Directrice Déléguée du Développement Durable du Groupe Lagardère
Journaliste pendant 10 ans avant de rejoindre le Groupe Lagardère pour travailler sur les perspectives du numérique dans les médias
Sa devise : « Demain sera un autre jour ! »
Son blog : www.lafemmedigitale.fr
Isabelle Juppé, nous apporte sa vision de la « femme digitale », la façon dont les femmes vivent « différemment » la révolution numérique, ce que cela leur apporte et leur influence dans la sphère du numérique.
Ses réseaux
- Girl Power
http://www.girlpower3.com/ - Terrafemina
http://www.terrafemina.com/ - Version Fémina, les blogs d’Isabelle Juppé
http://www.femina.fr/psychologie/best-of-blogs-d-isabelle-juppe - Association pour offrir des outils numériques aux enfants hospitalisés
Ses publications
- À bicyclette, éditions Grasset, 1994
- De mémoire de grands-mères, éditions Grasset, 1995
- Une tempête de ciel bleu, éditions Grasset, 1997
- La Femme Digitale, aux Editions Lattès, 2008
- Jours heureux à Bordeaux, éditions Albin Michel, 1999
Aujourd’hui, on constate une forte progression de la présence féminine dans l’univers du numérique (1 blogueur sur 2 serait une femme). La femme paraît s’être complètement approprié cet univers du numérique.
Vous parlez de « La femme digitale », titre de votre livre et de votre blog, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Comment expliquer ce fort développement de la femme et du web ?
C’est une réalité, aujourd’hui les femmes sont présentes et existent sur le web !
C’est lors d’un voyage au Canada et de rencontres avec des femmes actives du Web que je me suis intéressée à ces femmes digitales. Je me suis rendu compte qu’elles étaient déjà nombreuses et qu’elles avaient une façon différente d’appréhender l’univers du numérique et de s’approprier ces outils de l’internet, de la téléphonie mobile,…
Dans mon livre « La femme digitale », je distingue 3 typologies pour ces femmes :
- les simples utilisatrices du numérique, celles qui s’informent et achètent sur internet
- les actrices du numérique, celles qui travaillent dans l’univers des nouvelles technologies, ou celles qui créent des sites internet : les femmes d’affaires du numérique en quelque sorte, avec par exemple, Pauline d’Orgeval, fondatrice de 1001listes.fr et beaucoup d’autres…
- et enfin, celles que j’appelle les magiciennes du numérique, qui peuvent être des femmes de toutes générations : le numérique est la baguette magique qui leur a permis de changer leur vie et de se re-créer une vie sociale, culturelle, affective ou même économique, comme certaines blogueuses qui génèrent des recettes publicitaires avec leur blog.
Les femmes ont, en effet, un véritable poids économique dans l’univers du numérique. Cependant, encore peu présentes dans l’univers scientifique, technique et informatique, cela crée un réel décalage entre l’utilisation dynamique du numérique par les femmes et la conception de ces outils restée très « masculine ».
Les femmes ont un usage du numérique plus orienté sur le partage et l’échange, et moins sur la technologie.
Aujourd’hui, il y a une sorte de rencontre entre cette nouvelle ère d’échange représentée par le web communautaire et les femmes.
Elles ont investi de façon dynamique le web communautaire et les réseaux sociaux. Parce que c’est, tout d’abord, un outil pratique, un « facilitateur de vie compliquée » pour concilier leur vie personnelle et professionnelle. Un véritable gain de temps pour elles ! Et enfin, parce que les femmes sont plus à l’aise pour communiquer. Les outils numériques sont de véritables alliés d’échange et de partage pour les femmes, elles ont l’habitude de « dialoguer » !
…mais attention à la dérive, le numérique est très chronophage : il faut savoir gérer l’équilibre entre vie virtuelle et vie hors ligne, qui peuvent s’enrichir mutuellement.
Le web aujourd’hui a une place de plus en plus importante dans l’univers des médias.
Le web représente-t-il la nouvelle ère de transmission de l’information ? Quel est l’enjeu des médias à travers l’univers du numérique ?
Je ne pense pas aujourd’hui qu’internet va remplacer les médias classiques : c’est même plus qu’un nouveau media, c’est un nouvel écosystème.
Aujourd’hui tout le monde peut devenir co-créateur de contenu, tous les internautes sont donc potentiellement des rédacteurs en ligne, des « web reporters ».
Les journalistes et les internautes doivent donc apprendre à co-habiter, il ne faut pas les opposer.
Internet optimise la transmission de l’information pour les médias présents sur le web : rapidité de l’information et alertes via des réseaux comme Facebook et Twitter.
Internet, c’est également une proximité supplémentaire avec les lecteurs : participations des internautes, commentaires,…
Aujourd’hui les médias professionnels (presse papier) ne sont pas le véritable reflet du monde de l’entreprise hommes/femmes (aucune couverture de femme pour le magazine « Management » en 2009).
Les femmes semblent s’approprier très rapidement l’univers du web qui devient ainsi pour elles un outil de visibilité et d’identification. Cependant le classement des blogs les plus influents fait apparaître seulement 2 blogs féminins et 8 blogs masculins,… Comment expliquer ce décalage ?
Les femmes sont effectivement très présentes dans la blogosphère, cependant ces chiffres illustrent un univers toujours « machiste » : les blogs féminins sont associés à la mode, la beauté, la cuisine,…
Or, nombreux sont les blogs tenus par des femmes ou des portails féminins tel que terrafemina.com qui apporte des conseils pratiques sur le travail, l’économie, l’éducation,…
Internet est aujourd’hui une aide précieuse pour soutenir les femmes, les identifier et les mettre en valeur.
Parce que les femmes ont « l’esprit de lien et de réseaux », elles se servent également d’Internet comme d’un outil pour développer leur engagement et leur solidarité : par exemple, le groupe Facebook « Des femmes pour la planète » constitué à partir du soutien de 16 personnalités influentes féminines, regroupe déjà plus de 600 membres…
Plus de doute : le temps des femmes croise aujourd’hui celui de l’Internet…