O CADOIRO (extraits)
Il est tôt, je pars marcher.
Afin que tu ne voies mes yeux !
Seules les feuilles verront mes yeux
ces branches où ici je marche.
Une marche n est point encore prière,
ne l atteint pas
Maintenant je pense à ma mère, aveugle.
J ai aussi des yeux de la steppe, azur !
Abur, abur, va bien. Éveille toi, Mère.
(Ne vois pas mes yeux.)
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V.G.
It s early, I ve gone walking.
So you won t see my eyes!
Only the leaves will see my eyes
these branches as I m walking.
Walking is not yet prayer
stops short
am thinking of my mother, blind.
I too have eyes from the steppe, azure!
Abur, abur. Wake up, Mother.
(Don t see my eyes.)
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V.G.
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Qu est ce qu une archive ? (Chagrin) Qu est ce qu un livre ? (Transgression)
Un livre est lieu où le sceau du souffle est brisé, brise. La
structure anatomique d un corps n est pas autorisée à se manifester (mais
le doit)….
O que é espectral no cancioneiro é o sopro. This breath
emerging from the body, a respiración not between but
inside the words. “It speaks, a ghost.”
Eq~talhatarda devient « e quant’ alá tarda »
« e quant’ el tarda »
« e quanta lh atarda »
Visuellement, elle se lança dans l’apopléxia, desléxia, jusqu’à ce que
« faire » et « erre » lui paraissent identiques.
ondoiement s surface)
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Pae Caluo
What is an archive? (Grief) What is a book? (Trespass)
A book s where breath s seal is broken, breaks. The
anatomic structure of a body is not allowed to occur (but
must)….
O que é espectral no cancioneiro é o sopro. Ce souffle qui
sort à même le corps, a respiración non pas entre mais à
l intérieur des mots. « Cela parle, un fantôme. »
Eq~talhatarda becomes « e quant’ alá tarda »
« e quant’ el tarda »
« e quanta lh atarda »
Visually, she sent herself into apopléxia, desléxia, until
“do” and “go” looked identical to her.
(shallow r ripples)
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Pae Caluo
Traduit de l’anglais (canadien) par Jean-René Lassalle.
Extraits de : Erín Moure : O Cadoiro, House of Anansi Press, Toronto, 2007
Dans sa propre poésie Erín Moure inscrit de plus en plus un travail sur les processus de transposition et le texte, dans son livre récent O Cadoiro, devient hybride. Partant d’un voyage au Portugal avec projet de traduction de ses troubadours galiciens, l’ « auteur » semble fondre sa voix (réflexions théoriques sur l’archive) et son expérience (reflet d’une histoire d’amour impossible ?) dans de vieilles « canciones ». Les noms des chanteurs médiévaux au bas des poèmes se brouillent, les sexes s’indéterminent, les niveaux de langue ancien et moderne s’entrelacent, le palimpseste se troue, on ne sait parfois plus qui parle ou « chante » sa mélancolie : sans doute le livre.
Contribution de Jean-René Lassalle