Voilà le titre que l'on retient des récentes annonces du Ministère de l'emploi. Le Président l'avait assuré sur TF1, trois jours plus tard on avait la confirmation : le chômage recule en France. En fait, c'est un petit peu plus compliqué que cela.
Histoire de catégories
En fait ce chiffre de 18000 correspond à une seule catégorie de chômeurs, la catégorie A. Elle regroupe les chômeurs cherchant activement un emploi et n'ayant exercé aucune activité dans le mois précédant. Si on y ajoute les catégories B et C, on se rend compte qu'en fait, le nombre de chômeurs augmentent (de 8600 demandeurs d'emploi) entre novembre et décembre. Les B et C sont les catégories qui regroupent les individus à la recherche d'un emploi, mais qui ont exercé une activité courte dans le mois qui a précédé. En clair, vous acceptez une mission d'une journée, vous changez de catégorie (de la A vers la B). Ou si vous avez une activité à mi-temps qui ne correspond pas à votre qualification, et cherchez un autre job en même temps, vous êtes dans la catégorie C. Vrai ou faux chômeur ? La limite entre les deux est vite franchie, avec pour conséquence la visibilité ou l'invisibilité sociale de plusieurs milliers d'individus.
Mais d'autres chiffres sont plus intéressants que ceux qui nous sont toujours présentés en unes de la presse et en ouverture des JT.
Sur ce graphique on voit très nettement que la durée de chômage a tendance à s'allonger en France. Plus précisément, la nombre de chômeurs de longue durée ne cesse d'augmenter depuis juin 2008. En faisant écho au dernier ouvrage d'Eric Maurin, on voit bien que les victimes de la crise ne sont pas seulement celles que l'on voit à la télévision : les salariés qui se retrouvent au chômage. Il y a également tout ceux qui y étaient déjà, et qui voient le retour à l'emploi s'éloigner encore plus. Or on sait qu'il n'y pas plus vraie que la lapalissade "plus on s'éloigne du marché du travail, moins on s'en rapproche". En clair, le chômage ne s'apparente pas à un phénomène de file d'attente (premier arrivé, premier servi), les politiques publiques favorisent surtout le retour à l'emploi des salariés les plus proches du marché du travail. Et on en a la confirmation avec le graphique suivant : en période de crise, et de forte augmentation du chômage (+18% en 1 an pour les cat. A, B et C), la durée moyenne du chômage diminue.
Ceux qui ont perdu un emploi stable sont aussi les premiers à en retrouver un (tant mieux pour eux), mais ceux qui étaient au chômage depuis longtemps risquent d'y rester encore plus, et de perdre leurs droits.
On oublie souvent que le Pôle Emploi n'est pas uniquement le lieu où l'on recense l'offre de travail des salariés, il est également un lieu censé collecter la demande de travail (= les offres d'emploi). Or si la situation avait tendance à s'améliorer de ce point de vue là depuis le point bas atteint au début de l'année 2009, on assiste à un inversement de la tendance qui pourrait être dramatique s'il se confirmait.
Source des graphiques :
DARES, Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en décembre 2009, Premières Synthèses, Janvier 2010.
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