La vaseline

Publié le 04 février 2010 par Jlhuss

“Il arrive un moment où on n’est plus de gauche ni de droite, ni même homme ou femme d’ailleurs, mais on accède au stade d’être humain !”

Oh, là je bloque.
Quand on n’est “ni de droite ni de gauche”, c’est qu’on est de droite. Toujours.
“La gauche et la droite c’est dépassé”, cela signifie qu’on a le libre choix entre droite, droite et droite avec en plus une option “droite”.
En France, DSK, c’est Sarkozy avec un peu de vaseline autour et Bayrou, ce serait Sarkozy en pire (hypertrophie du Moi, goût du pouvoir solitaire, orthodoxie libérale, mais en plus capacité de travail infiniment moindre)

Quant à Royal, ce fut une superbe trouvaille de l’établissement: promouvoir une candidate d’une nullité abyssale en clamant sur tous les médias, avec un matraquage inouï, “qu’elle était la seule à pouvoir battre Sarkozy”, convaincre de ce fait les militants “socialistes” de la désigner et assurer ainsi le succès de la bande du Fouquet’s, c’était superbement joué.
Mea culpa, j’ai participé à cette mascarade sans grande illusion, mais parce que je penchais à juste titre pour le TSS (NDLR : Tout Sauf Sarkozy, avec son reflet Tout Sauf Ségolène !). J’ai simplement oublié la stratégie et privilégié la tactique. On ne m’y reprendra plus.

En Allemagne c’est le SPD qui a fait passer des réformes que la CDU seule n’aurait jamais osé présenter.
Au Chili, c’est une socialiste “raisonnable” qui a fait matraquer et gazer des étudiants manifestant pacifiquement pour être à même de fréquenter l’université: le prix des bus rendait cela impossible pour 80% d’entre eux.
En Espagne, c’est un “socialiste” (adoré de la droite) qui a encouragé la bulle immobilière et financière, et qui la fait payer au peuple.
En Grande Bretagne, un “néo-travailliste” a menti sciemment pour mener une guerre coloniale qui a mis le moyen orient à feu et à sang pour des décennies.

A noter que tous ces “gredins” (NDLR : l’épithète initial de l’auteur a été remplacé mais il pourra le rétablir en Com !) sont balayés par leur peuple, ou en passe de l’être… Preuve que la “démarche” n’enthousiasme guère…

C’est le drame de la politique actuelle (je l’ai écrit ici des dizaines de fois): il n’y a plus de vraie gauche, mais d’un côté une “gôch’” caviar sociétale qui est encore plus libérale que la droite et qui constitue un parfait relais de substitution, lorsque l’excité mal éduqué et maniaco-dépressif qui occupe actuellement l’Elysée sera définitivement infréquentable.

Sur la partie opposée de l’éventail on trouve des révolutionnaires de salon qui évolueront vers le patronat de choc, l’atlantisme pur et dur (j’ai des noms, pour les évolutions passées!) ou bien la vie des sectes “plus révolutionnaire que moi tu meurs”.

Le soi-disant “pluralisme” politique et des médias s’organise entre ces camps : droite de droite et “gôch’” de droite.

Dès que tu t’écartes du néo-libéralisme, du sacro-saint marché omnipotent et de l’européanisme bêlant avec toutes ses compromissions, tu es “ringard”, “pro-dictature”, “xénophobe”, j’en passe et des meilleures. Quelques ricanements gras (”vous voulez nous faire vivre comme en Albanie il y a trente ans?”), et on passe à autre chose.
Ça dispense de réfléchir… et accessoirement ça ouvre un boulevard à tous les extrémismes et au dégoût pour la chose publique.

Il y a déjà eu des périodes de l’histoire de France semblables. Par exemple quand il n’était pas envisageable d’être autre chose que royaliste, d’être catholique (du moins de respecter les formes de cette religion), quand il était évident que “les ouvriers devaient être convaincus que la patience et la résignation étaient la seule solution à leurs tourments” (Casimir Périer, à ceux qui travaillaient 15h par jour, enfants de huit ans compris, et qui ne pouvaient même pas acheter leur pain avec leur paye).

Benjamin

[Il répondait à un commentaire de judem dans la note  “Pour la nation, d’Eric Besson “]