Ça décoiffe sévère en Helvétie. On dirait la réplique d'Oli, le cyclone qui vient de secouer la Polynésie française. En lisant la charge de Yann Moix sur nos amis suisses, je me suis dit que l'effet minaret n'était plus le dernier avatar dans la si paisible Confédération voisine. Voici qu'elle se met à crépiter comme un amas de bois prenant feu, suite au tir nourri de l'écrivain et réalisateur français à propos de Roman Polanski.
C'est sur le site de la revue « La règle du jeu », dirigée par Bernard-Henri Lévy, que Yann Moix signe un texte en faveur du cinéaste franco-polonais, selon lui injustement assigné à résidence. Dans ce brûlot, il porte sur la Confédération un jugement brutal et sans concession. Bien que depuis l'auteur ait retiré la chose du site, poussé par la réaction très violente, elle aussi, d'une opinion traumatisée par la virulence de l'agression, l'affaire laisse des traces conséquentes dans les esprits. Yann Moix ne s'embarrassant pas de scrupules, ni ne cherchant davantage à donner dans le préambule, burine les fissures de l'immeuble helvète au marteau piqueur. Pour lui, la Suisse n'est pas un pays, mais une prison subventionnée par les USA. Il trace cela d'une grosse écriture bien lisible. De quoi faire danser les dentiers dans des bouches extrêmes. La chose est assez drôle et ça fait jaser les âmes puritaines. Que chacun fasse ce que bon lui semble avec.
Extraits : « Roman Polanski restera emprisonné en Suisse : c’est la Suisse la prison. C’est la Suisse le bourreau. C’est la Suisse la sentence. » Chauffé à blanc, l'écrivain-cinéaste, n'a pas envie de donner dans la dentelle, c'est à la balle dum dum qu'il s'ouvre le chemin et à l'arme blanche qu'il achève les derniers survivants. C'est la guerre : “La Suisse est un pays pornographique. Sales affaires (comptes bancaires, fiscalité), sale comportement (arrestation de Polanski) : tout est propre dans les rues suisses, dans les montagnes suisses, dans les vallons suisses, tout est très propre parce qu’au fond tout y est sale dans les tréfonds, dans les fondements, dans les soubassements. C’est un pays qui se vend sans cesse au plus offrant. Qui courbe incessamment l’échine devant le plus fort. C’est un pays qui fait basculer les choses vers le plus dictateur, le plus violent, le plus menaçant. La Suisse ne se donne même pas, comme le feraient des salopes ordinaires : la Suisse se prête au plus fort. Elle prête sa soumission. C’est une pute. Elle écarte les jambes quand viennent à passer un officier nazi, ou une très grande puissance comme, par exemple, aujourd’hui, nos amis les États-Unis.“