Pilotes

Publié le 02 février 2010 par Flow


Pilotes en séries.


    


J'inaugure cette nouvelle rubrique consacrée aux pilotes de séries avec ceux totalement différents de Life Unexpected et de Human Target.


Life Unexpected.


Cette nouvelle série est signée CW. La petite chaîne US qui se concentre sur un public adolescent amateur de filles en petites tenues, de fastes, d'histoires à l'eau de rose et de fantastique. On peut dire que ce nouveau show ne colle pas vraiment à l'esprit...

Il raconte l'histoire de Lux qui, abandonnée à la naissance, retrouve ses parents biologiques afin d'obtenir son émancipation...qu'elle n'aura pas. Forcée de vivre avec eux, la série évoque la reconstitution de cette famille atypique.

Le pilot ultra rapide met en place la situation. Des retrouvailles express entre une adolescente plus mature que ses parents. Le trio d'acteurs fonctionne bien grâce à une alchimie évidente. La série s'annonce être une chronique légère fort appréciable. On voit en filigrane les thèmes de l'abandon et de la grossesse adolescente (Juno). Ce premier épisode oscille entre légèreté et drame, ce qui lui confère un charme à l'ancienne. J'entends par là du temps de la WB (Gilmore Girls, Everwood).

Je me suis laissé séduire et j'espère que la suite sera à la hauteur. Pas de larmes faciles, de l'humour et des questionnements bien dosés. En gros, un petit show sans prise de tête pour les journées mornes, on ne demande pas mieux.


Human Target.


L'histoire d'un homme qui sert de cible humaine afin de protéger de riches clients menacés...de mort imminente. Nouvelle série « action » de la Fox, lancée derrière 24, elle n'est que prétexte à une montée d'adrénaline.

On a donc l'antipathique Mark Valley qui sert de punching-ball ball à des méchants très méchants. Résultat: gunfights, bastons, trains qui déraillent...pas.

Mais ce qui déraille, c'est ce pilote. Inintéressant voir ennuyant, il présente le héros (et ses deux sidekicks) de ce qui s'annonce être un procédural guère trépidant.

Je ne parlerai pas du scénario de l'affaire du jour, facilement oubliable. Au final, ce pilot annonce une série d'action qui ne fait pas de mal et qui peut divertir si vous ne recherchez que de la détente pure. Très peu pour moi.

Past Life.

Je commence par le plus mauvais. Ce pilote ronronnant raconte comment une docteur en vie antérieure (!) et un détective résolvent de vieilles affaires de meurtres. Série mort née de la Fox. Elle, est un brin excentrique, lui a connu le chagrin suite à la mort de sa femme. Elle croit en ce qu'elle fait, lui a des doutes. Les personnages sont des stéréotypes sans saveur et sans charisme...

Quelque part entre le pire de Cold Case et l'épisode type de Ghost Whisperer, cette série prouve que le procédural est un genre trop représenté. On frôle ici l'indigestion. Le pilote ne s'embarrasse même pas de poser un contexte fantastique, il ancre son propos dans la réalité! Comme si c'était normal que des experts en vie passée enquêtent sur des meurtres.

L'histoire du jour poussive dans son évolution (on trouve les filles disparues vraiment facilement) est de facture plus que classique.

Au final, ce pilote est ennuyant et antipathique. Le risque de se pencher sur le passé, c'est d'en rester prisonnier. Du coup, l'aventure sera sans lendemain.

Parenthood.

Cette nouvelle série signée NBC n'a certainement rien d'original je le conçois aisément. En effet, quel sujet mieux que celui de la famille peut se targuer d'être universel et inépuisable? Le genre très représenté à la télévision pourrait être moribond. Pourtant, il n'en est rien et ce pilote le prouve avec force et panache.

En cinquante petites minutes, il est difficile de s'attacher réellement à des personnages, d'autant que la brochette est impressionnante: les deux grands parents (une mamie qui fait figuration et un papi sacrément borderline), les quatre enfants (L'ainé mère célibataire fauchée de deux ados, trop rare Lauren Graham, le fils censé et posé à qui tout le monde demande conseil, Peter Krause, la fille carriériste et le petit dernier qui a du mal à s'engager) et rajouter y les conjoints, les petits enfants et vous passer le temps de l'épisode à reconstituer l'arbre généalogique. Arguons que petit à petit les scénaristes se concentreront sur tout le monde.

Pourtant ce pilote n'est pas qu'une mise en bouche et nous livre l'esprit de la série. La série parlera de la famille mais surtout de la parentalité (comme le non l'indique). Là ou d'autres séries préfèrent le drame (Everwood, Brothers and sisters, Six Feet Under), celle ci privilégie l'humour (Gilmore Girls, Modern Family sans être aussi porté sur la chose que cette dernière).

Ainsi, ce pilote pose de nombreux jalons: comment être parent célibataire? Comment gérer la différence de son enfant? Comment devenir parent alors qu'on est pas assez mature? Comment gérer sa carrière et ses enfants? Il ne reste plus qu'à développer. Et ce qui est bien avec le fait d'être parent c'est que lorsqu'on l'est, on doit bien faire avec. C’est pour le meilleur (matches de base-ball, spectacles...) mais aussi pour le pire (gérer l’absence d’un père, gérer la maladie...)

Je l'attendais et je n'ai pas été déçu... Il reste à concrétiser cet essai réussi.

Justified.

Voici venir le nouveau polar de FX, la chaîne de The Shield, Damages et autres Sons of anarchy. La chaîne câblée est passée maître dans le polar brut et sans concessions. En tout cas, cette histoire de cow-boy des temps modernes ne plaira pas à tout le monde.

Mais pour peu que l’on se laisse séduire par le jeu nonchalant de Timothy Olymphant, en homme blasé et mélancolique qui justifie comme il peut les explosions de rage qui l’animent on se retrouve face à une Amérique que l’on connaît peu.

La réussite du pilote tient du lieu choisi pour le déroulement de l’action. On passe de Miami façon Dexter (scène introductive réussie avec le méchant de The Mask) à l’Amérique profonde du Kentucky. Lieu désenchanté, ou la grisaille le dispute à la misère. Néo-nazis fervents catholiques, femmes battues, non droit et justice sauvage. Si on ne voyait pas des traces de modernité, on pourrait se croire au Far West. En western moderne, le héros a tout l’attirail du parfait cow-boy. Démarche, sens moral discutable, chapeau et duel au pistolet. Seul le bon vieux canasson a laissé sa place à la grosse berline pour le moyen de transport (les musiques accompagnant les déplacements rappelle les errances dans le désert).

En l’état actuel, la série est un exercice de style réussi. Reste à savoir ce qu’elle a à offrir ensuite. Reste que le personnage principal est profondément humain (et donc attachant), empli de cette rage que l’on ne peut contenir (la faute au père?) malgré tous les efforts du monde. J’attends son prochain duel de pied ferme.

The Pacific.

Dire que la nouvelle mini-série de HBO était attendue est un doux euphémisme. Produite par Spielberg et Hanks, avec un budget faramineux de 200 millions de dollars, le projet, fils spirituel de Band of Brothers affiche d’entrée son ambition: raconter dans son ensemble la guerre du pacifique. Pan entier pratiquement absent du cinéma et des livres d’Histoire au profit du front européen, cette partie de la guerre a été pourtant extrêmement meurtrière (à peu près trente trois millions de morts).

Son ambition, louable, est donc avant tout didactique. L’accroche avec images d’archives et témoignages de survivants donne le ton et confère au pilote une certaine crédibilité. Ainsi, on voit la différence de cette guerre. Les Japonais sont invisibles et l’attente interminable pour les marines car ils ne savent pas à quel moment l’horreur va les surprendre.

On donne très peu de place aux personnages pour exister. Une très courte présentation, un discours très bien écrit et hop on les jette dans la jungle. Ce pilote raconte le début de la bataille de Guadalcanal, et plus précisément la bataille de Tenaru, très meurtrière pour les japonais qui sont canardés "comme au tir au pigeon".

C’est à l’issu de cette bataille, le souffle coupé, que l’on constate la désolation. Le plus monstrueux est l’homme écrit le personnage principal dans sa lettre. Ce pilote montre parfaitement le contraste entre paysages de cartes postales et horreurs humaines. L’épisode prend l’allure d’un très beau plaidoyer. Ces ennemis déshumanisés par la hiérarchie (processus nécessaire certes) ce sont également des hommes, ils ont une famille. Les marines peuvent alors saisir l’infinité de la bêtise humaine. Au final, ces japonais auxquels on ne comprend rien (kamikazes, Bushido...) ne diffèrent pas trop de eux même. Un miroir dans lequel ils peuvent contempler leurs propres horreurs...

On peut également saluer la forme. Jamais la frontière entre cinéma et télévision n’a été aussi mince. On ne peut même plus faire la différence. Les effets spéciaux, les scènes de batailles... Tout est digne du "grand" écran. Chapeau.

No Ordinary Family.

Ne vous fiez pas au titre, le pilote est tout à fait ordinaire. Et je vais expliquer pourquoi.

Je vais commencer par les points positifs. Tout d'abord, les acteurs sont bons. C'est un bonheur de retrouver Chiklis dans un rôle aux antipodes de Vic Mackey. Il en est de même pour Julie Benz qui est une excellente actrice. Les acteurs secondaires (Autumn Reeser de Weeds) sont plaisants. Du coup, on a une base solide pour la suite. C'est déjà ça de gagné. Autre point positif, les effets spéciaux sont de très bonne facture, ce qui prouve qu'ABC a misé gros sur cette série.

Les points négatifs à présent, à mon sens bien plus nombreux. L'histoire a un goût de réchauffé. On pense de suite aux Indestructibles de Pixar -une famille se découvre des super pouvoirs- ainsi qu'à la série Heroes -le bad guy du jour qui a également des pouvoirs et confie qu'il y en a d'autres de par le monde- pas vraiment enthousiasmant.

Ensuite, les pouvoirs sont d'une affligeante banalité: super-force, super-vitesse, intelligence, télépathie. Ce sont des aptitudes vues et rabâchées. Alors certes, on peut arguer que c'est exactement les pouvoirs dont les membres de la famille ont besoin, mais cette idée aussi a déjà été utilisée. Un peu plus d'inventivité aurait pu sauver le pilote de la banalité.

La structure même du pilote est bancale. En effet, ils souhaitent, en quarante minutes, mettre à plat un univers qui aurait nécessité un deuxième épisode explicatif, condition sine qua none au développement de personnages. Là, tout est allé trop vite: ils digèrent un crash d'avion comme on digère une sardine avariée (une semaine difficile et ça repart); ils digèrent le fait d'avoir des pouvoirs... non en fait ils ne le digèrent pas, ils les acceptent comme si c'était inné! Ainsi, la série ne paraît pas crédible une seule seconde.

Qu'est ce qu'il reste à évoquer au sujet de ce pilote calibré pour le succès, mais inexorablement vain et creux? Ah oui! Son propos. Là encore, on est dans le domaine du archi-classique. Une famille dysfonctionnelle résout ses problèmes grâce à un événement fondateur qui les réunira à jamais. C'est événement est donc ici l'apparition de pouvoirs. C'est tout de même léger pour développer une série. D'autant que tout ce que le pilote offre comme réflexion sur ce thème se résume à de mièvres clichés sur la famille américaine parfaite, avec scène de match de football familial au ralenti. Dommage.

Alors, tout ce que l'on peut souhaiter à la série, c'est de développer une courbe de qualité inversement proportionnelle à celle de Heroes. Commencer mal et bien finir. Mais pour y parvenir, il faudra plus que des super-pouvoirs.

The Good Wife.

Il y avait un moment que je n'avais pas découvert, pour la première fois, une série à la télévision française. Adepte de la VOSTFR, j'avais oublié le bien procuré par une telle démarche. A mes débuts de sériephile c'était le seul moyen. Je me souviens encore de ma découverte de Buffy contre les vampires, du Caméléon ou (plus honteux) de Charmed

Mais nous ne sommes pas là pour parler de nostalgie ou de mes jeunes années. The Good Wife. J'avais laissé de côté cette série lors de sa diffusion américaine mais sa bonne réputation m'a poussé à regarder M6 il y a presque trois semaines.

Le pilote remplit son office et présente une série qui s'annonce somme toute assez classique. Une avocate a mis en sourdine sa carrière afin de s'occuper de ses enfants pour que son mari, procureur de son état, puisse briller. Seulement, ce dernier est accusé de malversations, de fraudes et échoue en prison alors que son affaire, médiatisée, met à jour ses innombrables infidélités.

La bonne épouse est une femme salie, bafouée, meurtrie mais qui reste forte par caractère et pour ses enfants. Elle reprend donc sa carrière d'avocate...

Portrait de femme, la série joue constamment entre les deux faces de la personnalité du personnage principal. Femme solide au boulot qui mène à bout et avec brio ses affaires et femme qui doute et qui survit en dehors; entre un mari qu'elle ne reconnaît plus, deux adolescents et une belle-mère envahissante.

Cette thématique au caractère ordinaire laisse un arrière-goût de déjà-vu. Mais fort heureusement, l'interprétation est solide, à commencer par Juliana Marguiles (Urgences), excellente. Le reste du casting est au diapason et on ne s'ennuie pas.

Au final, ce pilote est sympathique, malgré son côté classique. Tout dépendra de la variété et de l'originalité des affaires. Au moins, ma télévision devient utile une fois par semaine.

The Killing.

Voilà une série policière qui ne néglige pas le côté humain comme le font tous ces procedurals à la con. Ici, le meurtre et son effet sur les protagonistes sont au centre de l'intrigue.

Adapté d'une série danoise datant de 2007 se prénommant Forbrydelsen, que Arté avait eu la bonne idée de diffuser, ce show est la nouvelle production AMC. La petite chaîne a transposé l'original à Seattle et a changé les noms. Si cette démarche montre la frilosité US, la réussite de ce remake est indéniable. En 90 minutes, l'ambiance et les personnages sont posés. Écrite par Vera Sud (Cold Case), ce pilote est captivant. On suit la découverte de l'assassinat de Rosie Larsen, une lycéenne apparemment sans histoire. On adopte le point de vue des enquêteurs: une nouvelle recrue et une flic en partance pour LA avec son fils adolescent rebelle, celui de la famille de la victime (avec deux scènes magnifiques: la découverte du corps et l'annonce de la mort de Rosie aux petits frères) et celui des politiciens en pleine campagne pour la mairie (le corps a été retrouvé dans une voiture de campagne). On sent que l'enquête aura un effet sur la psychologie de chaque personnage. Et en même temps, telle une toile d'araignée, l'intrigue se développe. Pas facile de trouver le coupable à mon avis.

Les influences sont nombreuses mais on pense à deux majeures: Twin Peaks pour les répercussions du meurtre sur la ville et l'ambiance crépusculaire. Et cette dernière fait penser à Mystic River de Clint Eastwood. La ressemblance est frappante. Un rythme lent, une ambiance pesante et une focale sur les aspects humains de l'enquête. C'est certain, ce rythme sans concessions (pas de technologie comme dans les procedurals, pas d'action) ne plaira pas à tout le monde. Mais qu'importe, ceux qui se laisseront emporter ne le regretterons pas. Pas de doutes là-dessus.