Chez Oualter, à notre étage, ou plutôt dans notre équipe, il y a pas mal de jeunes mères. Car, faut le savoir, quand les temps deviennent difficiles, que le plan social se profile à l’horizon, voire que tu te fais chier comme un rat mort dans ton job, tu ponds des gniards.
C’est une loi universelle.
Regarde, moi, j’ai bien adopté une fille virtuelle histoire de faire bisquer les deux grosses truies qui voulaient que je me fasse virer à leur place.
Il n’empêche, depuis que j’observe cette population si différente de moi, alias les jeunes mères, j’ai eu l’occasion de croiser pas mal de genres différents. Les Miss400, Les bloggeuses, les hystéro, les déprimées et…
Et mères Oualteriennes.
Il y a un certain temps, après la première vague de naissances, j’avais déjà eu un gros choc lorsque j’avais entendu une fille de l’équipe raconter que la veille, sa fille avait fait caca dans son pot pour la première fois et qu'elle en avait été si fière qu’elle avait pris la crotte en photo pour fêter ça, limite émue aux larmes.
Je la soupçonne de tenir un album photo souvenir des étrons de sa fille. D’ailleurs, je ne suis jamais allée vérifier mais si ça se trouve, sur son bureau, une photo du premier caca trône en bonne place.
Depuis, les jacasseries habituelles sur les promos de body et de couches, la diversification alimentaire et le caca express du matin qui transperce la couche juste avant d’aller chez la nounou s’étaient un peu calmées.
Avant de reprendre et de se focaliser sur un débat de premier ordre question éducation des gniards.
Les étrons.
Ça a commencé avec l’une des assistantes qui, lorsque je lui ai demandé de façon tout à fait anodine « comment ça va ? » un jour que je passais dans son bureau, m'a semblé au bord des larmes quand elle a répondu que non ça n’allait pas, mais alors pas du tout.
J'aime pas les gens mais je reste humaine. On n'est pas des bêtes.
Ignorant tout de ce qui m'attendait, je lui demande la cause de son grand trouble émotionnel.
"Ma fille a 400 grammes de selles"
Je suis restée un peu conne. J'avais compris sel, tout d'abord et ça m'a laissée perplexe. C’est quoi le problème ?
Sensément, je lui ai demandé : "mais, où ça ?"
Là, j’ai bien vu qu’elle me prenait pour une débile légère.
"Ben dans les intestins ! c’est coincé, et ça veut pas sortir"
Devant mon air toujours aussi interloqué, elle accepte de me déniaiser pour de bon et de m'expliquer touuuuutes les méthodes utilisées sans succès pour extraire le presque demi-kilo d'excréments bloqué dans le réseau intestinal de la lardonne.
Maintenant, je ne lui demande plus comment elle va si je la croise.
Dans notre équipe, il y a aussi une fille – j’en parlais déjà ici, Scarole – un peu du genre pénible. Avant d’énoncer le vague début d’une idée, il faudra d’abord qu’elle passe (et vous aussi) par 120 périphrases, cinquante références à son passé glorieux (mais on n’a jamais su en quoi) 10 allusions à tout ce qu’elle fait pour l’équipe (à savoir rien à part foutre la merde) 35 plaintes sur sa surcharge (soi-disant) de travail.
Pour compléter le portrait, je dirais que Scarole souffre également du syndrome des 36 organes de plus que les autres, à savoir elle a toujours un petit bobo qui est sûrement une maladie grave, sa vie est toujours très compliquée, tout est difficile, mais heureusement elle est là pour gérer.
Pour vous dire, elle était en congé mat avant même d’être enceinte. Quoi j’exagère ? Ouais, bon d’accord, elle a attendu trois semaines, le temps que sa promotion soit officielle pour disparaître.
Donc je vous laisse imaginer à quel point la vie s’est encore davantage compliquée depuis qu’elle a dû laisser « sa puce » à une nounou.
Elle en a changé quatre fois.
La première avait le terrible défaut de ne pas laisser le blouson de la pauvre gamine toute la journée et ne souhaitait pas davantage la faire cuire sur le radiateur. Elle n’y connaissait rien, les enfants en bas âge ça a besoin d’être au chaud.
La deuxième était pire. Figurez-vous que même lorsque la température était en dessous de 5 degré, elle voulait quand même faire prendre l’air à sa fille chérie, la chair de sa chair.
La troisième, enfin, a voulu passer à la diversification alimentaire vraiment, mais alors vraiment trop tôt alors que sa fille n’y était pas prête si sa moman n’était pas là pour lui tenir la main. Résultat, sa fille refusait de manger à la maison. Un drame terrible, la pauvre fillette avait perdu un gramme, il était temps d'intervenir.
La dernière semblait enfin convenir et pourtant.
C’est bizarre quand les gens semblent ne rien avoir à se reprocher, non ?
Alors, pour en avoir le cœur net, Scarole a décidé de la filer en loucedé pour vérifier ce qui se passait pendant que la nounou gardait sa fille.
(moi ça ne me serait pas venu à l’esprit de le faire et encore moins de m’en vanter mais passons)
La quatrième nounou habite a proximité d’un hara. Quand elle va promener les enfants qu’elle garde elle les emmène là-bas.
Et même que des fois elle monte à cheval pendant que son mari garde les mioches et les fait se promener.
Bon, moi je dis, que la nounou fasse du cheval pendant son activité professionnelle, même si son mari garde les grumeaux, j’aurais trouvé ça moyen.
Mais figurez-vous que ce n’est pas ce qui a choqué Scarole.
Non.
Non ce qui la choque profondément voire, l'inquiète beaucoup, voyez-vous, c’est que sa petite puce est en plein apprentissage de la propreté et elle RE-FU-SE que ce soit un homme qui l’emmène au pot.
(pourtant, je me dis que tant qu’il ne prend de photo du caca, y’a pas trop de souci à se faire)
C’est quoi le problème des momans de Oualter avec la crotte ?
Je devrais peut-être en parler à la cellule psychologique.