Desiderata , dans le Nouveau dictionnaire latin-français d'Eugène Benoist
et Henri Goëlzer avait en 1934 le choix entre deux identités grammaticales :
-être le féminin ou le neutre pluriel du supin du verbe desidero, donc une forme nominale exprimant soit le passif futur, soit l'intention ; de plus, desidero ne signifie pas de
premier abord je désire, mais je constate le manque de..., puis j'ai à regretter que... ;
-être dans la même déclinaison le participe adjectif de ce verbe, avec une signification proche de attendu, bienvenu.
Desiderata, dans
le Dictionnaire français illustré (et encyclopédie universelle...) de Dupiney de Vorepierre, désignait, en 1854, dans le langage des sciences,
une lacune (dans une série d'observations ou une théorie ).
Desiderata, selon le Chambers's twentieth century dictionary, signifie something desired or
much wanted. A noter une étymologie latine incomplète.
Desiderata, d'après le Petit Larousse Illustré de 1986, veut dire ce qui manque, ce dont on
regrette l'absence, ce que l'on revendique.
Quelle est alors la signification
du choix du titre Desiderata par Max Hermann pour un des textes figurant dans son recueil posthume The
Desiderata of Happyness ? Expression d'un sentiment intime de manque, revendication d'une autre vision du monde , formulation d'un regret devant l'absence cruellement ressentie d'un
monde idéal ?
Remarquer au passage que Desiderata est à la source d'un commerce florissant.
► Les vendeurs d'affichettes calligraphiées se pressent sur les marches du ouaibe : des douzaines à vendre, avec ou sans guirlandes de fleurs, avec ou sans papillons battant des ailes, avec ou
sans effets d'arabesques et de ligatures médiévales,
► Des médailles pieuses (voir l'image...) ont été frappées, récupérant le passage où le nom de Dieu est invoqué : "Therefore be at
peace with God, whatever you conceive Him to be. And whatever your labors and aspirations, in the noisy confusion of life, keep peace with your soul.".
► La guerre des adaptations en d'autres langues fait rage. Les traducteurs d'odes et ballades réclament leur antériorité, y compris sur WikiPédia, avec le même zèle minutieux que les
offices de brevets.
Bref, si Max Hermann avait mis les
petits mots dans les grands pour évoquer une lacune, elle est en voie de comblement.
Le hoax de Baltimore est plus vivant que la plus vivace vérité littéraire.