Quatre nuits avec anna

Par Grocher

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L'action se déroule de nos jours dans une bourgade polonaise pauvre et  sinistre. Léon Okrasa est un homme introverti, rasant les murs et semblant fuir la présence de ses semblables. Il travaille dans les locaux vétustes de l'incinérateur de l'hôpital de la ville. Un jour, parti à la pêche et surpris par une pluie battante, il court se mettre à l'abri, entre dans un local apparemment désert et assiste interloqué et sans intervenir au viol d'Anna, une collègue de travail. Dès ce moment sa vie va basculer car Anna va devenir une véritable obsession qui envahira tout son être. Pour satisfaire cet état  il va, durant quatre nuit, surveiller et épier la jeune femme jusqu'à s'introduire dans son appartement par une fenêtre entrouverte, profitant de l'obscurité et du sommeil de celle-ci. Il va alors la détailler, la veiller et s'en imprégner secrètement. Ainsi se passeront  les quatre nuits d'un homme tourmenté et traumatisé dont la curiosité envers cette femme se mêle à l'amour. Le tout est alors de savoir où cette aventure passagère mènera cet homme modeste et solitaire...

  

Nous voici parachutés dans une petite ville polonaise témoignant des difficultés et de la rudesse de la vie, tout au moins dans cette région. Le ciel est gris, et quand ce n'est pas la pluie c'est le froid et la neige qui apparaissent. Dans ce triste décors les gens sont un peu au diapason des lieux et c'est là que Léon Okrasa évolue. Son emploi précaire à l'incinérateur de l'hôpital ne lui permet que de vivre dans une masure avec un minimum de confort. Cette petite ville possède une atmosphère particulièrement glauque et Léon contribue à confirmer cette impression. Dès le début de cette intrigue il achète une hache, rase les murs, s'arrête, épie, revient sur lui-même et repart, va de son domicile sordide aux sinistres locaux de l'incinérateur. Puis sous un ciel chargé de gros nuages, une charogne flotte au fil de l'eau de la rivière, le cortège d'un enterrement traverse la ville jusqu'au cimetière alors qu'une personne se fait tuer par un automobiliste qui la renverse. Une infirmière se fait violer par un inconnu sous le regard pétrifié de Léon sur lequel certaines présomptions vont alors peser. Subjugué par Anna la victime il va tenter durant quatre nuits d'entrer dans l'intimité de la jeune femme en surveillant d'abord ses moindres faits et gestes de sa propre fenêtre. Puis, petit à petit, comme un animal sauvage il va s'approcher de la maison d'Anna. Aucune force ne pourra l'empêcher alors d'entrer la nuit dans l'appartement. En secret, il va s'occuper d'elle et en prendre soin en la recouvrant d'une couverture par peur du froid. Il observe le peu qu'il voit des parties intimes de son corps, il fait la vaisselle, la range,lui recoud un bouton de vêtement, recouvre de verni ses ongles de pieds et lui glisse une bague au doigt, en fait il s'approprie, en secret, la jeune femme. Puis, avec beaucoup de respect, il se retire dans la nuit. Malgré tout l'attachement qu'il porte à  Anna, Léon est coupable pour la justice, coupable pour Anna de n'être pas intervenu lors du viol. Il se retrouve alors en prison où Anna vient lui rendre la bague en lui signifiant que son amour pour elle est sans espoir. De retour de sa pénitence, avec sa hache Léon va casser une partie du mur de sa maison pour installer une fenêtre.  Est-ce le symbole d'une liberté retrouvée? Anna n'est plus accessible et en s'échappant de cette fenêtre, Léon se retrouve immobile devant un mur tout gris et ne peut poursuivre son chemin...

 

Depuis 1991,Jerzy Skolimowski n'avait pas réalisé le moindre film. Pour son retour derrière la caméra, cette oeuvre fut choisie pour être projetée en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs du 61 ème Festival de Cannes. La critique se montra enthousiaste et, personnellement je suis plus réservé que la presse. Jerzy Skolimowski m'a indisposé dès le début de ce film car en fait on ne voit pas très bien quelles sont ses intentions. Il nous montre un très mauvais côté de la Pologne autant par ses paysages que par ses personnages et cette image est tellement inquiétante que l'on pense entrer dans un genre de film gore. Les évènements morbides qui se déroulent ne font rien pour arranger cette sinistre image. Puis on finit , après la scène du viol, à comprendre les intentions du héros de l'histoire. L'action se déroule lentement, la caméra du réalisateur s'attardant sur le moindre détail, le moindre geste de Léon. L'intrigue se déroulant pour sa partie la plus "prenante" de nuit, cela se rajoute au climat morbide du film dont on a bien du mal à suivre le fil. De plus, des flash -back accroissent la complexité et la compréhension de ce film. Celui-ci pourtant peut être touchant grâce à l'interprétation assez exceptionnelle d'Artur Steranko dans le rôle de Léon, mêlant avec un naturel fou un personnage rustre, renfermé, presque autiste avec une personnalité tendre, naïve et emprunte d'une timidité attendrissante. Une musique de circonstance alourdit un peu plus le climat pesant et intrigant, régnant tout au long de cette oeuvre.

 Pour être franc, à la sortie de la séance ce film me faisait l'effet d'un puzzle dont on essaye de reconstituer le sujet. Il est vrai que la tentative de nous entraîner dans cette aventure nocturne est certainement une très bonne idée. Il m'a fallu réfléchir un instant avant de me lancer dans cet article décrivant un film qui m'a paru  très long, trop long et beaucoup trop tarabiscoté. Si vous ne craignez pas l'insomnie, je peux tout de même, sur la pointe des pieds, vous conseiller ce film assez confidentiel.