L’un a 20 ans, l’autre dépasse la trentaine. Morgan Parra a pris depuis cette saison, la succession de Pierre Mignoni à la mêlée de Clermont. Deux gabarits différents qui se distinguent par leurs jeux, par leurs âges mais qui possèdent quelques points communs.
« Passer derrière lui, c'était tout sauf évident ». Difficile pour Morgan Parra de succéder à Pierre Mignoni, parti à Toulon. A la mêlée, que ce soit à Clermont ou en équipe de France, Parra est toujours arrivé après son aîné, lui qui baigne dans le rugby depuis tout petit, lui qui dès l’âge de 4 ans, suivait déjà son père sur les pelouses messines. Capitaine de l’équipe de Metz dans les années 80, Antonio Parra a su de suite que son fils allait jouer au rugby. « Je ne l'ai jamais vu sans un ballon entre les mains. Un petit bout d'herbe et il partait s'amuser… Il était clair qu'il ne ferait pas autre chose que rugbyman ». Morgan Parra débute dans sa ville natale, à Metz, jusqu’en minime puis part à Dijon, dans un Pôle France. Il quitte sa région pour apprendre le rugby de haut niveau et jouer en professionnel. A la sortie du Pôle, Morgan signe en faveur de Bourgoin-Jallieu.
Tous les deux buteurs
Pierre Mignoni aurait pu lui être pompier, il a choisi le ballon ovale. Né à Toulon, Mignoni connaît un début de carrière hésitant. Son club formateur, le RC Toulon, tarde à lui donner sa chance. Il jouera ses premiers matches de rugby avec Béziers. Mais Mignoni tergiverse, se cherche une identité et voyage entre les deux clubs français du Sud-est. Paradoxalement, c’est au terme de ces allers-retours à rallonge qu’il se découvre une identité tout court. Banco, Mignoni mise sur son explosivité, son jeu au pied et sa capacité à mener les avants. Transféré à Clermont en 2003, le natif de Toulon retrouve un niveau international.
Attachés à leurs différents clubs, les deux demis de mêlée mettent du temps à quitter respectivement Bourgoin et Clermont. 3 ans pour Parra, 6 pour Mignoni. Deux équipes qui permettent à ces numéros 9 de connaître la joie pour l’un et la reconnaissance de l’équipe de France pour l’autre. Morgan Parra honore sa première cape internationale le 3 février 2008 contre l’Ecosse. L’ancien de Metz, qui explose à l’époque avec Bourgoin, est alors âgé de 19 ans. Jeune et pimpant, il éprouve des débuts contrastés mais garde la confiance du sélectionneur actuel Marc Lièvremont qui l’a toujours appelé en Bleu. Titulaire sous l’ère Laporte, Mignoni connait sa première sélection le 22 octobre 1997 contre l’équipe de Roumanie, tout aussi jeune, à l’âge de 20 ans. Mais Mignoni stagne pendant quelques années. C’est en Auvergne qu’il retrouve son niveau de jeu et devient titulaire en équipe de France. Avec à la clé, un Grand Chelem remporté en 2002 et un tournoi des VI Nations en 2007. Pas suffisant pour être rappelé sous l’ère Lièvremont.
Parra doit s’affranchir de Mignoni
Pierre Mignoni en a surement terminé avec l’Equipe de France. Son objectif ? Devenir enfin champion de France avec Toulon après avoir perdu 3 finales avec Clermont. Il suivra avec attention le futur de Morgan Parra: « C’est un grand joueur, Clermont a fait le bon choix. L’avenir du poste lui appartient ». Pour réussir et devenir indiscutable à son poste, Morgan Parra devra s’affranchir de Pierre Mignoni. « Je n'ai pas la même taille que lui, je ne suis pas vite sur les ballons comme lui. On n'a pas le même jeu, je ne suis pas le clone de Pierre Mignoni ».