Il disait déjà : «Ca s’appelle une retraite complémen-taire, j’y ai de toute façon droit» avais-je relevé le 22 janvier dans un article de 20 minutes Henri Proglio pourrait toucher une retraite-chapeau de plusieurs millions d’euros de Veolia. Xavier Bertrand avait beau jeu de déclarer que la loi était venue encadrer les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises «Vous ne pouvez pas avoir des droits qui continueraient d’un côté et des droits qui continuent de l’autre»…
En effet, selon ce que je lis sur Le Monde du 3 février 2010 Le cumul emploi-retraite de Proglio fait débat un porte-parole de Veolia aurait confirmé que Henri Proglio bénéficiait depuis quelques mois du cumul emploi-retraite grâce à la loi de janvier 2009. Ce qui veut dire au passage que si personne n’avait moufté sur les 450000 euros de Veolia, Henri Proglio aurait touché en fait au total 3 millions d’euros ! Ni vu ni connu, je t’embrouille…
Il n’est pas sûr que cela apaise la polémique. En effet, selon Le Parisien Enquête sur le cumul emploi-retraite de Proglio cité par Le Monde, il toucherait ainsi au total 2,6 millions d’euros par an, 1,6 million d’euros chez EDF et un million d’euros de retraite-chapeau, “soit bien plus que s’il avait gardé son indemnité” (450000 euros, pour mémoire) selon le quotidien.
Comme d’habitude, Luc Chatel n’est nullement choqué. Il estime que les critiques sur le montant de la retraite-chapeau versée par Veolia à M. Proglio relèvent de “l’acharnement”. Il lui semble normal que “Que quelqu’un qui a passé près de quarante ans dans son entreprise touche sa retraite” même “s’il comprend que le montant puisse paraître élevé pour un certain nombre de nos concitoyens, mais il faut avoir en tête que Henri Proglio a consacré sa vie professionnelle à cette entre-prise, il en a fait le géant mondial qu’elle est aujourd’hui et il a cotisé pendant toutes ces années” (…) “Le gouvernement a fait voter des dispositions qui permettent le cumul emploi-retraite pour l’ensemble des salariés, nous sommes dans ce cadre-là”.
A ceci près que les retraités qui sont obligés de continuer à travailler ou prendre un job de complément le font rarement par plaisir mais bien parce que le niveau de leur retraite est insuffisant pour vivre. J’avais vu il y a quelques mois un reportage sur le Portugal où c’est quasi la règle. Les rémunérations ayant toujours été faibles, les retraites de base le sont également alors que le passage à l’euro est venu faire les mêmes ravages qu’ici dans le pouvoir d’achat.
Outre le fait que c’est précisément le niveau aberrant des rémunérations et autres avantages des dirigeants, traders et autres qui pose problème, les salariés du Régime général qui sont menacés de devoir cotiser plus longtemps – jusqu’à 61 ans ou 62 ans, avant que ce ne soit, comme en Espagne jusqu’à 67 ans ! – apprécieront toutes ces largesses auxquelles le vulgum pecus n’aura pas droit mais qu’il finance largement en tant que con…sommateur, grâce aux tarifs toujours à la hausse.
Ce qui n’est nullement une vue de l’esprit : EDF pourrait augmenter ses tarifs de 24% entre 2010 et 2015 (informations lues sur 20 minutes)… Nouvelle resucée des prétentions de Pierre Gadonneix, PDG d’EDF à l’époque, qui début juillet 2009 réclamait une augmentation de 20 % voire un peu plus sur trois ans «pour que le groupe cesse de s’endetter».
Tout cela après un emprunt dont la souscription avait largement dépassé toutes les espérances, ce qui faisait dire à Jean-Marcel Bouguereau sur son blog du Nouvel Obs que EDF veut le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Laquelle fut en l’occurrence Christine Lagarde. Habituée à dire tout et son contraire : après avoir dit annoncé qu’il n’en était pas question elle n’y trouvait soudain plus rien à redire. L’oukaze de Sarko avait dû passer par là !
Rien de changé sous le soleil : Montaigne ne disait-il pas il y a 500 ans que «Le profit de l’un est dommage de l’autre» ?