Ce sont les derniers jours de l'exposition "L'âge d'or hollandais : De Rembrandt à Vermeer" à la Pinacothèque de Paris, le monde se presse, à l'extérieur la file d'attente s'allonge sur le trottoir et, à l'intérieur, il faut savoir prendre son temps avant de découvrir les toiles et les dessins qui sont dans l'ensemble, hormis quelques paysages et des marines, plutôt de petits formats.
Notre balade commence par quelques natures mortes particulièrement remarquables. Ainsi en est-il de "Nature morte avec fleurs dans un verre", attribuée à Jan Davidsz de Heem, vers 1675-1680. Elle montre toute la virtuosité de cet artiste qui fait preuve d'une précision inouïe en allant jusqu'à nous montrer les petits insectes encore présents dans les fleurs qui viennent juste d'être cueillies et mises dans un verre, précision qui ferait d'ailleurs presque penser à des planches de botanistes (exposées à côté), ainsi que le reflet d'une fenêtre dans le verre et d'un raffinement extrême dans la composition avec un très bel équilibre des couleurs. Et, comme toujours, il y a un petit côté "vanités" (épis de blé qui se fanent, présence de papillons marquant le temps éphémère,...), même si celui-ci tend à s'estomper à la fin du XVIIème siècle au profit d'une représentation plus scientifique des beautés de la nature.
La "Nature morte aux fruits, huîtres et compotier de porcelaine" d'Abraham Mignon, vers 1660-1679 est également d'une virtuosité impressionnante. Comme de Heem, ce peintre "affectionne les compositions opulentes et baroques, où une multitude de mets et d'objets s'accumulent dans un équilibre instable. Grâce à la précision illusionniste de son pinceau, il entreprend une description quasi scientifique de ces motifs, en montrant à la fois l'enveloppe et l'intérieur. Ainsi, la grenade est-elle fendue, les huîtres ouvertes et les noix brisées" (1). Puis c'est un paysage qui a retenu toute mon attention, enfin plutôt deux toits rouges enfin éclairés par une trouée de lumière entre les nuages, avec les draps blancs au premier blanc qui renforce cet effet de lumière. Il s'agit d'une toile de Jacob van Ruysdael, "Vue de Haarlem du nord-ouest, avec les champs de blanchiment au premier plan", peinte vers 1670, où le ciel et les nuages occupent la majeure partie de la toile, avec, à l'horizon, la cathédrale Saint-Bavon de Haarlem qui "assure la médiation entre les domaines terrestres et célestes" (1), renvoyant les personnages et même les moulins à une taille microscopique.à suivre ...
(1) Hors série de Connaissance des Arts sur L'âge d'or hollandais, en association avec le Rijksmuseum, Jean-François Lasnier, p.18
(2) un billet de Grillon sur cette exposition