Elles provoquent l'iridescence de dizaines de lucioles imaginaires dès lors que leurs yeux se croisent, sondant l'immense intensité de leur silence. Ira ? Ira pas ? Ce pas décisif, pas chassé, de côté, ce pas tant de fois songé. Qui se lancera en premier alors que le fond de leurs prunelles brûle d'équivoque ?
Ce soir là, la première, teint de porcelaine et bouche ensorceleuse, s'est lovée dans le fond du canapé. Elle aurait déjà du partir. Mais toujours repousser. Elle se lève, prend ses affaires et s'apprête à quitter la seconde. Tant de fois elles se sont dit bonsoir devant la porte de l'entrée. Tant de fois leurs baisers de joue ont failli glisser.
Elles restent là, à l'intérieur, à s'observer, se mesurer. Ira ? Ira pas ? Reculer l'instant T du “au revoir” familier. Mais ce soir, ce soir là, élan incontrôlé; la seconde enlace la première au moment où leur pommette allaient se rencontrer. S'abandonner contre la porte et l'embrasser.
L'instant n'a duré qu'un quart de seconde et pourtant. Un quart de seconde où tout peut basculer.
La sac qui tombe à terre, bientôt suivi par le reste des affaires. Les mains moites de désir qui se cherchent et se serrent. L'inévitable est arrivé…
La première et la seconde enlacées. Corps à corps enfiévré. La bande son qui explose. L'osmose de la métamorphose. La porte de l'entrée va craquer. Goldfrapp qui murmure son “oh la la” et les bouches brûlantes, desiderata.
Le blouson qui vole, les décolletés qui caracolent. La seconde qui tombe en arrêt, caressant ces seins splendides et raidis, prêts à jaillir. La main sur la nuque, les yeux dans les yeux et si l'on ose il n'y a plus de mode pause. Plonger dans le bustier, s'y fondre en entier. Défaire l'agrafe du soutien gorge et déboutonner le pantalon, prêt à glisser. Y faire filer ses doigts et deviner l'envie. La première qui gémit. Effleurer les dentelles du dessous et les faire transpirer. Les bassins qui n'ont de cesse de se provoquer. Langues qui roulent et celle de la seconde qui descend, descend, descend… S'arrêter sur ces tétons dressés. Lécher, mordiller, humer et continuer le long de la ligne de poitrine, vers la flèche longiligne. Passer le nombril. Frissons et peau sous tension. Egarer ses lèvres sur le bouton. S'immiscer dans ce bosquet, ce delta du bas, territoire de plaisir. La première qui se sent défaillir. Prélude à l'amour.
La seconde qui invite la première à partir pour un voyage intersidéral dans une chambre. Passion buccale. Duel de caresses. Sauvagerie sensuelle. Epidermes mis à nu et iris des pubis enchevêtrés. Couler de concert dans des vagues de lasciveté. Phalanges qui s'engage en territoire inconnu. Le bassin qui va et vient. Murmure de la première. Le moment est venu. Admirer le magnifique fessier suspendu dans l'air. Et l'ère de la chute de rein qui frémit sous les baisers. Le temps qui s'effondre et plonger en eau profonde dans l'origine du monde. Vibrer. Pénétrer. Mouvements lents et impulsion. Tours et détours. Allées et venues dans le fruit défendu. Orgasme sous pression, lame de fond, vagues d'ondulation.
Changer de position.
Les corps qui s'agrippent, chairs collées serrés et imbriquées, les mains qui empoignent les hanches et qui disent “encore, toujours plus fort”. Chuchotement et gémissements qui se déclinent en chanson. La bande son qui redouble. Les bits de l'acoustique orgasmique qui partent en envolée lyrique. Les corps qui perlent et qui s'accrochent d'ivresse. se perdre dans une débauche des sens. Caravelle de délice et boire le calice jusqu'à la lie. Faire l'amour une bonne partie de la nuit et s'endormir fatiguées mais tellement belles, tellement sensuelles. Intense Elles qui font des étincelles.