Monsieur le maire,
Permettez-moi, par la présente et puisque je ne peux le faire de vive voix, de vous féliciter pour avoir, et ce sans bourse délier, contribué de manière significative à la promotion du sport et de la culture dans votre ville, pour avoir amélioré de manière certaine et quantifiable le moral de la jeunesse dans votre circonscription, pour avoir apporté votre contribution certes indirecte mais remarquée à la sécurité routière et enfin pour avoir trouvé une solution à la fois simple et avantageuse au problème récurrent du vieillissement de la population. Ainsi que pour vous préoccuper du développement économique de votre commune de manière aussi engagée, notamment dans le domaine de la santé. On sent que ces sujets vous tiennent particulièrement à cœur, et je ne regrette pas d’avoir voté pour vous.
Quelle bonne idée que de ne pas avoir fait saler les routes depuis le début de l’hiver, et de ne pas faire déneiger les trottoirs ! C’est un trait de génie, digne des plus grands esprits de ce temps… Je vous prédis une carrière prometteuse, peut-être même pourriez-vous briguer un jour les plus haut postes de l’état, où votre talent et vos dispositions naturelles seraient certainement employés au mieux.
Ce matin, en ouvrant mes fenêtres, je me suis retrouvée dans un tableau de Bruegel l’Ancien… Au loin, les champs enneigés et la Seine gelée, sous un ciel bas et blanc sale… Les arbres, noirs et dénudés marquaient la verticalité dans ce paysage. La lumière du jour naissant éclairait à peine la scène, et des tâches de couleurs évoluaient précautionneusement dans toute cette blancheur… Les passants se hâtaient lentement vers leur RER.
Certains, d’un esprit plus malicieux, tentaient quelques glissades sur les trottoirs. Frustrés jusque là du manque d’équipements sportifs dans la ville, ils profitaient au maximum de cette patinoire en plein air pour répéter les figures les plus complexes de leur répertoire. Double boucle piquée, back-flip, un véritable festival de sauts, je dirais même une compétition se tenait là à quelques mètres, sous mes fenêtres !
Les enfants, sur le chemin de l’école, sont passés ensuite. Roulades, batailles de boules de neige, ils ouvraient des yeux émerveillés en hurlant : Maman, t’as vu ??? T’as VU ?????? Il a encore neigé, on va pouvoir faire des bonhommes de neige !, en ôtant leurs gants et leurs bonnets à qui mieux mieux…
Les rares voitures qui passaient dans la rue roulaient doucement, glissaient doucement. Proposer un stage de conduite sur neige, gratuit et ouvert à tous les conducteurs de la ville, est le point fort de votre dispositif !
Sur le chemin de la gare, j’ai croisé une ambulance. Une vieille dame de la maison de retraite, dans sa tentative de triple axel lors de sa ballade quotidienne, avait chuté lourdement. Peu de chance qu’elle s’en sorte à mon avis. Toujours ça de moins à payer en retraites, frais médicaux, et j’en passe…
Sur la place de la gare, devant chez le médecin, il y avait la queue. Des mamans avec leurs enfants visiblement grippés. Un monsieur qui boitillait…
J’ai pris mon train, le cœur empli d’admiration pour vous, je me suis sentie toute petite, si humble, face à une telle clairvoyance, une pensée qui voit tellement plus loin que la mienne…
Monsieur le maire,
Veuillez agréer l’assurance de mon respect le plus sincère et de mon éternel dévouement.