Gavage de week-end, non-professionnalisme latent; c’est armé de mon petit portable et marchant fièrement vers Mains d’Oeuvres que je me remémorais les question inutiles et chiantes que j’allais poser à l’excellent quatuor nantais Fordamage, digne représentant d’une scène noise-rock française trop peu mis en avant mais qui se révèle porteuse de pépites honteusement ignorés. Explications avec Anthony (bassiste), Vincent (guitare) et Pierre (batteur) qui rejoindra l’équipe en fin d’interview.
Q: Je voulais savoir si y’avait un LP qui allait sortir par rapport à votre dernier album, une sortie vinyl…
A: (rires) Alors c’est la grande question du moment… Parce que « Belgian Tango », le deuxième disque qu’on a sorti chez Kithybong en mars dernier, on en a bientôt plus, ce qui est plutôt en soi une bonne nouvelle, mais du coup on se tâte à faire refaire un pressage et on se dit quitte à refaire un pressage, autant le faire en vinyl, mais on est en discussion…
V: Je trouve ça juste dommage de sortir un vinyl six mois après, et que les gens qui l’ont acheté en CD… ils se retrouvent coincés. En fait, on devait le faire avec quelqu’un, mais il a été étonné du virage un peu moins hardcore qu’on a pris sur le deuxième disque, du coup ça c’est pas fait… Et puis Kithybong pouvait pas tout faire, bien que ce soit sûr que le prochain sortira en CD et en vinyl… Mais il sortira… Quand on aura commencé à écrire des morceaux. (rires)
Q: Et la suite, c’est pour quand… ?
V: On commence juste à se remettre au boulot, on sait pas encore trop ce qu’on veut faire mais on a déja pas mal de sessions de répèts en vues… Il devrait tomber vers, début 2011, quelque chose comme ça.
Q: Vous étiez content des retombées du disque? Je veux dire, ça vous a surpris?
V: Surpris, je sais pas… On était content, quoi. En tout cas, on était hyper content du disque déja, par rapport au premier ou on avait pas mal de regrets, on savait plus ce qu’on voulait faire pour « Belgian Tango » et c’est ça qui nous a motivés
A: … On a pris beaucoup plus de temps pour le faire aussi
V: Oui, on a pris plus de temps, on a fait pas mal de concerts aussi, donc on a pas à se plaindre à ce niveau là
Q: Au niveau de vos concerts, d’ailleurs, vous avez tournez, si je ne m’abuse, en Angleterre et en Espagne, et j’aurai bien voulu savoir les différences de scènes avec la France, niveau accueil, public, facilité de jouer…
A: Forcément, c’est différent, c’est pas les mêmes assos qui organisent, mais en général, on a quand même été super bien accueilli, que ce soit en Espagne ou en Angleterre
V: Au niveau du public, les gens sont quand même plus oufs qu’en France, mis à part le concert que t’as vu à la Miroiterie (concert auquel j’ai assisté en juin dernier, à Paris, et ou le public était effectivement loin d’être statique et endormi), où on était hyper content parcque les gens réagissaient vraiment, c’est pas trop la folie. Alors que quand on va en Belgique ou en Allemagne, les gens sont vraiment contents et bougent un peu plus leur popotins,
A: Les gens sont un peu moins statiques qu’en France.
Q: J’aimerais que vous me parliez maintenant de la fortement active scène musicale nantaise, comment ça se passe là-bas? Y’a un vivier de groupes au potentiel assez fortement élevé, vous pourriez me le présenter?
A: La première fois qu’on a tourné, c’était avec Room 204, un duo guitare-batterie de Nantes avec Emeric, le mec de qui gère Kithybong avec son frère, Anthony, et Marion. Donc, ouais, la scène nantaise est assez dynamique, ça bouge pas mal. Y’a ChooChoosShoeShoot, qui sont sur notre label, y’a Komandant Cobra, qui sont nos potes et qui sont vraiment chouettes, y’a aussi Papier Tigre avec qui on a fait pas mal de dates y’a deux ans, et il en reste pas mal d’autres. Non, c’est vraiment cool.
P: C’est une grande famille, tout le monde se connait et ça forme pleins de super groupes de copains finalement.
Q: Et dans cette famille, y’a un groupe qui vous tient particulièrement à cœur? Que vous préférez?
A&P: Room 204
A: Y’a aussi Perceval Music qui vient de sortir un super album, super groupe.
Q: Niveau assos, labels?
V: Force Béton, qui organise pleins de supers concerts de noise-rock française, comme Marvin, mais aussi étranger et qui possède aussi un atelier sérigraphie, ils ont une super façon de fonctionner. Y’a Yamoy aussi, un cran au-dessus maintenant avec le Soy Festival (festival qui se déroulait à Nantes y’avait quelques jours de cela avec une programmation bien plus qu’alléchante) où on a joué y’a deux jours. C’est d’ailleurs Amélie qui a fait l’affiche. Sinon, y’a le Ferrailleur ouvert depuis deux ans, et qui est une salle très active et celle de Thomas Nédelec qui a enregistré notre album. Il y a aussi le Fouloir, un lieu autogéré super actif, qui fait des concerts dans une piscine vide! Y’a un groupe qui nous tient à cœur aussi, mais ils sont de Rennes, c’est Möller Plesset. Ils sont vieux… mais ils jouent bien (rires).
Q: Vincent, au niveau de ton projet solo, My Name Is Nobody, j’ai appris que t’avais tourné aux US. Comment t’en es arrivé là?
V: J’avais rencontré un type d’un groupe qui s’appelle Pillars & Tongues y’a 4 ans à Nantes, puis j’ai tourné avec eux en France en Novembre dernier. Du coup, ils m’ont proposé de venir aux US pour que je fasse quelques concerts avec MNIN, c’est eux qui ont tout organisé, donc ça simplifie les choses.
Q: C’était bien? C’est différent par rapport à la France? T’as été surpris?
V: Tout est plus détendue, clairement, notamment au niveau des soundchecks: on a dû faire 2 balances pour 15 concerts. C’est plus de la débrouille, fait à l’arrache, malgré le fait que ce soit organisé dans des clubs, avec des sonos réglos. Les gens sont plus relax aussi, il viennent te parler plus facilement qu’en France, et puis tourner aux US, c’est vraiment cool rien que pour les paysages. On a fait pas mal de concerts là-bas, ça s’est super bien passé.
Q: C’est plus un groupe à géomètrie variable qu’un projet solo, non?
V: Ouais, effectivement, l’année dernière, je tournais avec Fordamage et My Name Is Nobody, du coup c’était Pierre qui m’accompagnait à la batterie. Peut-être que ce sera lui d’ailleurs pour les prochaine dates, si l’autre batteur qui doit venir travaille à ce moment. Y’a toujours une base fixe, quand je suis tout seul, mais souvent je suis rejoint par Faustine, au piano, et Benjamin de The Healthy Boy, à la basse, et parfois par quelques potes. Donc oui, on peut dire que MNIN reste un projet à géométrie variable.
Q: Retour à Fordamage: sur votre dernier disque, l’excellent « Belgian Tango », vous avez fait un effort assez significatif au niveau de la basse, qui est beaucoup plus puissante qu’avant. C’est grâce à votre travail avec Thomas Nédélec, votre ingé son?
A: D’abord, c’est parcqu’on s’est achetés des vrais guitares, avec des vrais amplis (rires)… Mais quand tu compares avec le premier disque, qu’on a enregistré alors que ça faisait à peine 6-8 mois qu’on jouait ensemble, c’est très rapide. « Belgian Tango », on a mis deux ans pour le faire, Thomas Nédelec est notre sonorisateur sur pas mal de nos concerts, donc il nous a enregistrés en connaissance de cause. Clairement, le son est meilleur, il est représentatif de ce qu’on voulait faire pour ce disque, et c’est pour ça qu’on en est content
Q: Dernière question: des projets de tournée à venir?
A: En avril 2010, petite tournée européenne qui passera par l’Allemagne, la Hollande, la Belgique et la France évidemment, avec Marvin de Montpellier. On a déja quelques dates de calé en France, une à Orléans, mais je me rappelle plus quand, et on joue à Paris le 3, à la nouvelle Flèche d’Or!
Fordamage