C’est à Silver Lake, à deux pas de Los Angeles, que les cinq membres de Local Natives se rencontrent au lycée. Quelques années plus tard, alors qu’ils viennent d’obtenir leur diplôme de l’université, ils décident de s’installer ensemble dans une maison au nom plutôt étrange : “Gorilla Manor”. De cette expérience communautaire, il leur reste des souvenirs de soirées bien arrosées mais surtout cet album, aux harmonies étonnantes.
Le look de ces jeunes Californiens est, comme leur musique, parfaitement dans l’air du temps. Soigneusement négligés, ils exhibent chemises à carreaux, moustaches et autres curiosités capillaires. Leur musique, elle, rappelle les arrangements ciselés d’Arcade Fire, les harmonies de Fleet Foxes ou Grizzly Bear et les guitares frénétiques de Vampire Weekend.
Sun Hands constitue le titre le plus accrocheur de ce début d’album: des rythmes africanisants, une guitare délicate et quelques harmonies vocales se mettent doucement en place jusqu’à ce que le tout explose en un punk électrisé et chaotique. World News, qui suit, traduit parfaitement l’urgence paradoxale qui se dégage de l’ensemble des compositions : les chœurs envoûtants s’entrechoquent avec rythmes et guitares épileptiques pour ne former qu’un ensemble entêtant.
L’album contient également un titre des Talking Heads, Warning Sign, que les Californiens auraient très bien pu écrire tant il s’insère bien au milieu des autres chansons. Originellement joué pour pallier le manque de morceaux pendant les premiers concerts du groupe, les Local Natives se le sont si bien approprié qu’ils ont décidé de le faire figurer sur l’enregistrement studio.
Un élément vient cependant nuancer notre enthousiasme : si les Local Natives parviennent à proposer un album significatif et de très bonne qualité, parfaite synthèse de l’indie pop contemporaine, il leur manque néanmoins une once d’originalité pour dépasser les maîtres du genre sus-cités. Mais on n’en doute pas, la longue tournée qui s’annonce sera l’occasion pour ce jeune groupe de s’émanciper et de regarder sereinement vers l’avenir.
Enfin, et c’est suffisamment rare pour être souligné, l’artwork de l’album est particulièrement soigné. Manifestement, il est lui aussi un témoignage des nuits agitées de Gorilla Manor : le poster, sur lequel figurent les paroles des chansons, met en évidence d’un côté les restes d’une bataille de bouffe, de l’autre Matt Frazier, le batteur, endormi dans un mélange d’eau, de beurre de cacahuètes, de sucre et de farine… L’ensemble est presque warholien.
Local Natives – Gorilla Manor
Sortie le 11/01/10
En concert le 17 février à Paris, le 18 à Tourcoing, le 19 à Saint-Lô et le 20 à La Route du Rock Collection Hiver
Le Myspace de Local Natives