Organic highway de Mikael Hansen (DK) 1995
Qui n'a jamais été émerveillé devant le beauté et la complexité de la nature. Et portant, elle a une facheuse tendance à garder toujours précieusement ses secrets que l'on essaie de percer à
grand coup de science... Dès qu'un mystère se lève, c'est pour ouvrir la boite de Pandore et en découvrir de nouveaux,
alimentant certaines frustrations propres à l'homme dans la maîtrise et la connaissance de mère nature.
De par cette frustration, on veut absolument la domestiquer, la contrôler pour lui faire respecter un certain ordre : le nôtre ! Comme la nature est tétue... notre obstination n'a eu de cesse de
nous éloigner de l'élément naturel alors que pourtant, notre survie en est totalement dépendante.
Dans une lignée de pensée qui vise à retrouver cette relation entre l'homme et la nature, est né un mouvement artistique dont les préceptes seraient de nous reconnecter à la nature par
l'intermédiaire d'une architecture et de constructions naturelles. J'ai nommé : "l'architecture naturelle". En explorant ce que veut dire dessiner, composer et construire avec la
nature, les artistes s'apparentant à ce mouvement tendent à rendre plus harmonieuse la relation de l'homme à la nature.
Owache de Patrick
Dougherty (USA) 1999
Le mouvement d'architecture naturelle a émergé d'une autre forme d'art des années 60 : le land art. Ce dernier était apparu
pour contrer un peu l'austérité des ambiances de gallerie d'art, mais protestait aussi contre le mode de commercialisation de l'art. Au final, le land art a trouvé son positionnement
en décloisonnant le lien "formel" qui existait entre art et nature. Sans le savoir, ce mouvement allait façonner tout un courant de pensée réintroduisant d'une manière nouvelle la nature dans
l'art et même le design.
La tonelle, Bruni & Barbarit, (FR), 1996
L'architecture naturelle se répand donc en quelque sorte sur les terres du land art bien qu'en agissant plus en activiste qu'en pure protestation. Ce courant a pour but de capter ces moments de
connexion harmonieuse entre l'homme et la nature, et de le faire par le biais de l'architecture. Le fond de pensée de ce mouvement etant donc de faire vivre l'humanité harmonieusement sur terre,
en l'utilisant certes, mais aussi en la respectant.
Artistes, mais aussi architectes et designers composent ce mouvement. Leurs oeuvres sont en général, simples, humbles, basiques au niveau des matériaux et des besoins en construction. On replonge
donc dans des mondes presques ancestraux, image ultime d'un désir de retour à moins de technologie (le Low tech, j'y reviendrai dans la semaine...).
bridge in moasi edward
ng, chine, 2005
Construction dépouillée, mais belle du premier coup d'oeil, leur architecture mais aussi leur intégration à l'environnement extérieur etonne même le metrosexuel-geek-urbain poussé, c'est
dire...
Comme c'est un art, les formes d'expression sont nombreuses, allant des happenings artistiques naturels, en passant par des constructions à partir de matériaux vivants, ou encore des projets plus
humanitaires et de développement. Destinés à être vues, elles ont le mérite de donner un nouveau cadre, une nouvelle approche à l'architecture, en jouant sur le côté subversif de la simplicité
des formes et des matières pour mieux faire passer l' idée que l'architecture ne doit pas "cacher " la nature en passant au premier plan.
Un côté brut donc, qui n'a pas peur de montrer les matériaux pour ce qu'ils sont. De la même manière, c'est un art qui se détruit dans le temps puisque les structures évoluent jusqu'à
disparaître, et renvoient à l'architectue conventionnelle cette notion de durabilité et d'intégration au milieu naturel. Se positionnant comme fournisseur d'idées et d'inspirations,
l'architecture naturelle compte bien nous faire repenser notre relation à l'environnement, et j'ai envie de dire que l'effet est efficace.
La serre et la cahute, Bruni & Barbarit, (FR), 2002
++ inspiré, traduit et réadapté d'un petit dossier de DesignBoom
++ ouvrage sur le sujet