Aujourd'hui, selon Xavier Ternisien dans le journal Le Monde, c'est le Syndicat des imprimeries parisiennes (SIP, syndicat regroupant les ouvriers rotativistes de la presse nationale [1]), qui menace de « bloquer » l'accord "Imprime" signé fin 2009 pour réduire les sur-effectifs récurrents avec le départ de 350 personnes. Le coût de 75 millions €, soit plus de 200 000€ par ouvrier, devait être pris intégralement en charge par le contribuable.
Le coût de l'impression reste malgré tout extrêmement élevé par rapport à l'imprimerie classique en raison d'avantages obtenus grâce au monopole syndical du syndicat du livre CGT : selon le rapport sénatorial "Jusqu'où aider la presse" (sic.) : « Le coût d'impression, pour un travail identique, en offset, sur papier journal, provient à 80 % des salaires dans l'imprimerie de presse (dédiée à l'impression des quotidiens), contre 35 % dans l'imprimerie de labeur (impression des magazines). »
Par conséquent, le groupe Bolloré, qui publie Direct Matin et Direct Soir, a décidé de choisir un imprimeur de la presse magazine et non de la presse quotidienne. Cette tentative de faire jouer la concurrence a suscité l'ire du SIP qui a empêché régulièrement la distribution des journaux et serait, selon les déclarations de la police, responsable de la destruction de 150 000 exemplaires hier.
Le syndicat estime pour sa part que l'accord "Imprime" rend nécessaire l'impression des journaux gratuits dans les imprimeries de la presse quotidienne pour augmenter sa charge de travail. Une prise de position que même le journaliste du Monde prend avec des pincettes puisqu'il multiple les "semble" et les conditionnel... En effet, le groupe Bolloré n'est pas membre du syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), il n'est pas tenu par l'accord Imprime... Et quand bien même il le serait, on aurait bien du mal à voir la pertinence du choix systématique de l'imprimeur le plus cher, au lieu de la restructuration du secteur pour baisser des coûts extrêmement élevés en raison du monopole syndical indu qui y règne.
Il faut espérer que cette affaire permettra à une réelle concurrence de voir le jour dans les imprimeries de la presse quotidienne, au plus grand bénéfice des lecteurs et des journaux. La prise en otage de tout un secteur d'activité par un syndicat ultra-subventionné n'est en rien justifiable.
Les dernières attaques du Syndicat du Livre, qui soutient que Bolloré tente d'affaiblir Le Monde, semble une tentative de diversion bien maladroite et peu convaincante...
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Inquiétude pour la liberté de la presse en France, alors qu'un commando a détruit 150 000 exemplaires du quotidien gratuit du groupe Bolloré dans les locaux de cette imprimerie filiale du groupe Maury. Grève du Syndicat du Livre : la presse dénonce une prise d'otage[1] Le syndicat des imprimeries parisiennes est une composante du syndicat du livre CGT, connu pour ses méthodes musclées.
Image : Logo des syndicats CGT de l'imprimerie