Chez Arthur, l'humour se niche dans les détails liés à l'observation cocasse du quotidien. Les textes ont été musclés par Philippe Mechelen, auteur des "Guignols" de Canal+, et Benjamin Guedj - tous deux sont scénaristes de comédie. Ils ont instillé une bonne dose d'autodérision, à l'exemple de ce dialogue ouvrant le spectacle : "Quand je regarde vos émissions télé, j'apprends plein de choses et je me cultive... Oui, j'éteins la télé et je lis des livres."
Le sillon de sa filiation
Engagé dans la mêlée des comiques depuis 2003, année de son premier one-man-show, Arthur a appris à maîtriser ce métier, qui requiert jeu d'acteur, sens de la repartie face aux réactions du public, et art d'improviser, facultés qu'il ne possédait pas lors de son précédent spectacle.
Comme Gad Elmaleh et comme Boujenah - à voir en mars à l'Olympia -, Arthur, 43 ans, travaille le sillon de sa filiation et les différences générationnelles accentuées par les gadgets technologiques : pots de yaourt reliés par une ficelle contre portable ; jokari versus match de tennis sur Wii, jeu de 1 000 Bornes opposé à une simulation de formule 1 en 3D. Les petits hommes bleus d'Avatar ont remplacé les Schtroumpfs. "Ils écrivent sur leur mur (Facebook) quand nous, nous faisions le mur." Les quadragénaires sont pris en tenaille entre les enfants d'aujourd'hui et leurs parents, encore plus déphasés. Ceux de Jacques Essebag (le vrai état civil d'Arthur), qui a été élevé dans la culture juive séfarade, sont farceurs ou gaffeurs, toujours exubérants.
L'humoriste remonte le cours de sa généalogie familiale jusqu'à son grand-père, excentrique mythomane, marié pendant soixante-cinq ans. Il convoque également le garçonnet de 13 ans qu'il fut dans sa chambre en pyjama Snoopy. Ce faisant, il cherche à se ressembler, rassembler ses deux identités : Jacques, qui voulait être pompier et qui juge, à distance, nul le métier d'animateur télé, et Arthur, homme public.
Le décor est dépouillé. La metteure en scène québécoise a resserré le spectacle. En cinq ans, bon gré mal gré, Arthur s'est imposé dans le paysage comique.
Macha Séry | 03.02.10 | Le Monde