Karen
vient de retrouver pendue dans son chalet d'été, sur les bords du lac du Thingvellir,
sa meilleure amie, Maria. Alors que la thèse du suicide ne semble faire aucun doute, Karen, qui n'est pas de cet
avis, confie une cassette au commissaire Erlendur, celle enregistrée au cours d'un entretien de la défunte avec un médium, pour pouvoir prendre contact avec sa mère décédée il y a deux ans. Après
son écoute, ce dernier, intrigué, mène sa petite enquête à l'insu de tous, de même qu'il reprend deux affaires de disparition restées inexpliquées depuis plusieurs décennies, comme celle de son
propre frère. Parallèlement d'ailleurs, sa vie passée le rattrape en la personne de son ex-épouse, Halldora, que sa fille oblige à revoir.
"Le vieil homme l'attendait dans le hall. Autrefois, il passait au commissariat accompagné de sa femme, mais cette dernière étant
décédée, c'était désormais seul qu'il rencontrait Erlendur. Le couple venait régulièrement le voir à son bureau depuis bientôt trente ans, d'abord chaque semaine, puis une fois par mois, ensuite
la fréquence de leurs visites s'était espacée à quelques fois par an, à une fois par an et, pour finir, à une fois tous les deux ou trois ans, le jour de l'anniversaire de leur fils. Depuis tout
ce temps, Erlendur avait appris à bien les connaître, eux et cette douleur qui les poussait à venir le voir." (p. 43)
Dans ce sixième roman traduit en français de notre désormais célèbre auteur de polars
venus du froid, les affaires se croisent et font écho de manière bien plus évidente à la vie privée de notre cher commissaire Erlendur. Les couples se déchirent, se séparent ou s'entretuent, de
jeunes gens disparaissent mystérieusement, sans laisser aucune trace durant des décennies, des visions de défunts hantent ceux qui leur survivent... il n'en fallait pas moins pour que notre
commissaire, divorcé, et n'ayant jamais pu faire le deuil de son frère, ne prenne à coeur ces trois affaires que d'autres auraient eu tôt fait de classer. Certes, on devine assez vite, à son
obstination, que lumière va être faite sur ces
disparitions et sur les causes de ce suicide, qui peut être suspecté. De même, ces histoires de fantômes,
d'expériences interdites, de médiums, de lumière au bout du tunnel, peuvent laisser dubitatifs, encore que ces croyances soient répandues en Islande. Mais, comme toujours, Arnaldur Indridason
réussit à nous captiver et revient à son thème de prédilection : pouvoir faire le deuil d'un être cher.
Ne lisez surtout pas la 4e de couv. de ce polar : elle vous révélera bien trop d'informations !!!
INDRIDASON, Arnaldur. - Hypothermie /trad. de l'islandais par Eric Boury. - Métailié, 2010. - 294 p. : couv. ill. en coul.. - (Noir. Bibliothèque nordique. - ISBN 978-2-86424-723-4 : 19
€.