tu avances avec ton antique tragédie
au bout des bras
aucun amphithéâtre pour accueillir
tes balbutiements
seulement des avenues sans gradins
mouillées de flaques
que les pneumatiques affolés
font jaillir comme ça
la machine à billets affiche
des demandes de codes
robot qui paye ta peine des jours
où tu as vécu libre
et rivé aux tâches dévorantes
ami qui étais-tu
ce rôle a roulé nu à côté de toi
personne sous le masque
tu vois l’hiver accroché à tes basques
un de plus un de moins
tu vécus pétri de ce rôle là perdu
et tu écris sur le silence
une absence à toi vendue à vil prix
alors que rôdait au ciel
la longue rêverie de tes vrais pas
que tu ramasses ce jour
décris donc sans jamais te retourner
le petit bout d’enfer
qui persiste malgré tout bien blême
au sein de ton penser
tu dois pouvoir éclairer ce mutisme
de vers en vers puisque
tu avances avec ton antique tragédie
au bout des bras