"Non Papy, je n’ai pas menti" c’est le titre du livre de Gérard Porcheron, c’est aussi le cri du cœur d’un enfant à son grand-père; un cri de détresse à l’égard de ceux qui mettent en doute sa parole de victime. Gérard Porcheron a suivi année après année, les développements de l’affaire Iacono, qui met sous les feux de la rampe médiatique l’ancien Maire de Vence accusé par son petit-fils de l’avoir abusé sexuellement. Le journaliste de Nice-Matin a fait un travail d’investigation pour mettre au jour les dessous de "cette sombre affaire" qu’il relate dans son livre sur le procès Iacono.
Immédiatement des clans se forment il y a les "pours et les anti-Iacono", tous intimement persuadés de détenir le fin mot de l’histoire. Gérard Porcheron ne déroge pas à la règle et écrit un premier "papier" qui penche en faveur de la thèse du complot familial visant à déstabiliser, cet homme, au parcours professionnel brillant. L’histoire le passionne et il demande à son rédacteur en chef l’autorisation d’écrire un deuxième article ; ce qu’il accepte, mais à la condition expresse qu’il se rende à Reims pour y entendre Philippe Iacono, fils du Maire, ainsi que l’ex-épouse de ce dernier, Elisabeth Siogli.
C’est là, dans le train qui le ramène de Reims, que ses convictions autour de l’affaire vont petit à petit s’effriter. Il décide de mener une enquête parallèle, son enquête ! reprenant tour à tour les témoignages, en relisant ses notes prises au cours des deux procès ; car désormais il a acquis la certitude que l’affaire est en réalité bien plus compliquée qu’elle n’y paraît et qu’en témoin privilégié, il se doit d’en révéler au public tous les dessous.
Une intime conviction qui s’émousse au fil des mois
Gérard Porcheron s’exprime sans passion, sans l’ombre d’un ressentiment à l’égard de ceux qu’ils croyaient être ses amis et qui lui ont tourné le dos, car il a osé enfreindre l’omertà qui entourait cette affaire et décrire une vérité qui au fil des audiences s’est dessinée sous ses yeux.
Mais Gérard Porcheron est un professionnel doublé d’un honnête homme, prêt à révéler ce qu’il sait, quoi qu’il en coûte ; à Reims il essuie la colère de la maman de Gabriel Iacono qui réagit violemment à son premier article et le critique pour avoir exprimé ses doutes quant à la culpabilité de son ex-beau-père ; bien que les arguments qu’elle avance, ne réussissent pas le convaincre, ils lui révèlent des faits qu’il ignorait. Elisabeth Siogli lui révèle notamment la présence d’un deuxième homme, qui sera un temps dans le box des accusés avant d’être relaxé, faute de preuves tangibles.
Mais il y a surtout la rencontre avec Philippe Iacono qui dure trois heures, le médecin va lui démontrer que toutes les rumeurs qui ont pollué l’affaire, ne sont rien d’autres que des "bruits" destinés à brouiller les pistes ; il parle du viol de son fils, par ce grand-père qu’il admirait tant, les cicatrices anales que l’enfant porte comme autant de marques indélébiles de cette infamie. Il y a aussi le récit des attouchements qui ont commencé, d’abord comme un jeu pour s’achever par la sodomisation de l’enfant ; des épisodes racontés avec les mots de Gabriel et qui font mal. Et puis il y a cette histoire de conflit familial, qui n’a en réalité n’a pas lieu d’être et dont Philippe Iacono démonte le mécanisme pour montrer qu’il ne s’agit que d’une manipulation supplémentaire visant à égarer la justice et à discréditer l’action menée par les parents de Gabriel contre lui.
Gérard Porcheron redescend de Reims bouleversé par ces révélations, mais sa loyauté l’incite à faire savoir à Christian Iacono, que désormais, il n’a plus la même conviction. Avec la minutie d’un bénédictin, il va compulser et écrire les pages de ce livre que certains qualifient de brûlot ou d’ouvrage "pervers" à quelques mois de l’appel qui aura probablement lieu à l’automne 2010.
Lea Raso della Volta