Je les enfouis vite tout au fond de mes sacs recyclables et échangeables.
Je cours à ma voiture, range tout ça dans le coffre, et je peux enfin rentrer chez moi, préparer mon pain maison à base de farine complète biologique, et faire une lessive (au savon de Marseille, bien sûr, râpé à la main), histoire d’expier les nombreuses péchés que je viens de commettre... « c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute ».
Mais…. il faudra y retourner la semaine prochaine…
A bientôt les p’tits clous !
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