Essayons un autre ratio de rentabilité : le ROE (Return On Equity) ROE : le rapport entre le résultat net et les capitaux propres investis par les actionnaires.
ROE = Résultat net / Capitaux propres (actionnaires)
Ce ratio va donner la capacité de l’entreprise à rémunérer les actionnaires soit sous forme de dividendes soit sous forme de capital réinvestis en réserves. C’est un indicateur intéressant car avec cette équation nous pouvons écrire :
Comme actif = passif on peut écrire :
Le taux de marge commerciale, la rotation des actifs et le taux d’endettement créent une fonction croissante du résultat et de la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires.
Cette équation est intéressante car si nous suivons son évolution dans le temps nous allons vite connaître l’origine de la rentabilité. S’agit il, d’une performance réelle de l’entreprise (actifs) ou d’un jeu financier ?...
Plus vous endettez l’entreprise en choisissant bien vos types d’actifs plus votre résultat augmente (jusqu’à un point critique où le risque n’est plus supportable par les actionnaires). L’effet levier de l’emprunt (dans la période bénie du crédit très peu cher que nous venons de vivre…) qui s’exerce quand la rentabilité économique de l’entreprise est > au coût du crédit, ne va faire que renforcer ce raisonnement. Plus l’entreprise s’endettera (banques…), plus elle enrichira ses actionnaires de façon plus que proportionnelle…
Un ROE fort va dépendre de 3 facteurs : - Le taux de marge nette qui exprime une des variables de la politique commerciale (une marge nette forte) - La rotation des actifs (des stocks pour la distribution par ex) c'est-à-dire la plus ou moins grande productivité de l’entreprise - Le taux d’endettement ou le levier financier (structure financière)
Selon les analystes et en règle générale, « on considère qu'une société réalisant sur les 5 dernières années un ROE supérieur à 10% sans être trop endettée est intéressante à prendre en considération. A partir de 20% de ROE, l'investissement devient très intéressant à étudier. »
Inconvénients de ce ROE : Cet indicateur jugé comme un des plus importants ratios financiers, conserve les mêmes inconvénients que le ROI (absence de prise en compte des actifs immatériels). Par ailleurs, il est important de rester sur le même secteur d’activité pour pouvoir comparer le ROE des entreprises ; certaines nécessitent beaucoup de capitaux propres (sidérurgie) pour exister et d’autres beaucoup moins. D’un point de vue stratégique, un ROE élevé peut donc signifier une facilité pour les nouveaux entrants d’accéder à un secteur car nécessitant peu de capitaux propres.
Dans le mouvement de contestation qui souffle sur le ROE, pourtant si cher aux actionnaires, je ne peux m’empêcher de citer Frank Riboud (le patron de Danone) qui dénonçait dans le journal Le Monde de mars 2009, le attentes excessives de rendement des actionnaires (15%, 20%...) par rapport au capacité du marché et à son taux de croissance (de 3 à 5%..) : « Pendant de nombreuses années (.....), il était admis qu'une entreprise avait pour seule finalité de générer une valeur maximale et toujours croissante pour ses actionnaires. Cette conception étroite du rôle de l'entreprise nous a conduits dans l'impasse, et c'est pour moi une des leçons majeures de la crise ». Enfin un vrai patron ! J’aimerais beaucoup lire Carlos Ghosn sur ce sujet ; pas de réaction des banques non plus, dommage!...
En conclusion, gardons un œil sur ces indicateurs et restons vigilants. Ces attentes excessives de rendement ont amené les entreprises à se déshabiller de leurs actifs « lourds » en faisant jouer l’effet levier de l’emprunt au maximum, sans projeter l’activité de l’entreprise sur le moyen terme. Delà à imaginer une stratégie de certains actionnaires, dirigeants ou financiers à vampiriser les (ou leur…) entreprises et à s’enfuir une fois la « bête vidée » ? Il n’y a qu’un pas !... Attention aux raisonnements financiers…
Un autre ratio de rentabilité : Le ROCE (Return On Capital Employed )
Le ROCE mesure la rentabilité économique (Résultat d’exploitation, EBE…). Il va tout prendre en compte sauf les éléments financiers (essayons de trouver une parade au ROE) divisé par l’ensemble des moyens mis en œuvre pour assurer l’exploitation (Immobilisation d’exploitation ( immob incorpo,et corpo) + BFR d’exploitation)
ROCE = Résultat économique / Capital d’exploitation
Avec cette équation on peut écrire :
La rentabilité économique = taux de marge économique x Taux de rotation du capital d’exploitation.
La rentabilité économique forte dépendra : - Taux de marge fort (politique de prix de la stratégie commerciale) : augmenter la rentabilité des ventes - Rendement du capital d’exploitation : augmenter la rotation des actifs
Ainsi la même rentabilité peut être obtenue avec des stratégie totalement contraires (on retrouve ma courbe en U) : - Une marge faible avec une très forte rotation des actifs (Grande Distribution) - Une marge très forte obtenue par la valeur perçue (différenciation produit) avec une rotation faible des actifs (Bijouterie…)