Don DeLillo, dont le nouveau roman, Point Omega, est sorti en début de semaine aux Etats-Unis, est aux antipodes d'un Thomas Pynchon ou d'un J.D. Salinger. Il voyage, voit des amis, donne des lectures à l'occasion. Les gens le reconnaissent : léger, homme réservé, sérieux et grisonnant. « Je souris seulement quand je suis seul » confesse-t-il. Sa reconnaissance littéraire le met mal à l'aise. « Je suis devenu un écrivain culte dans les années 70, cela signifie que très peu de gens me lisaient ».
Contrairement à Underworld (Outremonde), une plongée de plus de 900 pages dans l'histoire américaine du siècle dernier, Point Omega, s'inscrit dans la continuité des travaux récents de DeLillo (L'homme qui tombe). Il est concentré, concis et dépouillé. Il compte 117 pages seulement.
Trois personnages principaux seulement habitent le roman et leurs conversations sont courtes. D'après Michiko Kakutani, (critique littéraire américaine pour le New York Times) le style de DeLillo se rapproche de la prose Beckett.
Don DeLillo a eu l'idée de ce livre pendant l'été 2006. Il se trouvait alors dans un musée d'Art Moderne dans lequel il est tombé sur une installation vidéo de Douglas Gordon composée de photogrammes de Psycho d' Alfred Hitchcock projetés à la vitesse de deux images par seconde. A cette vitesse la projection du film durait une journée entière. « Je me suis retourné quatre fois, à la troisième fois j'ai su ce que j'allais raconter » dit-il.
DeLillo a été particulièrement interpellé par « l'idée du temps et du mouvement, de ce que nous voyons, ce que nous manquons quand nous regardons les choses de manière habituelle ». Le prologue et l'épilogue du roman se situent donc dans une galerie d'art moderne, devant cette installation.
Entre ces bornes, on suit Jim Finley, un jeune cinéaste et Richard Elster, un intellectuel conservateur et âgé. Finley veut faire un film sur Elster et le suit jusqu'au désert d'Arizona, où le vieil homme est parti pour se relaxer et connaître une autre perception du temps. Point commun entre Elster et le philosophe français Teilhard de Chardin, la quête du Point Omega, le pôle de convergence de l'évolution.
DeLillo est âgé de 73 ans. Ce qui a dû motiver sa réflexion sur le temps. On espère que la traduction française ne tardera pas trop...