L’extrême-droite autrichienne a relevé la tête lors des dernières élections législatives. Les Pays européens – pays frères – avaient parlé sanctions puis restrictions, puis mesures inamicales. Dix ans après, du vent et des silences coopératifs.
La Hypo Alpae Adria, banque basée à Klagenfurt, a été la banque du Politicien à la chemise brune, Jörg Haider. Le Monsieur est mort mais son argent bouge encore. Avec l’aide de la banque allemande – la BayernLB – et le club local de foot, ses amis ont blanchi l’argent sale du défunt. La liste est longue : voyages en Lybie, cadeaux aux électeurs, crédits accordés, bilans retouchés, flots d’argent engloutis dans les Balkans, délits d’initiés.
En 2000, le Gouvernement Chirac-Jospin criait «haut et fort» : «On va vous isoler. L’Autriche va le payer cher». On échafaudait des «mesures inamicales», on parlait à voix très basse de «sanctions», de «restrictions». Bilan dix ans après ? Du vent.
Avril 2009 : des lycéens viennois sont expulsés d’Auschwitz pour paroles déplacées. Plus récemment, lors de la Cérémonie de commémoration de la libération du Camp de Mauthausen, d’anciens déportés français et italiens ont été agressés par des adolescents défilant au pas de l’oie et imitant le salut hitlérien. «Des blagues de potaches» a lâché en souriant Heinz-Christian Strache, patron du FPÖ.
Aux dernières élections législatives, l’extrême-droite, divisée en deux Partis (le FPÖ et le BZÖ) est sortie renforcée du scrutin. On est loin des cris d’épouvante d’hier : aujourd’hui, les Pays frères se taisent, s’habituent, banalisent, réservent leur indignation contre Chavez et contre l’Iran. En Italie, Berlusconi s’est acoquinée à l’extrême-droite. En Slovaquie, les chemises brunes sortent dans la rue. En France, on supprime les Cours d’Histoire et on offre des tribunes télévisuelles à Marine LePen. Et BiBi ne compte pas sur William Goldnagel, nouvel élu du CRIF, pour protester.