Je continue la découverte de l'univers de Jirô Tanigushi avec un autre opus: "La montagne magique". Ken-ichi et sa petite soeur Sakiko se séparent quelques temps de leur maman qui doit être hospitalisée en urgence et sont confiés à la garde de leurs grands-parents pendant l'absence de cette dernière. L'inquiétude ronge Ken-ichi, malgré la liberté des vacances d'été: il a peur de perdre sa mère comme il a déjà perdu son père. L'histoire de cette attente particulière est relatée par Ken-ichi, devenu adulte, et mêle à la crainte viscérale de la perte d'un être cher les joies insouciantes de tout jeune garçon aimant jouer dehors avec ses copains. La ville de Ken-ichi (qui s'avère être la ville natale de l'auteur)est dominée, depuis toujours, par une montagne que l'on dit gardée par des sorcières, une montagne que l'on dit aussi magique. Un jour, surpris par une averse d'orage, Ken-ichi s'abrite à l'intérieur du musée où il en profite pour regarder les multiples collections. C'est alors qu'un prodige a lieu: une voix l'appelle et lui demande de l'aide, cette voix émane d'une drôle de bestiole, une salamandre prisonnière d'un aquarium. Ken-ichi est très effrayé, prend ses jambes à son cou et revient chez lui trempé; la nuit, la salamandre lui parle encore en rêve, aussi, le lendemain, décide-t-il de lui rendre à nouveau visite en compagnie, inattendue, de Sakiko. La salamandre leur promet d'exaucer leur voeu le plus cher en échange du retour à la liberté, dans la source d'eau pure dormant au coeur de la montagne. Le frère et la soeur se lancent dans l'aventure et pénètrent au coeur de la montagne magique où ils rencontreront des esprits étranges et le père de la salamandre, protecteur de la montagne et de la ville. Ils rencontreront, également, un homme au visage vaguement familier, un homme qui fit partie de leur vie...leur père. "La montagne magique" reprend les thèmes chers à Jirô Tanigushi: le retour à l'enfance, les légendes, l'amour de la nature et de l'environnement ainsi que la peur, la douleur de perdre un être cher. Certes, le scénario apparaît plus léger que celui de "Quartier lointain", le dessin est plus européanisé (d'ailleurs, en exergue de la BD, Tanigushi explique son intérêt pour la BD européenne), le propos parfois très naïf, mais l'ambiance teintée de douce nostalgie fait que la lecture de l'histoire est agréable....un instant de quiétude, de temps suspendu dans un monde qui va toujours plus vite que la veille! J'ai été sensible à la fratrie unie face à l'hospitalisation de la mère....l'univers de Myasaki était en filigrane, la salamandre remplace le Totoro protecteur de la forêt et ami des enfants, êtres au coeur pur.Cerise sur le gâteau: une interview, "La mangaka au regard d'enfant", de l'auteur menée par Muriel et Stephane Barbery! Adapté par Kaoru Sekizumi, traduit du japonais par Corinne Quentin Les avis de bededazi fanyoun sandrine naina joëlle