Il y tient la distance sans faiblir et poursuit d'ailleurs son chemin sur la Toile. J'en profite pour introduire dans ce blog un élément qui y manquait, mais dont ma paresse congénitale retardait sans cesse l'apparition: une liste de liens littéraires vers des sites dont, en ce qui me concerne, j'ai beaucoup de mal à me passer. Aujourd'hui, j'introduis donc le premier lien. Ce n'est certes pas grand-chose, mais il est de qualité. Et puis, qui sait combien il y en aura dans un mois?
Pas vous?
Pas moi non plus, en réalité...
Eric Chevillard ne se contente pas de tenir un blog. Il écrit des romans, aussi, et Choir vient de paraître.
Eric Chevillard s'est placé dans une position inconfortable. Depuis qu'il a ouvert le blog L'autofictif, ses trois paragraphes quotidiens sont devenus une drogue dont la dépendance va croissant. L'écrivain dealer a perdu le droit de nous en priver. Pour n'en rien manquer, les junkies achètent les volumes qui rassemblent ses textes. Le deuxième vient de paraître: L'autofictif voit une loutre. Excellente préparation à la lecture du roman qui l'a précédé de quelques jours, Choir. Pour deux raisons au moins.Lire la suite.
D'abord parce que Chevillard annonce, bien qu'avec discrétion, le livre à venir. Dont il dit notamment: «Voici un livre bien peu aimable, peu plaisant. Non, mais qu'est-ce que c'est que ce monstre? D'où sort-il? Où va-t-il? Que me veut-il?»
Ensuite parce que choir dans Choir sans préparation mentale est un exercice dangereux, comparable à un cent mètres sans échauffement. Le coureur risque de se claquer un muscle. Le lecteur, de péter les plombs. Il convient donc de s'assouplir l'esprit, de l'habituer aux efforts brutaux, aux changements de rythme, aux régimes les plus saugrenus, aux associations d'idées les moins convenues. Alors, et alors seulement, on pourra ouvrir Choir.
Ne cherchez pas le Costaguana sur une carte. Ce pays a été imaginé par Joseph Conrad dans Nostromo, et inspiré par l'histoire alors récente du Panamá. La petite république se détache de la Colombie le 3 novembre 1903, le roman de Conrad paraît en janvier 1904. Dans cet espace de temps, José Altamirano a été dépossédé de sa vie, qu'il a racontée à l'écrivain et que celui-ci a utilisée comme bon lui semblait. «Ceci, cher monsieur, est un roman», répondra Conrad à Altamirano venu lui reprocher d'avoir travesti son récit.Lire la suite.
Conrad, son «âme jumelle», obsède donc tout naturellement Altamirano quand il entreprend de raconter son histoire lui-même. Il commence par la fin en annonçant: «Disons-le tout net: l'homme est mort. Non, c'est insuffisant. Je vais être plus précis: le Romancier (oui, avec une majuscule) est mort. Vous savez bien de qui je parle. Non? Alors je fais un nouvel essai: le Grand Romancier de langue anglaise, d'origine polonaise et marin avant d'être écrivain, est mort.» Une information libératrice puisqu'elle lui permet de rétablir sa vérité.