Nous en reproduisons ici l'intégralité :
Je m'attendais à des difficultés d'approvisionnement à court terme. Force est de constater que la précarité s'installe en termes d'immédiateté. Au marché du lundi, les produits vivriers ont disparu des étales aux premières heures. Un effet de rareté ? Face à l'abondance des récoltes, la mairie avait envisagé l'épuisement des réserves à fin février. Une erreur d'appréciation du volume des arrivants. À voir le flux, une espèce de conglomérat humain, on ne peut plus parler de nombre, mais de volume. Et de la pression, de la menace que cela représente. Les produits de première nécessité manquent déjà. Notamment le sucre. Hier soir une âme généreuse m'a offert une tasse de thé « braque » avec du jus de canne à sucre. On se console du goût âcre en prétextant que le jus de canne est un… fortifiant.
À la précarité s'ajoute l'angoisse. Le pouvoir central est désespérément indifférent à la misère physique et morale de cette population qui, revenue en ses lieux d'ancrage, s'en trouve pourtant déracinée. La terre continue de trembler sous ses pieds et plus que jamais lui donne le sentiment de sa vulnérabilité. De sa fragilité. Perdue, seule, abandonnée. Elle n'a plus de repère sinon les édiles à qui elle demande de faire un miracle : la prendre en charge. Avec quoi ? Le gouvernement n'assiste pas. L'aide internationale, on en parle, mais personne ici ne sait ce que c'est. Une seule question sur toutes les lèvres. Survivra-t-on ?
Jean-Claude Fignolé, maire de la commune des Abricots
le 2 février 2010 »
Sur la commune des Abricots De 32 000 âmes dans les années 80, elle est tombée à moins de 25 000 habitants d’après les dernières données de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI). Le village à lui seul compte 1 108 habitants. Deux autres bourgs Anse-du Clerc et La Seringue comptent respectivement 700 et 200 habitants.